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L'Ethnographie

Aspects de la recherche en ethnoscénologie

Arianna Bérénice De Sanctis et Pierre Philippe-Meden

Juillet 2021

DOI : https://dx.doi.org/10.56698/ethnographie.1026

Texte intégral

1Le 22 octobre 2014 se tenait à la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord (USR 3258 CNRS UP8 USPN), avec le soutien du Campus Condorcet Paris-Aubervilliers, une journée d’étude sur le Parcours des docteurs en ethnoscénologie1. Organisée par le réseau des doctorants en ethnoscénologie, cette journée avait pour objectif d’identifier les caractéristiques propres à un parcours en ethnoscénologie et de permettre aux doctorants d’acquérir les connaissances nécessaires pour se situer dans cette perspective scientifique.

2Six ans plus tard, dans une logique de continuité, une deuxième journée d’étude a été organisée en partenariat avec la Société française d’ethnoscénologie (SOFETH), l’Association pour la recherche des traditions de l’acteur (ARTA) et la MSH-Paris Nord. Sous le titre : « parcours d’enseignement et de recherche en ethnoscénologie : Bilan et perspectives. Fondements épistémologiques et méthodologiques »2, cette journée a eu lieu le 7 décembre 2020 en distanciel.

3La conjonction des recherches entre l’ARTA et la SOFETH, favorisée par la MSH-Paris Nord, est significative. Dans le présent dossier, au fil de son article : « Passeurs d’expérience : au cœur du cheminement d’ARTA, des passerelles de recherche communes entre cultures à l’idée de l’‘acteur traversé’ », Jean-François Dusigne place la pratique et l’expérience sensible au cœur de son travail. Artiste-chercheur, il a créé un laboratoire itinérant en conjuguant son expérience pluri-décennale d’enseignement et de recherche académique et les actions et programmes de formation à l’ARTA, qu’il co-dirige avec Lucia Bensasson, depuis 1999. Derrière, ou aux sources, de toute démarche théorique, il y a un théoricien, c’est-à-dire une biographie, ce qui incite à composer des équipes et des programmes pluridisciplinaires non refermés sur eux-mêmes. La contribution de Jean-François Dusigne permet de ne pas figer dans l’exotisme la question de la « tradition » et montre que l’ethnoscénologie ne se limite pas à « l’étranger » ou aux « formes du passé »3. La leçon qu’il pose met en exergue l’importance pour un « département » académique en arts du spectacle vivant d’être associé à un centre de pratique distinct.

4L’objectif de la journée sur le « parcours d’enseignements et de recherche en ethnoscénologie » était de réunir des ethnoscénologues, doctorants, docteurs, enseignants-chercheurs et praticiens, afin qu’ils se rencontrent autour de leurs expériences, de leurs réflexions et de leurs attentes épistémologiques et méthodologiques. La discussion qui y a été engagée a eu également pour objet la faisabilité d’un programme de formation cohérent répondant aux exigences de cette nouvelle perspective présentant un tronc commun épistémologique qui permettrait de se déployer dans des champs d’études particuliers.

5L’article : « Ethnoscénologie : l’épiphanie du vivant », de Jean-Marie Pradier, ici publié, esquisse justement les contours de la notion de vivant, suivant le bios d’Eugenio Barba, de manière à souligner les fondements bio-cognitifs universels de pratiques spectaculaires, le rôle joué dans l’apprentissage par les techniques du corps, le contexte linguistique et les déterminations sociales. Il s’agit pour lui de contribuer ainsi à la conception d’un programme de formation cohérent qui tienne compte des apports des perspectives pluridisciplinaires nouvelles dans le champ du spectacle vivant de la biologie et de l’anthropologie de l’esthétique voire de la deep ecology. La réflexion de Bernard Andrieu sur « L’émersion créatrice » permet justement d’appréhender l’apport, dans le domaine de la philosophie du corps4, d’une perspective scientifique proche, complémentaire, de l’ethnoscénologie : l’émersiologie5, dont l’enjeu est précisément la pensée du vivant, du corps vécu, du corps vivant, du corps expérimenté6, et des relations qu’il entretient avec le milieu dans lequel il inter-agit. Il compare ainsi les démarches épistémologiques de l’émersiologie et de l’ethnoscénologie, disciplines qui partagent l’intérêt pour les cultures incorporées et les possibilités créatrices du corps.

6Les actes publiés dans ce dossier de L’Ethnographie · Création · Pratiques · Publics témoignent ainsi des questionnements soulevés lors de cette journée d’étude sur le « Parcours d’enseignement et de recherche en ethnoscénologie ». De quelle manière l’ethnoscénologie a-t-elle évolué au cours des vingt-cinq dernières années7 ? Quelles nouvelles perspectives interdisciplinaires de recherche ont été développées ? Que signifie concrètement l’interdisciplinarité qui est recommandée ? Quel bilan doctoral six ans après le parcours des docteurs en ethnoscénologie en France ?

7D’une rapide recherche par mot clé sur le site theses.fr, il ressort avec l’entrée : « ethnoscénologie », 66 thèses soutenues ou en préparation. Nous ne tenons donc ici compte que des thèses conduites en France ou en co-tutelle avec une université française. La première de ces thèses date de 1994. Elle a été rédigée par Alma Caballero. Elle est intitulée : La France dans le théâtre de l’Amérique Latine : trois courants d’influence dans des points clés de la géographie et de la culture de Notre Amérique8. À cette thèse dirigée par Jean-Marie Pradier, à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, en succèdent deux autres. En 1996, elles ont la particularité de faire apparaître l’ethnoscénologie dans le titre, l’une par Insook Jang : Le théâtre coréen contemporain et ses sources : étude ethnoscénologique9, l’autre par Françoise Gründ : Teyyam du Kerala, Tchiloli de Sao Tomé : une approche ethnoscénologique10. La contribution de Françoise Gründ à l’émergence de l’ethnoscénologie dans la recherche doctorale, scientifique et universitaire, serait à contextualiser dans une histoire des sciences, des arts et de la pensée qui remonterait au moins à la création de l’UNESCO (1945), du Théâtre des nations (1954) et de la Maison des cultures du monde (1982), mais ce n’est pas l’enjeu du présent dossier. Françoise Gründ est l’une des co-fondatrices de l’ethnoscénologie avec Jean-Marie Pradier, Chérif Khaznadar, mais aussi les deux sociologues Jean Duvignaud (1921-2007) et Armindo Bião (1950-2013) dont l’influence est toujours prégnante. En témoigne dans ce dossier l’article de Jérôme Dubois : « Sociologie et ethnoscénologie : cheminements épistémologiques en compagnie de Jean Duvignaud et Armindo Bião », où il revient sur son expérience personnelle afin de montrer de quelle manière, il articule, dans ses recherches, la sociologie et l’ethnoscénologie.

8Les deux codirecteurs de ce dossier ont respectivement soutenu leurs thèses de doctorat en 201211 et 201412 ; en quelque sorte, à réfléchir l’histoire récente de l’ethnoscénologie en termes de génération, nous considérerions appartenir à la deuxième génération de docteurs en ethnoscénologie. Aujourd’hui, et appréhendant bien que la fiabilité du site de référencement des thèses puisse être soumis à critique13, six thèses seraient en préparation avec l’adoption du mot-clé : « ethnoscénologie » et préfigureraient la troisième génération de chercheur dans cette perspective scientifique.

9Parmi les ethnoscénologues actuellement doctorants, mais dont les thèses ne sont pas fléchées ethnoscénologie sur le site theses.fr, Paul Forigua décrit dans « Une ethno-scèno-folle en Europe » sa triple vie de danseur, documentaliste et chercheur en sciences sociales et spectacle vivant. En insistant sur sa rencontre avec les travaux menés en ethnoscénologie, en particulier ceux de Jean-Marie Pradier, il évoque sa prise de conscience de certains biais cognitifs inhérents à toute recherche et comment ceux-ci lui ont permis de démarrer une déconstruction visant à la maîtrise de son propre ethnocentrisme dans ses domaines d’intervention. Également doctorante en ethnoscénologie, Jade Cervetti « Pour une épistémologie ethnoscénologique du savoir queer » rejoint Paul Forigua en cadrant ses réflexions autour de la confrontation des savoirs identifiés de la culture populaire et de la culture savante. Étant donné la complexité et l’expansion du domaine des études de genre et, afin d’éviter des inégalités et des conflits et de contribuer à une épistémologie transdisciplinaire du savoir queer, Jade Cervetti revendique l’importance de l’application d’une méthode ethnographique et de l’approche ethnoscénologique dans ses recherches. Paul Forigua et Jade Cervetti contribuent ainsi à saisir comment les recherches en ethnoscénologie sont fertilisées par les études sur le genre14, les minorités ethniques et les peuples originaires15, mais aussi à mesurer combien l’ethnoscénologie fournit des outils pour appréhender et contextualiser des sujets soulevant de vifs débats de sociétés.

10La troisième génération de doctorants en ethnoscénologie s’inscrit ainsi dans le sillage de ceux menés depuis la création de la Société française d’ethnoscénologie, sous l’initiative de Nathalie Gauthard, en 2007, à l’Université de Nice-Sophia-Antipolis. Puis, en 2009, au premier colloque organisé par des doctorants en ethnoscénologie, sur « corps et arts vivants : nouveaux savoirs, nouvelles techniques, nouvelles logiques ? » co-organisé par Laure Garrabé, Juan Paulhiac et Pierre Philippe-Meden. Ce colloque a abouti sur recommandation du Conseil scientifique de la Maison des sciences de l’homme Paris nord (USR3258 CNRS, UP8, USPN) à la création du réseau des doctorants en ethnoscénologie16.

11Si l’ethnoscénologie est redevable aux praticiens pour ses trois notions clés : la spectacularité, ou ce qui se passe dans la tête de celui qui regarde (J. Grotowski), la performativité, ou ce qui relève de l’ordre des conduites et des comportements de la personne qui vit le phénomène (R. Schechner) et le rapport symbiotique, ou ce qui est de l’ordre de la relation (J.-L. Barrault), elle l’est aussi pour le modèle de la recherche scientifique en réseau. Selene D’Agostino nous le rappelle dans sa contribution qui centre sa réflexion sur « Le Magdalena Project : un réseau international de femmes artistes de la scène » et sur ses stratégies d’action, de diffusion et de résistance. Pour ce faire, elle convie les notions de nomadisme et de figuration, ainsi que de communauté de pratique artistique, notamment concernant le Festival Transit (Holstebro, Danemark). La méthode qu’elle emploie et ses recherches s’appuient à la fois sur enquête de terrain et dans les archives OTA (Odin Teatrets Archives). Dans un cadre analogue, l’artiste et chercheuse mexico-colombienne-espagnole Amaranta Osorio, dans sa contribution : « Un autre regard : récit autoethnographique sur la discrimination » raconte son expérience d’artiste d’un côté et l’autre de l’Océan. Elle y analyse quelques-unes des discriminations subies en Europe en tant que performeuse et dramaturge latino-américaine et elle explique comment la lutte pour dépasser les discriminations et maîtriser les biais cognitifs ont été un objectif et une source d’inspiration dans son travail créatif.

12Le Réseau des doctorants en ethnoscénologie s’est développé jusqu’en 2016 par renouvellement annuel à travers l’organisation de journées d’études ou de colloques, parmi lesquels :

  • « Apprentissage et sensorialité I et II » (2011-2012) 17,

  • « Sport, théâtre et arts vivants » (2012) 18,

  • « Pillage et gaspillage » (2012) 19,

  • « État des lieux des différentes problématiques en Ethnoscénologie en France » (2012),

  • « La Performance et les arts : vers une nouvelle interdisciplinarité » (2014) 20,

  • « Parcours des docteurs en ethnoscénologie » (2014) 21,

  • « Érotisme et sexualité dans les arts du spectacle vivant » (2014)22,

  • « L’évolution de la langue et le traitement des “intraduisibles” au sein de la recherche » (2014)23,

  • « Neuroscènes » (2015)24,

  • « Fonds d’ethnoscénologie : archivage et numérisation »25 (2016).

13Les programmes de ces journées d’étude et colloques montrent la diversité des recherches doctorales en ethnoscénologie, la diversité de ses chercheurs et par conséquent la diversité de ses repères épistémologiques et méthodologiques ou pour reprendre le titre d’un ouvrage de Christian Ghasarian, Sur les chemins de l’ethnographie réflexive : diversité des terrains, diversité des pratiques et diversité des enjeux26.

14La contribution de Nathalie Gauthard : « L’ethnoscénologie et le réseau mycélien » définit précisément l’ethnoscénogie comme entrecroisement, enlacement et rhizome puis décrit la discipline à l’image d’un réseau mycélien caractérisé entre autres par la connectivité, l’inclusivité et l’approche post-coloniale. En effet, elle nous rappelle combien la prise de conscience de l’ethnocentrisme27 inhérent à tout regard et la tentative de le maîtriser sont à l’origine de la fondation de l’ethnoscénologie et de sa vision d’un universalisme critique28. Cette discipline s’est nourrie des réflexions des performance29 et cultural studies30, sans les calquer, mais qui ont été fondamentales pour la reconnaissance de pratiques dites « minoritaires », « marginales » ou « populaires » au sein des études en arts du spectacle vivant31 et pour la mise en discussion d’une hiérarchie culturellement définie prônant la supériorité d’un « art savant » sur un « art populaire ».

15L’ethnoscénologie est une science vivante qui, émerveillée par la multiplicité des perspectives scientifiques, construit sur cette base ; en ce sens, elle relèverait d’une certaine anthropophagie scientifique32. De sorte que, l’ethnoscénologie n’étant pas une secte33, il ne saurait y avoir de dictionnaire de l’ethnoscénologie ou de manuel de recherche en ethnoscénologie : objets attractifs, mais qui risqueraient de fixer ou stériliser l’imaginaire et les moyens multiples que les recherches doctorales en ethnoscénologie innovent. L’ethnoscénologie a par exemple été pionnière avec la thèse de Thomas Richards : De l’art comme véhicule (2001)34 ou celle de Rolf Abderhalden Cortés sur Mapamundi : Plurivers poïétique (Mapa Teatro 1984-2014)35 dans ce que beaucoup nomment aujourd’hui la recherche-création en études théâtrales, chorégraphique ou circassienne, mais qui du point de vue historique pourrait davantage évoquer l’écume de la vague de la recherche en art du spectacle vivant plutôt que la vague elle-même. Plus récemment, la chercheuse et danseuse de flamenco Carolane Sanchez, dans : « Construction d’un regard sur l’‘exotisme’ : témoignage d’un parcours doctoral depuis une posture d’artiste-chercheuse et pédagogue », analyse ses différentes expériences de formation et d’enseignement en Espagne, France et Chine. Elle se focalise sur les notions de « corps vécu » et « corps exotique », notions clés du point de vue épistémologique, qu’elle retrouve aussi bien en ethnoscénologie que dans la recherche-création qu’elle contribue à renouveler36.

16La diversité dans la recherche en ethnoscénologie évoquée précédemment n’est pas à confondre avec éclatement ou dispersion. Les ethnoscénologues se reconnaissent à travers certaines caractéristiques : sans être exhaustifs, nous pouvons en évoquer quelques-unes fondamentales. Derrière toute recherche se trouve un chercheur, d’où la nécessité d’une approche réflexive de sa propre itinérance d’ethnoscénologue37. Celui-ci ne perçoit que ce qu’il a appris à percevoir, aussi tend-il à connaître ses propres présupposés culturels afin d’éviter de les projeter sur l’autre (effet Rorschach). Il se garde de théoriser en tenant compte de la leçon de Marcel Mauss dans son chapitre sur les techniques du corps : « en tout cas, il faut procéder du concret à l’abstrait, et non inversement »38 ; mais, à l’inverse de la plupart des études actuelles en sciences humaines et sociales sur le corps, l’ethnoscénologue s’intéresse moins aux techniques du corps39 qu’à la dimension esthétique40 sinon à l’expérience esthétique41 du vivant, dans une approche qui tient compte des fondements socio-psycho-biologiques42 du spectacle vivant. Ce qui participe en outre à distinguer l’ethnoscénologie de la recherche en anthropologie de l’art par exemple et en histoire de l’art43. Pour éviter l’écueil de l’essentialisme, ses travaux relèvent de la méthodologie, en particulier de la description analytique44, de manière à faire émerger les « évidences invisibles » (Carroll, 1991), à partir d’expérience concrète de terrain.

17Ce serait depuis la recherche, dite in situ, que les questions de la nomination et de la compétence linguistique – parlée et écrite – du chercheur, ainsi que celle de la traduction, deviendraient saillantes en ethnoscénologie45. Ainsi dans son article : « Nommer et comprendre les arts acrobatiques chinois : une approche ethnoscénologique », Eléonore Martin montre dans quelle mesure l’étude des arts acrobatiques chinois (wushu, Jingju, zaji) permet de saisir les difficultés que posent les recherches sur des pratiques extra-européennes, notamment en ce qui concerne la traduction en français des termes spécifiques. Afin de limiter l’ethnocentrisme et les effets de projection, elle souligne l’importance de l’observation in situ et de la pratique.

18Du point de vue de l’épistémologie, l’ethnoscénologie s’inscrit dans le sillage de l’ethnomusicologie46 pour émerger dans la nébuleuse d’ethnosciences et de perspectives récentes à l’image de la pensée pragmatiste47, de la philosophie du corps48, de l’anthropologie modale49, de l’histoire connectée50 ou encore de l’émersiologie, de la somaesthétique51 et de l’écosomatique52. L’ethnoscénologie est une science en dialogue avec elles. Particulièrement, avec l’anthropologie de la danse53 ; dans sa contribution intitulée : « Posture(s). De la manière dont les études en danse dialoguent avec l’ethnoscénologie », Federica Fratagnoli explicite les nombreux points de contact entre l’ethnoscénologie et les études en danse du point de vue méthodologique et épistémologique. En particulier, elle souligne, l’intérêt pour la corporeité et la pratique artistique au sein de la recherche. Dans ses travaux, qui portent sur l’analyse du mouvement et les techniques micro-phénoménologiques, ces deux notions restent centrales.

19Au sein de ces perspectives scientifiques, l’ethnoscénologie s’est proposée d’étudier de manière interdisciplinaire l’esthétique des incarnations de l’imaginaire54 : là où l’imaginaire désigne la potentialité cognitive55 qui nourrit l’action dans ses modalités plurielles, où l’incarnation renvoie au corps en action. Rappelons que le néologisme : ethnoscénologie, était apparu pour la première fois publiquement en titre d’un manifeste édité dans la revue Théâtre/Public (1995)56. Les auteurs y déclaraient la nécessité de s’opposer à tout préjugé, censure, stéréotype, ethnocentrisme, réductionnisme dans l’étude de la diversité des productions humaines fondées dans l’imaginaire. Pour ce faire ils proposaient le lexème : « scéno » – l’un des termes grecs qui dans le vocabulaire hippocratique désigne le corps dans son entièreté psychosomatique. Le choix de ce formant neutre : « scéno » permet d’inclure non seulement les pratiques considérées comme artistiques dans certaines cultures, mais également l’ensemble des formes performatives qu’elles soient festives, carnavalesques, circassiennes, sportives, cérémonielles (rituels), théâtrales, parlées, chantées, dansées57. Les travaux menés en ethnoscénologie portaient initialement sur les comportements humains spectaculaires organisés (CHSO). Aussi cette perspective scientifique s’était définie initialement : « science de l’intelligence du corps manifestée dans les pratiques spectaculaires »58 ; puis : « étude interdisciplinaire de l’esthétique des incarnations de l’imaginaire » (2006).

20Enfin, soulignons que le champ polymorphe des incarnations de l’imaginaire, telles qu’elles sont perçues par le spectateur, réalisées par le performeur, résonne avec les théories de la cognition située et incarnée. Il est également important de rappeler les liens que l’ethnoscénologie entretient avec les neurosciences qui ont été essentielles pour mieux comprendre et analyser, non sans malentendus, la relation symbiotique entre performeur et spectateur59, relation sur laquelle l’ethnoscénologie porte une attention privilégiée60.

21La recherche en ethnoscénologie allie la pratique et la théorie, s’appuyant sur une approche pluri et interdisciplinaire qui inclut la recherche sur, avec et par l’art61 et le spectacle vivant, les sciences de la vie, des sociétés et l’expérience des performeurs. Comment les artistes-chercheurs s’approprient cette discipline et s’en inspirent pour leurs créations ? De quelle manière réfléchissent-ils aujourd’hui sur leur savoir expérientiel et le partagent-ils ? Nous espérons que ce dossier apporte quelques éléments de réponses parmi d’autres à ces interrogations.

Notes

1 PHILIPPE-MEDEN Pierre, RICCI Charlotte, FORIGUA CRUZ Paul (org.), Parcours des docteurs en ethnoscénologie. Journée des jeunes chercheurs en arts du spectacle vivant et ethnoscénologie, Société française d’ethnoscénologie, Maison des sciences de l’homme Paris Nord, Saint-Denis, 22 octobre 2014. En ligne, consulté le 3 juillet 2021 : https://calenda.org/299038.

2 DE SANCTIS Arianna Bérénice et PHILIPPE-MEDEN Pierre, Parcours d’enseignement et de recherche en ethnoscénologie. Bilan et perspectives, Société française d’ethnoscénologie, Maison des sciences de l’homme Paris Nord, Saint-Denis, 7 décembre 2021. En ligne, consulté le 3 juillet 2021 : https://calenda.org/821331.

3 Voir aussi : PHILIPPE-MEDEN Pierre, MOUNTASAR Rachid (dir.), Corps, culture et apprentissage, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, coll. « Horizons/Théâtre, n°7 », 2016, 114p. En ligne, consulté le 3 juillet 2021 : https://journals.openedition.org/ht/653.

4 ANDRIEU Bernard (textes réunis par), Philosophie du corps. Expériences, interactions et écologie corporelle, Paris, Vrin, coll. « textes clés de philosophie du corps », 2010, 382p.

5 ANDRIEU Bernard (dir)., Manuel d’émersiologie. Apprends le langage du corps, Milan, Éditions Mimésis, coll. « L’œil et l’esprit », 2020, 424p.

6 ANDRIEU Bernard, Sentir son corps vivant, Paris, Librairie philosophique J. Vrin, coll. « émersiologie », 2016, 260p.

7 À consulter, le programme du colloque Ethnoscénologie : une ethnoscience innovante des pratiques spectaculaires et performatives, Maison des cultures du Monde, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, Labex-Arts-H2H.fr, 25 et 26 novembre 2015. En ligne, consulté le 3 juillet 2021 : http://www.labex-arts-h2h.fr/IMG/pdf/progethno.pdf.

8 CABALLERO Alma, La France dans le théâtre de l’Amérique Latine : trois courants d’influence dans des points clés de la géographie et de la culture de Notre Amérique, Thèse de doctorat en théâtre, sous la direction de PRADIER Jean-Marie, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, 1994. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://www.theses.fr/1994PA080930.

9 JANG Insook, Le théâtre coréen contemporain et ses sources : études ethnoscénologique, Thèse de doctorat en théâtre, sous la direction de Jean-Marie PRADIER, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, 1996. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://www.theses.fr/1996PA081151.

10 GRÜND,François Teyyam du Kerala, Tchiloli de Sao Tomé : une approche ethnoscénologique, Thèse de doctorat en théâtre, sous la direction de PRADIER Jean-Marie, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, 1996. En ligne, consultée le 4 juillet 2021 : https://www.theses.fr/1996PA081233.

11 PHILIPPE-MEDEN Pierre, Georges Hébert et le théâtre : une esthétique de la nature au fil de « L’Éducation physique, la revue sportive, scientifique, pédagogique, d’enseignement et de critique » (1902-1940), Thèse de doctorat en esthétique, science et technologie des arts, sous la direction de PRADIER Jean-Marie, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, 2012. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://www.theses.fr/2012PA083841. Thèse publiée sous version courte dans : PHILIPPE-MEDEN Pierre, Du Sport à la scène. Le naturisme de Georges Hébert (1875-1957), Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, coll. « Corps de l’esprit », 2017, 400p.

12 DE SANCTIS Arianna Bérénice, L’Odin Teatret et l’Amérique latine : l’invention d’un réseau politique, esthétique et de compagnonnage, Thèse de doctorat en ethnoscénologie, sous la direction de PRADIER Jean-Marie et de MASGRAU Lluis, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, 2014. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://www.theses.fr/2014PA084080.

13 Différents résultats font surface suivant que l’on entre le mot-clé « ethnoscénologie » ou « ethnoscénologique ».

14 Voir aussi DOYON Raphaëlle, KATUSZEWSKI Pierre (dir.), Genre et arts vivants, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, coll. « Horizons/Théâtre », n°10-11, 2018, 337p.

15 Par exemple, en ethnoscénologie : DUBOIS Jérôme, GIROUX Dalie, Les arts performatifs et spectaculaires des premières nations de l’est du Canada, Paris, L’Harmattan, coll. « Logiques sociales. Série Études culturelles », 2014, 142p.

16 Voir le groupe Facebook du Réseau des doctorants en ethnoscénologie, créé le 20 mai 2008, administré par PHILIPPE-MEDEN Pierre et PAULHIAC Juan. Au 4 juillet 2021, 428 membres y sont abonnés. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://www.facebook.com/groups/17648061699.

17 PHILIPPE-MEDEN Pierre, VALLET Cécile (org.), Apprentissage et sensorialité. Journées de la recherche doctorale en ethnoscénologie, Saint-Denis, Maison des sciences de l’homme Paris Nord, 17-18 mai 2011. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://calenda.org/200959?lang=es ; PHILIPPE-MEDEN Pierre, PAULHIAC Juan, VALLET Cécile (org.), Apprentissage et sensorialité II, Saint-Denis, Maison des sciences de l’homme Paris Nord, 28-30 juin 2011. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://calenda.org/204603.

18 PHILIPPE-MEDEN Pierre, MARTIN Éléonore (org.), Sport, théâtre et arts vivants, Journée de la recherche doctorale en ethnoscénologie, Saint-Denis, Maison des sciences de l’homme Paris Nord, Université Paris 13, 29 octobre 2012. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://calenda.org/220448?lang=es.

19 PHILIPPE-MEDEN Pierre, RIBAULT Patricia (org), Pillage et gaspillage.Le banquet scientifique, Paris, CentQuatre, 31 octobre 2012. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://calenda.org/220417.

20 PHILIPPE-MEDEN Pierre, DE SANCTIS Arianna Bérénice, LEE Hyun-Joo & al. (org.), La performance et les arts : vers une nouvelle interdisciplinarité, Saint-Denis, Maison des sciences de l’homme Paris Nord, 17 janvier 2014. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://calenda.org/273046.

21 PHILIPPE-MEDEN Pierre, RICCI Charlotte, FORIGUA CRUZ Paul (org.), Parcours des docteurs en ethnoscénologie. Journée des jeunes chercheurs en arts du spectacle et ethnoscénologie, Saint-Denis, Maison des sciences de l’homme Paris Nord, 22 octobre 2014. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://calenda.org/299038.

22 PHILIPPE-MEDEN Pierre, RICCI Charlotte et FORIGUA CRUZ Paul, Érotisme et sexualité dans les arts du spectacle. Colloque du réseau arts du spectacle vivant et ethnoscénologie, Saint-Denis, Maison des sciences de l’homme Paris Nord, 23-24 octobre 2021. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://calenda.org/299939. Actes publiés dans PHILIPPE-MEDEN Pierre (dir.), Érotisme et sexualité dans les arts du spectacle, Lavérune, L’Entretemps, coll. « les anthropopages », 2015, 254p.

23 DE SANCTIS Arianna Bérénice, JEONG AeRan, LEE Hyun-Joo, MARTIN Éléonore (org.), L’évolution de la langue et le traitement des intraduisibles au sein de la recherche, Saint-Denis, Maison des sciences de l’homme Paris Nord, 28 novembre 2014. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://www.fabula.org/actualites/l-evolution-de-la-langue-et-le-traitement-des-intraduisibles-au-sein-de-la-recherche_65347.php. Actes publiés dans : DE SANCTIS Arianna Bérénice, JEONG AeRan & al. (dir.), L’évolution de la langue et le traitement des « intraduisibles » au sein de la recherche, Paris, Des Archives contemporaines, 2016, 156p.

24 PHILIPPE-MEDEN Pierre, ROCHE-FOGLI Vanille (org.), Neuroscènes, Saint-Denis, Maison des sciences de l’homme Paris Nord, 26 octobre 2015. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://calenda.org/341954. Actes publiés dans : PHILIPPE-MEDEN Pierre, ROCHE-FOGLI Vanille (dir.), Spectacle vivant et neurosciences, Montpellier, Deuxième époque, coll. « Linéaris », 2019, 167p.

25 LEE Hyun-Joo, DE SANCTIS Arianna Bérénice, FORIGUA CRUZ Paul (org.), Fonds d’ethnoscénologie : archivage et numérisation, Saint-Denis, Université Paris 8 Saint-Denis, 26 novembre 2016. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : http://www.labex-arts-h2h.fr/fonds-d-ethnoscenologie-archivage.html

26 GHASARIAN Christian (dir.), De l’ethnographie à l’anthropologie réflexive. Nouveaux terrains, nouvelles pratiques, nouveaux enjeux, Paris, Armand Colin, coll. « U », 2002, 248p.

27 LABURTHE-TOLRA Philippe, WARNIER Jean-Pierre, « Crise + contact = ethnologie », Ethnologie. Anthropologie, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige. Manuels », 2003 (1993), p. 15-28

28 KILANI Mondher, Pour un universalisme critique. Essai d’anthropologie du contemporain, Paris, La Découverte, 2014, 348p.

29 SCHECHNER Richard, Performance. Expérimentation et théorie du théâtre aux USA, Paris, Éditions théâtrales, 2008. BIET Christian et ROQUES Sylvie, Performance : le corps exposé, Paris, Seuil, coll. « Communications, n°92 », 2013, 289p.

30 GLEVAREC Hervé, MACE Éric, MAIGRET Éric, Cultural studies. Anthologie, Paris, Armand Colin, coll. « Médiaculture », 2008, 368p.

31 GAUTHARD Nathalie (dir.), Fêtes, mascarades et carnavals. Circulations, transformations et contemporanéité, Lavérune, L’Entretemps, coll. « les anthropopages », 2014, 332p. DUBOUILH Sandrine & KATUSZEWSKI Pierre (dir.), Forme mineures et minoritaires dans les arts du spectacle, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, coll. « Horizons/Théâtre, n°5 » 2015, 142p.

32 DE ANDRADE Oswald, Manifeste anthropophage, BlackJack, 2011 (1928), 24p.

33 Les ethnoscénologues n’ont rien contre les sectes tant qu’elles ne font pas de mal aux gens.

34 RICHARDS Thomas, De l’art comme véhicule, Thèse de doctorat en théâtre, sous la direction de PRADIER Jean-Marie, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, 2001. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : http://www.theses.fr/2001PA081981.

35 ABDERHALDEN CORTES Rolf, Mapamundi : Plurivers poïétique (Mapa Teatro 1984-2014), Thèse de doctorat en théâtre – ethnoscénologie, sous la direction de PRADIER Jean-Marie et de KOKOSOWSKI Michelle, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, 2014. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://www.theses.fr/2014PA080019.

36 À consulter, le programme du séminaire en recherche-création organisé par CHAMBEFORT Françoise et SANCHEZ Carolane sur Dialoguess sur les enjeux de la recherche-création pour les sciences humaines. En ligne, consulté le 3 juillet 2021 : https://actu.univ-fcomte.fr/sites/default/files/recherche-creation_programme.pdf.

37 DEFREYNE Élisabeth, HAGDAD MOFRAD Ghazaleh, MESTURINI Silvia, VUILLEMENOT Anne-Marie (dir.), Intimité et réflexivité. Itinérances d’anthropologues, Louvain-la-Neuve, Academia – L’Harmattan, coll. « Investigations d’Anthropologie Prospective », 2015, 183p.

38 MAUSS Marcel, Sociologie et anthropologie, Paris, Presses universitaires de France, 1968 (1934) ; « les techniques du corps », p. 5. En ligne, consulté le 3 juillet 2021 : http://classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/socio_et_anthropo/6_Techniques_corps/techniques_corps.pdf.

39 BERT Jean-François, « Les Techniques du corps » de Marcel Mauss. Dossier critique, Paris, Publications de la Sorbonne, 2012, 168p.

40 Chapitre 5 du Manuel d’ethnographie. MAUSS Marcel, Manuel d’Ethnographie, Paris, Petite bibliothèque Payot, 1967, 262p. En ligne, consulté le 3 juillet 2021 : http://classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/manuel_ethnographie/manuel_ethnographie.html.

41 SCHAEFFER Jean-Marie, L’Expérience esthétique, Paris, Gallimard, coll. « nrf essais », 2015, 366p.

42 Un premier exemple d’approche socio-psycho-biologique est donné par PRADIER Jean-Marie dans sa thèse pour le doctorat d’État en Lettres et Sciences Humaines, soutenue en 1980, à l’Université de Vincennes : Le Faux, le vrai et le secret : contribution à l’analyse du rapport discours-comportement dans l’apprentissage du théâtre.

43 MAQUET Jacques, L’Anthropologue et l’esthétique. Un anthropologue observe les arts visuels, Paris, Métailié, 1993, 303p. COQUET Michèle, DERLON Brigitte, JEUDY-BALLINI Monique (dir.), Les cultures à l’œuvre. Rencontres en art, Paris, Biro Éditeur, Éditions de la MSH, 2005, 414p.

44 LAPLANTINE François, La Description ethnographique, Nathan, coll. « 128 Sciences sociales », 2002 (1996), 128p.

45 ECO Umberto, Dire presque la même chose. Expériences de traduction, Paris, Grasset, 2006 (2003), 460p.

46 BLACKING John, Le sens musical [How musical is a man ?], Traduit de l’anglais par BLONDEL Éric et Marika, Les Éditions de minuit, coll. « Le Sens commun », Paris, 1980 (1973).

47 SHUSTERMAN Richard, L’Art à l’état vif. La pensée pragmatiste et l’esthétique populaire, Traduit de l’américain par NOILLE Christine, Paris, Éditions de Minuit, coll. « le sens commun », 1992 (1991), 272p.

48 DALISSIER Michel, NAGAI Shin et SUGIMURA Yasuhiko (textes réunis par), Philosophie japonaise. Le néant, le monde et le corps, Paris, Vrin, coll. « textes clés de philosophie japonaise », 2013, 471p. DOGANIS Basile, Pensées du corps. La philosophie à l’épreuve des arts gestuels japonais (danse, théâtre, arts martiaux), Paris, Les Belles Lettres, coll. « Japon », 2012, 231p.

49 LAPLANTINE François, Le social et le sensible. Introduction à une anthropologie modale, Paris, Téraèdre, coll. « L’anthropologie au coin de la rue », 2005, 220p.

50 SUBRAHMANYAM Sanjay, Faut-il universaliser l’histoire ? Entre dérives nationalistes et identitaires, Paris, CNRS, coll. « Histoire », 2020, 144p.

51 SHUSTERMAN Richard, Conscience du corps : pour une soma-esthétique, Paris, Tel-Aviv, Montpellier, Éd. de l’éclat, coll. « Tiré à part », 2007, 295p.

52 BARDET Marie, CLAVEL Joanne, GINOT Isabelle (dir.), Écosomatiques : penser l’écologie depuis le geste, Montpellier, Deuxième époque, coll. « Domaine danse », 2019, 336p.

53 GRAU Andrée et WIERRE-GORE Georgiana (dir.), Anthropologie de la danse. Genèse et construction d’une discipline, Pantin, Centre national de la danse, coll. « recherches », 2005, 318p.

54 PRADIER Jean-Marie (dir.), Ethnoscénologie : les incarnations de l’imaginaire, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, coll. « Horizons/Théâtre, n°4 », 173p. PRADIER Jean-Marie (dir.), La croyance et le corps. Esthétique, corporéité des croyances et identités, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, coll. « Corps de l’esprit », 2015, 294p. PHILIPPE-MEDEN Pierre, HEAS Stéphane (dir.), Corps, nouveaux mouvements religieux et dérives sectaires, Société française d’ethnoscénologie, Maison des sciences de l’homme Paris Nord, coll. « L’Ethnographie · Création · Pratiques · Publics, n°3 », 2020. En ligne, consulté le 4 juillet 2021 : https://revues.mshparisnord.fr/ethnographie/index.php?id=324.

55 GODELIER Maurice, L’imaginé, l’imaginaire & le symbolique, Paris, CNRS, 2015, 280p. DELEAGE Pierre, L’Autre-mental. Figures de l’anthropologue en écrivain de science-fiction, Paris, La Découverte, 2020, 192p.

56 « Ethnoscénologie, manifeste », Théâtre/Public, n°123, 1995, p. 46-48.

57 Dans les actes du premier colloque international d’Ethnoscénologie, sous l’égide de DUVIGNAUD Jean, à la Maison des Cultures du Monde et à l’UNESCO, PRADIER Jean-Marie décompose le néologisme : ethno-scéno-logie. Des trois formants, « le plus charnu sémantiquement » : scéno, fait référence au corps dans le corpus hippocratique ; ethno, « souligne l’extrême diversité des pratiques et leurs valeurs, en dehors de toute référence à un modèle dominant » ; logie, « implique l’idée d’étude, de description, de discours, d’art et de science ». PRADIER Jean-Marie, « Ethnoscénologie : la profondeur des émergences », Internationale de l’Imaginaire, n°5, Maison des Cultures du Monde, Babel, Actes Sud, 1996, p. 14-15.

58 PRADIER Jean-Marie, La Scène et la fabrique des corps. Ethnoscénologie du spectacle vivant en Occident (Ve siècle av. J.-C. – XVIIIe siècle), Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, coll. « Corps de l’esprit », 2000 (1997), p. 52.

59 BERTHOZ Alain, JORLAND Gérard (dir), L’Empathie, Paris, Odile Jacob, 2004, 308p.

60 SOFIA Gabriele, La relazione attore-spettatore : storia, ipotesi e esperimentazioni per lo studio del livello neurobiologico, Thèse de doctorat en études théâtrales / Studi teatrali, sous la direction de FALLETTI Clelia et de PRADIER Jean-Marie, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, Universita di Roma, 2011. FALLETTI Clelia, SOFIA Gabriele, JACONO Victor (ed.), Theatre and cognitive neuroscience, London, New York, Bloomsbury, coll. “Performance and science”, 2016, 288p. ; PHILIPPE-MEDEN. Pierre, ROCHE-FOGLI Vanille (dir.), Spectacle vivant et neurosciences, Op. cit.

61 Pierre-Damien HUYGUES, Contre-temps. De la recherche et de ses enjeux. Arts, architecture, design, Paris, Éditions B42, 2017.

Pour citer cet article

Arianna Bérénice De Sanctis et Pierre Philippe-Meden, « Aspects de la recherche en ethnoscénologie », L'ethnographie, 5-6 | 2021, mis en ligne le 20 juillet 2021, consulté le 29 mars 2024. URL : https://revues.mshparisnord.fr/ethnographie/index.php?id=1026

Arianna Bérénice De Sanctis

Docteure en Esthétique, Sciences et Technologies des Arts à l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, Arianna Berenice De Sanctis enseigne au département de Cinéma et Théâtre de l'Université Paul-Valéry Montpellier 3 depuis 2016.

Membre du laboratoire d'ethnoscénologie (Axe 1 thème 5, MSH Paris Nord) et de l’EA 4209 RIRRA21 (UPV, Montpellier 3), elle a rédigé une thèse sur le réseau politique, esthétique et de compagnonnage établi entre l'Odin Teatret et plusieurs groupes de théâtre en Amérique latine hispanophone entre 1976 et 2010, sous la direction de Jean-Marie Pradier et Lluís Masgrau.

Depuis 2019, elle est chercheuse associée au projet international Être et jouer, le travail de l’acteur aujourd’hui. Systèmes et techniques de création de l’acteur et du performeur sur la scène contemporaine occidentale (Institut de recherche en musique et arts de la scène, La Manufacture de Lausanne, Haute École Spécialisée de Suisse occidentale) et, depuis 2020, elle est rattachée au GETEPE – Grupo de pesquisa em educação, teatro e performance, rede internacional de estudos da presença (Universidade Federal do Rio Grande do Sul, Brésil).

Actrice, metteure en scène et pédagogue dans les compagnies Le Nœud, La Théâtreria (Paris, Saint-Denis, Buenos Aires, 2006-2019) et Fufluns (Montpellier, 2019-aujourd’hui), elle est également vice-secrétaire de la Société française d’ethnoscénologie (SOFETH) et secrétaire de rédaction de la revue L’Ethnographie.

Pierre Philippe-Meden

Maître de conférences en théâtre et spectacle vivant, spécialité : Cirque (histoire et esthétique) à l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, membre de l’unité de recherche « Représenter, inventer la réalité du romantisme à l’aube du XXIe siècle » (RiRRa21 EA4209), Pierre Philippe-Meden est docteur de l’université Paris 8 en esthétique, sciences et technologies des arts, spécialité : théâtre et danse, ancien enseignant-chercheur en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), il a enseigné l’histoire du corps, de l’éducation physique, du sport et de la santé, ainsi que l’anthropologie des pratiques corporelles, à l’université d’Artois, à l’université Lyon 1 Claude-Bernard et à l’École des métiers du sports de Cergy. Ses travaux de recherche portent sur l’histoire du corps de cirque, ses techniques, esthétiques, sensibilités et représentations. Il est porteur de projets de recherche à la Maison des sciences de l’homme Paris Nord (USR3258 CNRS UP8 USPN), membre du collège du Collectif des chercheur·e·s en cirque (CCCirque) et président de la Société française d’ethnoscénologie (https://www.sofeth.com). Publications récentes : « Le geste théâtral en EPS. Histoire, discours, enjeux » [avec P. Liotard], Revue d’histoire du Théâtre, n°287, 2020, p. 121-138 ; « Entrée du cirque dans la formation des enseignants et enseignantes en éducation physique et sportive en France : une approche historique (1983-2019) », dans P. Goudard et D. Barrault (dir.), Médecine du cirque, Montpellier, Sauramps Médical, 2020, p. 389-397.