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L'Ethnographie

Questionner les pratiques genrées dans la breakdance

Adriana Martinez

Juin 2021

DOI : https://dx.doi.org/10.56698/ethnographie.916

Résumés

La Bgirl, Adriana Martinez évoque l’articulation art/sport dans sa pratique de breakeuse, son inscription dans l’espace public, la stigmatisation et la criminalisation du breakdance au Venezuela. Elle aborde la question du genre dans sa pratique et décrit son projet B.Girls : série d’entretiens de danseuses réalisée pendant le confinement. Présente sur les réseaux sociaux, elle interroge aussi la façon dont ceux-ci interfèrent avec la danse et brouillent l’écoute des breakeurs et breakeuses, freinant ainsi leur capacité de jouissance et d’improvisation. Transcription de l’entretien réalisée par Adèle Fernique.

Texte intégral

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BGirl Campanita effectuant une figure de breakdance sur la Promenade des Anglais, Nice. Avril 2021

© William Zantour

1Nil : Bonjour Adriana, comment vas-tu ? Pourrais-tu te présenter ?

2Adriana : Je suis Adriana Martinez. Je suis originaire du Venezuela et j’habite en France depuis deux ans et demi. Je suis une danseuse de breakdance depuis une dizaine d’années et mon blaze, c’est Campanita. J’ai commencé au Venezuela puis j’ai développé ma danse dans plusieurs pays. La danse, c’est toute ma vie.

3Nil : Comment en es-tu venue au break ?

4Adriana : Au lycée, j’avais un ami qui connaissait des gens qui pratiquaient le break dans un espace public. J’y suis passée et en voyant tout le monde danser, j’ai eu envie de faire ça. Petit à petit, je suis rentrée dans la culture du break. Et j’y suis encore. Le break, c’est ma passion de tous les jours.

5Nil : Et peux-tu nous parler des liens qu’entretient le break entre les milieux de l’art et ceux du sport ?

6Adriana : Tout est lié. Le break, c’est principalement un art. Un art dans lequel il y a de la danse, de l’expression corporelle, des identités qui se développent. Mais c’est aussi un sport parce que c’est une discipline assez physique. Avant, on ne voyait pas vraiment le break comme un sport, mais plus comme une danse expressive. Maintenant, les entraînements sont plus techniques parce que la manière de danser a changé. Il y a de plus en plus de compétitions importantes pour lesquelles il faut avoir une technique très précise et qui exige beaucoup de travail de répétition. C’est en ça que le break peut être vu comme un sport.

7Nil : Actuellement, le break entre aux Jeux Olympiques de Paris 2024, que penses-tu des débats engagés dans la communauté à ce sujet ?

8Adriana : Les débats existent parce que beaucoup de gens ne considèrent pas le break comme un sport. Dans le sport, les pratiques sont encadrées. Alors que dans le break, il y a une certaine liberté dans la façon de faire les choses ; il n’y a pas de manuel correct à suivre pour danser. D’un côté, je peux dire que c’est un sport, mais de l’autre, je ne suis pas d’accord parce que je suis avant tout une artiste de danse. Dans le break, on n’est pas seulement dans la compétition ou dans la performance. Derrière, il y a toute une culture, un mouvement, « le hip-hop, c’est un style de vie qu’on choisit, qu’on kiffe » et ça, ça n’a pas grand-chose à voir avec le sport. Aussi, il y a un décalage entre l’ancienne et la nouvelle génération parce que le break a évolué trop rapidement. On parle d’une culture qui n’est pas très ancienne, qui a une soixantaine d’années, et maintenant le break entre aux Jeux Olympiques : c’est une évolution très rapide ! Et les débats vont se développer parce qu’aux Jeux Olympiques, on nous montrera le côté visuel du break, et pas le côté « sentimental, personnel, du vivant et de l’expérience ».

9Nil : Peux-tu nous en dire plus sur ce côté sentimental, vivant, cet aspect de l’expérience ? Qu’est-ce qui te tient à cœur dans la culture break et qu’est-ce que tu crains de perdre dans l’assignation du break en tant que sport ?

10Adriana : Quand j’ai rencontré le break, pour moi ça a vraiment été « un choc d’amour ». Je n’avais pas juste envie d’aller à un battle, mais je voulais voir ce que je pouvais ressentir avec mon corps, comment je pouvais évoluer et réussir. Si je n’avais pas choisi le break, « ma vie aurait peut-être été perdue ». Je viens d’une famille instable, j’avais beaucoup de problèmes personnels à l’époque et le break m’a donné la force de sortir de ces problèmes, d’avoir des rêves, des objectifs, des espoirs, du caractère dans ma personnalité. Le break, ça peut vraiment être « une vocation sentimentale », et pas seulement un moyen de tourner sur la tête ou de faire des figures incroyables. C’est comme si quelqu’un devenait policier juste pour l’uniforme et pas pour défendre sa ville. Je pense que les gens de la nouvelle génération font du break pour se sentir comme des stars, pour se sentir importants, être vus et reconnus aux yeux du monde, et pas vraiment pour le côté sentimental. Ils ne cherchent plus à savoir d’où viennent les fondations de la culture break, pourquoi on la pratique, pourquoi on danse près du sol, pourquoi il y a de grosses basses dans la musique, ils ne sont plus attentifs à l’écoute musicale… Ce sont des choses que la nouvelle génération ne connaît pas parce qu’elle s’est juste intéressée au côté physique, au côté impressionnant, au côté sport. Après, je n’ai pas envie de dire que quelque chose risque de se perdre dans le break parce que, personnellement, je continuerai à pratiquer ma culture hip-hop comme je le fais : « sentimentalement et professionnellement ». Parce qu’aujourd’hui, heureusement, les deux chemins sont possibles. J’espère que l’entrée du break aux Jeux Olympiques ne va pas nous faire perdre cet espoir et cet objectif à atteindre. Ça va dépendre des coachs, des gens qui mettent ça en place, et de nous-mêmes aussi : comment, dans « notre jour à jour », nous montrons notre discipline aux yeux du monde ?

11Nil : L’espace public, ça prend une place importante dans ta pratique du break ?

12Adriana : Quand j’ai commencé, les entraînements avaient toujours lieu dans des espaces publics. Ça a beaucoup de côtés positifs. D’abord, ça donne aux gens l’occasion de s’intéresser à ce qu’on fait et ça nous donne l’occasion de partager notre art, notre passion. Une personne qui passe peut s’approcher et nous poser des questions. Il y a un côté éducatif à répondre et à expliquer aux gens ce qu’on est en train de faire. Et puis, en nous entraînant dehors, on peut attirer plus de monde, surtout les enfants, et leur montrer d’une certaine façon qu’on peut être libre. Aussi, j’aime les espaces publics parce que ça inspire beaucoup ma danse. J’adore m’entraîner dans des espaces ouverts, voir les gens passer, le ciel, le paysage, être à l’air libre…

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BGirl Campanita effectuant une figure de breakdance dans une station de métro parisien. Février 2021

© Axel

13Nil : Tu disais tout à l’heure qu’il fallait danser près du sol avec des grosses basses, avoir une écoute musicale, et qu’il y avait des raisons pour ça. Peux-tu nous parler de la façon dont tu choisis l’espace public ? Qu’est-ce qu’un bon espace public pour le break ?

14Adriana : En Amérique latine, on s’entraîne n’importe où. C’est déjà bien si la police nous laisse nous entraîner dans les espaces publics, mais ça n’arrive pas souvent parce que ces espaces ne sont pas conçus pour faire de l’art ou du sport. Pour moi, la meilleure option pour s’entraîner, c’est un espace public plutôt propre avec un sol lisse sur lequel on peut glisser, aller au sol et pratiquer des mouvements fluides. Mais c’est assez difficile de trouver des endroits comme ça dans certaines villes. À Nice où j’habite en ce moment, c’est très difficile de trouver un endroit où s’entraîner. Je dois toujours ramener mon tapis et ce n’est pas toujours très facile à transporter.

15Nil : Tu disais que l’espace public était inspirant, regarder les passants, le ciel, le paysage… Comment ça t’inspire et comment l’espace public vient-il modifier ta danse ?

16Adriana : Ça m’inspire parce qu’en étant dans un espace public, je peux voir « la consistance des gens qui passent », à travers leur façon d’aller au travail, de penser, de respirer, même de boire de l’eau. Ce n’est peut-être pas directement lié au break, mais ça m’inspire de voir comment chacun choisit sa vie, de sentir le temps qui passe et moi au milieu qui suis en train de m’entraîner… Les relations humaines qui se créent dans l’espace public me font espérer et croire au vivre-ensemble.

17Nil : De quelle façon ton genre se joue dans l’espace public ? Comment es-tu perçue, quelle place ça te fait prendre, quelle place prends-tu ?

18Adriana : La place que je prends, c’est la place que j’ai : je suis danseuse et je m’entraîne. Après, tout dépend de la façon dont les gens me voient, de leur mentalité, et de l’endroit où je suis en train de danser. En Amérique latine, il y a plusieurs personnes qui voient les danseurs (Bboys ou Bgirls) comme des délinquants ou comme des personnes qui ne font rien de leur vie, qui – comme on l’entend souvent – la passe juste à « nettoyer le sol »… En Europe, c’est différent, le break est plus considéré comme un art. Sinon, quand on est une femme, il arrive que des gens viennent nous déranger pendant notre entraînement, pendant nos efforts, dans des moments de pratique physique et mentale où pourtant notre corps est dans un comportement extra-quotidien. Certains danseurs peuvent parfois s’approcher de nous, voire trop près de nous et ça peut être très inconfortable. Mais je vois que ces situations se produisent de moins en moins. Personnellement, j’ai appris à prendre ma place en tant que femme et à m’imposer, à leur expliquer que je suis en train de m’entraîner et que je préfère ne pas être dérangée.

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BGirl Campanita pendant une battle lors de l’événement danse debout “Can you Rock ?!” de Lyon. Octobre 2020

© Tony Noel

19Nil : C’est dans l’espace public que tu as appris le break. Peux-tu nous raconter comment ça se transmet dans la rue et qu’est-ce que ça apporte d’apprendre dans ces conditions-là ?

20Adriana : Quand j’ai commencé le break, j’y ai vu une liberté d’expression. Les gens qui s’entraînaient était très motivés, heureux et avaient un grand espoir de réussite. Ça m’a attirée parce que j’avais besoin de ça à l’époque, de me sentir capable, de me surpasser. J’ai vu des gens tourner sur leur tête, monter sur les bras, aller sur le dos… et je me suis dit que mes petits problèmes n’étaient rien à côté de ça, et que si cette personne était en train de tourner sur la tête, ça voulait dire que tout était possible ! Si ces gens ne s’étaient pas entraînés dans un espace public avec du passage, je n’aurais jamais connu le break. Car si on danse dans un endroit fermé, on ne peut pas transmettre, on ne peut pas faire comprendre aux gens qu’on doit s’entraîner tous les jours constamment pour pouvoir se surpasser. Je pense que l’espace public est une clé pour pouvoir transmettre les côtés positifs de notre art de la danse.

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BGirl Campanita effectuant un freeze coude (figure figée de breakdance) lors de la 14ème édition du Festival de danse Karavel, Lyon. Octobre 2020

© Tony Noel

21Nil : Et peux-tu nous raconter, justement, nous décrire le lieu où tu as appris le break ? À quoi ça ressemblait, comment les choses se discutaient, qui était là, combien y avait-il de personnes, à quelle heure ça se passait, quelle était la musique ? Est-ce que tu peux nous décrire cette ambiance ?

22Adriana : J’ai appris le break au Parque Central qui se trouve au centre de Caracas au Venezuela. On s’entraînait dans un grand parking, dans les couloirs qui mènent aux places de stationnements. Au même étage, il y avait une salle de gym et plus loin, un théâtre. C’était un espace où tous les Bboys et Bgirls de Caracas venaient s’entraîner. On ne dérangeait personne avec la musique et on laissait toujours un petit espace pour que les gens puissent passer. De toute façon, les gens qui passaient par là nous regardaient danser ! On était tellement nombreux, on faisait des battles improvisés, il y avait toujours une bonne ambiance. La musique, c’était James Brown. C’était le breakbeat de l’époque. Je n’ai jamais eu ou vu de problèmes là-bas. Par moments, on changeait d’étage pour pouvoir danser avec moins de personnes, avec un crew plus petit. On pouvait « se poser dans différents endroits et c’était vraiment cool ».

23Nil : Ça laisse des traces sur le corps de travailler dans l’espace public ?

24Adriana : Ça dépend des sols où l’on s’entraîne ! Au Parque Central, le sol était propre mais à Nice, le sol n’est pas du tout adapté au break et aux footworks. J’y ai cassé toutes mes chaussures, j’ai « des trous dans mes mains » et des bleus aux genoux parce que le sol est rustique. Il n’est pas assez lisse pour pouvoir danser avec confiance et ça, ça peut « faire diminuer le level. » C’est impossible de mettre la tête sur ce sol-là !

25Nil : Quelle place la vidéo tient-elle dans le break ?

26Adriana : C’est incroyable de voir comme le break s’est parfaitement intégré à la vidéo et aux réseaux sociaux. Si l’on s’en sert bien, la vidéo peut être un outil très utile et positif. Moi, par exemple, j’ai une mémoire très courte et quand je filme mes entraînements, la vidéo me permet de me souvenir de mes gestes, de les analyser et de m’améliorer. Aussi en ce moment, avec la Covid, il y a beaucoup de compétitions en live, et même des compétitions très importantes comme le Red Bull BC One !

27Nil : Peux-tu nous faire une typologie des vidéos qui existent dans le break ? À quoi servent-elles ? Tu disais à travailler la mémoire, à transmettre des mouvements, est-ce qu’il y a d’autres utilisations de la vidéo ?

28Adriana : La vidéo est surtout utilisée pour se montrer. C’est « une fenêtre de ta danse », tu peux la poster ou passer des auditions avec. Beaucoup d’utilisations sont possibles.

29Nil : Comment les réalises-tu ?

30Adriana : Le plus souvent, je n’y pense pas particulièrement, je pose simplement mon téléphone et je commence à filmer mes entraînements. Mais si je m’en sers par exemple pour une compétition, j’y réfléchis en amont et je demande à une personne de me filmer pour être sûre de ne pas sortir du cadre pendant que je danse.

31Nil : Utilises-tu les réseaux sociaux ? Comment ont-ils transformé les façons de faire ?

32Adriana : Les réseaux sociaux ont vraiment influencé la façon de faire de la vidéo. Maintenant, les gens dansent moins et pensent plus à leur image. Ils pensent que choisir telle ou telle veste, telles ou telles lunettes, telles ou telles chaussures, va suffire pour que la vidéo soit cool. Sur les réseaux sociaux, je pense qu’ils ne font pas des vidéos parce qu’ils ont le feeling de danser, mais parce qu’ils ont l’envie de se montrer. Parce que quand on l’a, ce feeling, souvent, on n’a même pas le temps de poser son téléphone pour se filmer. Maintenant, la vidéo est préméditée, c’est plus de la performance que de la danse.

33Nil : Les réseaux sociaux sont-ils aussi un outil de militance ? Des sujets de débats dans le break passent-ils par les réseaux sociaux ?

34Adriana : Il y a l’exemple de mon projet Entrebgirls qui se sert des réseaux sociaux pour échanger autour de la situation des femmes dans le break, mais il y a d’autres exemples. C’est sur les réseaux qu’existent les débats du break aux Jeux Olympiques. Il y a des gens de l’ancienne génération qui montrent ce qui est en train de se passer, qui posent des questions, qui informent. Les réseaux sociaux créent un lien mondial dans le break : on peut savoir ce qui se passe dans le break au Venezuela, en Colombie, en Europe, en Asie… Qui a gagné dans telle ou telle compétition…

35Nil : Peux-tu nous en dire plus sur Entrebgirls ?

36Adriana : C’est un projet que j’ai créé pendant le confinement de mars 2020. Au début, c’était juste pour discuter avec des Bgirls d’Amérique latine. Parce que dans nos pays, c’est très difficile de pouvoir vivre de notre passion, la danse, et de réussir à nous en sortir. Et à ça s’ajoute le fait que l’on est des femmes dans une discipline très masculine. J’ai moi-même été victime d’abus dans le break et je connais des femmes qui ont voulu faire carrière dans le break et qui, à cause d’abus, à cause de mauvaises rencontres dans le milieu, ont abandonné leurs rêves. J’ai interviewé des Bgirls reconnues en Amérique latine pour que leurs publics nous suivent et nous écoutent parler de ces sujets, pour faire comprendre aux femmes qu’il existe des solutions pour s’en sortir, pour en parler avec d’autres, pour prendre sa place et ne plus avoir peur.

37C’était ça au début. Je ne m’attendais pas aux retombées que ça allait avoir. Aujourd’hui, grâce à Entrebgirls, il y a des groupes de Bgirls dans chaque pays d’Amérique latine pour parler de cette problématique. J’ai eu envie de faire la même chose avec les Bgirls d’Europe. Les Bgirls d’ici sont très connues dans le monde. En Amérique latine, elles sont comme des modèles pour nous, mais on ne les voit qu’à travers leurs vidéos youtube, qu’à travers leur « performance éphémère », on ne voit pas le combat qu’elles mènent derrière. Et je me suis rendue compte dans mes interviews qu’il s’agit du même combat que nous. Même s’il y a beaucoup plus d’opportunités pour les femmes d’Europe dans le break parce que les grandes compétitions ont lieu ici, la place des femmes n’est pas complètement prise en compte, on nous dévalorise parfois. Par exemple, en Europe, il y a des compétitions où le DJ le plus connu joue pour les Bboys, et pas pour les Bgirls. Elles doivent se contenter d’un DJ qui n’est pas professionnel. Comme j’ai beaucoup voyagé, j’ai rencontré et interviewé des Bgirls très reconnues et ça a « explosé le projet ». D’autres Bgirls d’ici ont été attirées et ont voulu entrer dans le groupe.

38Ensuite, j’ai fini la dernière étape du projet en faisant des entretiens avec des professionnels : des gynécologues, des psychologues, des nutritionnistes, des éducateurs sociaux… pour développer nos discussions et expliquer nos doutes.

39Aujourd’hui, je rêve de continuer à faire vivre mon projet, qu’il puisse aller plus loin, qu’il permette des rencontres physiques entre femmes, dans le break, mais pas que. On est nombreuses à être passées par cette problématique et je crois que c’est un projet qui peut dépasser le monde du break.

40Nil : Peux-tu nous parler de Ilegal Crew ?

41Adriana : C’est un crew de filles qui s’est créé suite à un voyage entre Bgirls en 2019. On était sept ou huit et on a voyagé ensemble en Europe, de compétition en compétition. Dans Ilegal Crew, on est quatre Bgirls originaires d’Amérique latine. Il y a Anita d’Argentine, Samanthis et Petiza du Chili et moi du Venezuela. On habite toutes dans des endroits différents mais on a créé ce crew parce ce voyage nous a fait comprendre qu’on avait la même vision de la culture du hip-hop et la même envie de vivre cette culture. Maintenant, nous voulons continuer de voyager ensemble pour partager notre vision des choses.

Pour citer cet article

Adriana Martinez, « Questionner les pratiques genrées dans la breakdance », L'ethnographie, 5-6 | 2021, mis en ligne le 01 juin 2021, consulté le 20 avril 2024. URL : https://revues.mshparisnord.fr/ethnographie/index.php?id=916

Adriana Martinez

Adriana Martinez aka Bgirl Campanita est originaire du Venezuela et habite en France depuis 2 ans. Elle pratique le break depuis sa rencontre avec la culture hip-hop, il y a dix ans. Tout au long de sa carrière de danseuse professionnelle, elle a visité plus de 15 pays, participé à de nombreuses compétitions et obtenu la 1ère place dans plus de 8 événements. Début 2020, elle crée le projet ENTREBGIRLS, un cycle de rencontres et de discussions en ligne consacrées aux problématiques rencontrées par les femmes à l'intérieur et à l'extérieur du breaking. Plus qu’un partage d’expériences sur la condition féminine, ces formats ont pour but d’apporter des connaissances en développement personnel. Elle appartient actuellement au collectif ILEGAL CREW, composé de Bgirls latino-américaines.