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L'Ethnographie

L’apprentissage social du sensible

The social learning of the sensory

David Dupuis et Caroline Nizard

Juin 2022

DOI : https://dx.doi.org/10.56698/ethnographie.1128

Texte intégral

1Ce dossier de la revue L’Ethnographie, Création·Pratiques·Publics se propose de faire l’état des lieux des avancées récentes des sciences humaines dans l’approche des techniques corporelles et des savoir-faire sensibles. Les articles qui composent ce numéro illustrent la richesse de cette question, ainsi que la diversité des terrains à même de nourrir la réflexion sur cette thématique, qui s’est considérablement enrichie ces dernières années.

2Les sept contributions de ce numéro abordent les mécanismes sous-jacents à l’apprentissage de sensibilités, d’affects, de gestes, d’émotions communes à un groupe social, un corps de métier ou une pratique de loisir. Les auteurs interrogent les modalités de transmission et d’apprentissage des expériences corporelles, leurs interprétations et traductions, leur place dans les dynamiques de socialisation, les vecteurs par le biais desquels elles sont culturellement construites ainsi que les problèmes de méthode et de restitution des données liées à ces thématiques de recherche. Ces réflexions se rencontrent autour de l’étude des « techniques du corps », de leur transmission et de leur apprentissage.

Genèse et renouvellement contemporain du champ des études sociales du sensible

3Dans son article fondateur de 1934, Marcel Mauss1 met en évidence le caractère éminemment culturel de comportements considérés jusque-là comme les plus « naturels », tels que la marche. Cette proposition, qui a d’abord fécondé l’anthropologie des techniques2, a depuis trouvé écho dans de multiples champs des sciences sociales et terrains d’enquête, qui illustrent la vitalité contemporaine de la notion de « sensible3».

4En France, les chercheurs en sciences sociales ont longtemps abordé le corps comme un support de représentation d’éléments symboliques et culturels4. Claude Lévi-Strauss5 a par exemple proposé de penser les pratiques de tatouage à l’aune des dynamiques de socialisation. Dans le monde anglo-saxon, à partir des années 1980, les recherches se sont davantage concentrées sur la dimension sensible du corps. Dans sa célèbre étude des consommateurs de cannabis, Howard Becker6 montre ainsi que les perceptions dépendent du collectif, de l’influence des « experts » et s’appuient sur un processus de socialisation qui gouverne l’appréhension sensorielle. La formulation du concept d’embodiment7 ainsi que les travaux portant sur l’écologie de la perception8 ont apporté des avancées significatives sur ces questions, en plaçant au centre de l’analyse l’inscription corporelle de la relation entre le sujet et son environnement social. Ces travaux ont contribué de manière notable au dépassement des cloisonnements entre nature et culture9, biologique et social10, individuel et collectif, intériorité et extériorité, pour montrer que les expériences du corps expriment les relations entre l’homme et le monde et sont constitutives de la construction identitaire.

5À partir des années 2000, les travaux relevant de cette « anthropologie du corps sensible » se sont multipliés, s’illustrant notamment dans l’étude des pratiques techniques, thérapeutiques, religieuses, sportives, professionnelles ou de loisir. Les travaux portant sur la danse11, les arts martiaux12 ou la transmission religieuse13 ont tout particulièrement mis en exergue la socialisation des corps, l’« enculturation de la perception14 » ainsi que la place centrale jouée par l’éducation de l’attention dans ces dynamiques. Au cours des processus d’apprentissage de ces « techniques du corps », l’enseignant transmet en effet non seulement une technique formelle, mais également un ensemble de critères normatifs qui président à l’interprétation des perceptions et des signes somatiques15. Comme l’illustre le succès croissant des pratiques dites de « nature » (sylvothérapie), ou de retraites – « spirituelles », méditatives, etc. – certaines configurations spatiales, matérielles ou temporalités singulières semblent favoriser ces apprentissages16.

6Ces travaux ont en outre mis en évidence les difficultés méthodologiques propres à cet objet d’études17 : d’une part, celle d’accéder aux sensations éprouvées par les enquêtés, et d’autre part, celle de les traduire avec fidélité. Laplantine souligne à cet égard que les énoncés ne sauraient rendre compte de « l’épaisseur de nos comportements18 ». C’est semble-t-il cette difficulté qui a conduit certains chercheurs à emprunter des éléments méthodologiques à des disciplines connexes – psychologie, sciences du sport, sciences cognitives –, faisant ainsi de l’étude du sensible un creuset de dialogue interdisciplinaire19. Des problématiques méthodologiques spécifiques se posent en effet à l’étude de l’apprentissage du sensible. Celle, centrale, de l’affectivité propre au chercheur engagé sur le mode de l’observation participante20 a récemment inspiré des propositions méthodologiques fécondes, empruntant à l’autoethnographie21.

Présentation des contributions

7La contribution de Géraldine Moreau décrit la manière dont l’apprentissage des métiers de l’artisanat façonne le corps, et nous invite à aborder ce dernier comme le principal outil de l’artisan. L’auteure propose d’adjoindre aux méthodes classiques de l’enquête ethnographique des entretiens d’autoconfrontation, une méthode proche de l’entretien d’explicitation – dit « microphénoménologique » –, développé par Pierre Vermersch22 et Claire Petitmengin23. L’apprentissage des métiers de l’artisanat apparaît au prisme de cette méthodologie originale comme conditionné par une transformation visible des corps et des représentations du corps de l’artisan. Aux gestes techniques s’adjoignent en effet des recommandations visant à composer une hygiène de vie favorable à la poursuite de la vocation d’artisan. En inscrivant ces apprentissages dans son expérience corporelle, l’apprenti ne doit pas simplement acquérir un savoir-faire sur l’objet, mais ressentir dans sa chair les valeurs propres aux métiers de l’artisanat. La douleur et la pénibilité des gestes répétitifs deviennent alors les signes de l’acquisition à la fois d’une technique et d’un statut social.

8Paul Codjia propose quant à lui d’explorer le façonnement social de la souffrance à partir de l’analyse d’une compétition rituelle Wampis (Amazonie péruvienne) impliquant l’usage d’un breuvage hallucinogène. L’auteur analyse les effets de l’action rituelle et des interactions discursives sur la dimension émotionnelle de l’expérience psychotrope. La préparation du corps par la baignade et le jeûne vise ici à reproduire des dispositions physiologiques qui reflètent les représentations sociales et culturelles de la souffrance et de la peur. Lors de l’ingestion du breuvage, les Wampis sont ainsi invités à ressentir des affects déterminés, qu’ils doivent endurer afin de prouver la constitution d’un « ethos de l’homme puissant ». Comme dans le cas des formations d’internes en médecine décrit par Julien Bernard, des procédures sociales visant à préparer l’impétrant par le biais de simulations permettent ici d’apprendre à « domestiquer » certaines sensations corporelles. Ces deux contributions illustrent de manière singulière la dynamique de va-et-vient entre l’expérience subjective et son traitement social. Elles éclairent l’influence de cette dynamique sur la construction des affects et la codification de leurs modes d’expression.

9Julien Bernard se penche ainsi sur les stages de simulation d’urgences proposés au cours de la formation d’internes en médecine. En s’appuyant sur l’exemple d’une urgence pédiatrique, il analyse un dispositif qui vise à reproduire au plus près les situations réelles, en vue de provoquer une réaction de « stress » chez les apprentis. Cette simulation doit conduire l’impétrant à prendre conscience de ses émotions et de ses réactions, afin de mieux les contrôler et d’acquérir les réflexes adéquats en situation réelle. L’article souligne le rôle prépondérant de l’enseignant, qui, en nommant et en orientant les réactions sensorielles et émotionnelles de l’apprenti, conduit ce dernier à incorporer le code de conduite et le savoir-faire constitutif de la profession.

10Cette dynamique est également développée par la proposition de Pia Torregrossa, qui souligne, à partir d’une ethnographie des ventes aux enchères d’objets d’art, l’importance de la matérialité dans l’apprentissage d’une pratique professionnelle. L’analyse des relations sensorielles et affectives entre le corps de l’expert et l’objet de collection souligne ici la place de la culture matérielle dans les techniques du corps.

11L’article de Caroline Nizard propose quant à lui d’aborder les modes d’apprentissage d’une technique de respiration yogique – prāṇāyāma – et interroge ses implications dans le processus de subjectivation qui conduit les personnes à se définir comme des pratiquants de yoga. L’auteure montre ainsi que les pratiquants se soumettent à un apprentissage technique qui transforme leur manière d’interpréter leurs sensations. Par la transformation de l’attention corporelle, les pratiquants acquièrent une conception nouvelle de leur corps, qui les conduit à percevoir le souffle comme une « énergie », ou une « force vitale », notions qui s’appuient sur un imaginaire symbolique propre à cette pratique.

12La solidarité entre les dynamiques de transformation identitaire et l’apprentissage du sensible est également abordée par la proposition de Débora Krischke-Leitão, qui nous invite à une immersion dans un jeu vidéo – Second Life – au sein duquel les participants s’adonnent – par le biais de leurs « avatars » – à des pratiques sadomasochistes. L’article analyse le processus d’élaboration de l’identification à l’avatar, soulignant le rôle moteur joué par la matérialité, la plateforme de jeu, la résonnance émotionnelle et sensorielle du joueur avec l’avatar, ainsi que les relations interpersonnelles entre les joueurs. En mobilisant à nouveau frais le concept d’affordance24, elle montre ainsi que si l’avatar n’apparaît initialement pas comme un prolongement de soi, une identification émotionnelle et sensorielle entre le joueur et son avatar se tisse progressivement, par le biais d’une appropriation technique. L’analyse de l’auteure montre que l’appropriation de la plateforme de jeux vidéo conditionne l’élaboration d’une identité virtuelle et souligne ainsi la pertinence d’interroger la matérialité des apprentissages du sensible.

13Le numéro se clôt sur la discussion critique d’un article de David Howes par Arnaud Halloy. Cet article aborde les débats contemporains portant sur la perméabilité de la perception aux apprentissages culturels, qui ont vu s’opposer dans les dernières décennies les tenants d’approches neuropsychologiques et culturalistes. Le cas des expériences de synesthésie suscitées par les hallucinogènes et illustrées par les mythes cosmogoniques des Desana permettent ici d’évaluer les limites de la pertinence du clivage entre ces deux approches, et montrent que les normes sociales sont également des « normes sensorielles ». Cette contribution souligne ainsi que l’étude de l’apprentissage social du sensible constitue une invitation au décloisonnement disciplinaire.

14Au-delà de la diversité des cadres analytiques et des objets d’étude mobilisés par les auteurs, les contributions de ce numéro ont donc en commun de mettre au jour les dispositifs matériels et techniques qui président à l’apprentissage social du sensible, ainsi que la solidarité des processus de socialisation de la perception et des dynamiques de subjectivation. Les techniques du corps apparaissent en ce sens comme des « techniques du Soi » (Dupuis, Nizard25), des dispositifs conduisant ceux qui s’y prêtent à voir leur identité recomposée et les frontières de leur subjectivité redessinées.

Notes

1 MAUSS Marcel, « Les techniques du corps », Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, Quadridge, 1950 [1934], p.365-386.

2 Leroi-Gourhan André, L’Homme et la Matière : Évolution et Techniques, Paris, Albin Michel, 1943. Leroi-Gourhan André, Milieu et Techniques, Paris, Albin Michel, 1945.

3 Sorignet Pierre-Emmanuel, Danser. Enquête dans les coulisses d'une vocation, Paris, Éditions La Découverte, 2010. Gélard Marie-Luce, « Des corps qui parlent » in Journal des anthropologues, 112-113, 2008, p.23-45.

4 Memmi Dominique, Guillo Dominique, Martin Olivier (dir.), La Tentation du corps. Corporéité et sciences sociale, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2009.

5 Levi-Strauss Claude, Tristes Tropiques, Paris, Plon, coll. « Terre Humaine », 1955.

6 Becker Howard S., Outsiders. Études de sociologie de la déviance, Paris, Éditions Métailié, 1985 [1963].

7 Jackson Michael, « Knowledge of the Body », Man 18, no 2, 1983, p. 327-345 ; Stoller Paul, The taste of ethnographic things: the senses in anthropology, Philadelphia, University of Pensylvania Press, 1989 ; Csordas Thomas, Embodiment and experience: The existential ground of culture and self, Cambridge, Cambridge University Press, 1994 ; Howes David, « Making Sense of Culture: Anthropology as a Sensual Experience », vol. 9, n° 2, 1996, p.86-96.

8 Gibson James, The Ecological Approach to Visual Perception, Boston, Houghton Mifflin, 1979 ; Ingold Tim, Marcher avec les dragons, Bruxelles, Éditions Zones Sensibles, 2013.

9 Descola Philippe, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005.

10 Pitrou Perig, « La vie, un objet pour l’anthropologie ? Options méthodologiques et problèmes épistémologiques », L’Homme, n° 212, 2012, p.159-189.

11 Faure Sylvia, Apprendre par corps. Socio-anthropologie des techniques de danse, Paris, La Dispute, 2000 ; Leucci Tiziana, « L’apprentissage de la danse en Inde du Sud et ses transformations au XXe siècle : le cas des Devadāsī, Rājadāsī et Naṯṯuvaṉār », Rivista di Studi Sudasiatici, vol. III, 2008, p.53-87.

12 Zarilli Philip B., When the body becomes all eyes. Paradigms, Discourses and Practices of Power in Kalarippayattu, a South Indian Martial Art, Oxford, Oxford University Press, 1998.

13 Luhrmann Tanya, Persuasions of the Witch’s Craft: Ritual Magic in Contemporary England, Cambridge, Harvard University Press, 1989. Luhrmann Tanya, When God Talks Back: Understanding the American Evangelical Relationship With God, New York, Alfred Knopf, 2012 ; Csordas Thomas, Embodiment and experience: The existential ground of culture and self, op. cit. ; Halloy Arnaud, « "Un anthropologue en transe". Du corps comme outil d’investigation ethnographique » dans Joël Noret, Pierre Petit, Corps, performance, religion. Études anthropologiques offertes à Philippe Jespers, 2006, p. 87-115 ; Houseman Michael, Le rouge est le noir. Essais sur le rituel, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2012 ; Dupuis David, « Apprendre à voir l’invisible. Pédagogie visionnaire et socialisation des hallucinations dans un centre chamanique d’Amazonie péruvienne », Cahiers d’Anthropologie sociale, n°17, « Images visionnaires », Paris, L’Herne, 2019, p.20-42.

14 Candau Joël, Mémoires et expériences olfactives. Anthropologie d'un savoir-faire sensoriel, Paris, PUF, 2000.

15 Nizard Caroline, Du souffle au corps. Apprentissage du yoga en France, en Suisse et en Inde. Paris, Éditions l’Harmattan, 2019 ; Dupuis David, « Apprendre à voir l’invisible. Pédagogie visionnaire et socialisation des hallucinations dans un centre chamanique d’Amazonie péruvienne », loc. cit.

16 Dupuis David, « Apprendre à voir l’invisible. Pédagogie visionnaire et socialisation des hallucinations dans un centre chamanique d’Amazonie péruvienne », loc. cit.

17 Blacking John, Anthropology of the body, Londres, New York, Academic Press, 1977 ; Bessy Christian, Chateaureynaud Francis, Experts et faussaires, Paris, Métailié, 1995 ; Wathelet Olivier, Anthropologie de la transmission des savoirs et savoir-faire sensoriels : étude de cas : la transmission d'un patrimoine olfactif à l'intérieur de la famille, Thèse de doctorat en anthropologie sociale et ethnologie, Université Nice Sophia Antipolis, 2009.

18 LAPLANTINE François, Le social et le sensible. Introduction à une anthropologie modale, Paris, Téraèdre, 2010, p.40.

19 CANDAU Joël, BATTESTI Vincent, Apprendre des sens, apprendre par les sens : anthropologie des perceptions sensorielles, Éditions Petra, coll. « Univers sensoriels et sciences sociales », 2022.

20 Devereux George, De l’angoisse à la méthode dans les sciences du comportement, Paris, Flammarion, 1980.

21 PINK Sarah, « Hanging out at home: Laundry as a thread and texture of everyday life », International Journal of Cultural Studies, vol.18, n°2, 2015, p. 209-224 ; HALLOY Arnaud, « "Un anthropologue en transe". Du corps comme outil d’investigation ethnographique », loc. cit. ; VIONNET Claire, L’ombre du geste : le(s) sens de l’expérience en danse contemporaine, 2018, Thèse de doctorat en anthropologie sociale et ethnologie, Université Lausanne.

22 Vermersch Pierre, L’Entretien d’explicitation, Paris, ESF éditeur, 1994.

23 PETTITMENGIN Claire, « L’énaction comme expérience vécue », Intellectica. Revue de l’Association pour la Recherche Cognitive, vol. 43, n°1, 2006, p.85-89.

24 Gibson James, « The Theory of Affordances » dans Robert Shaw and John Bransford Perceiving, Acting, and Knowing, Londres, Routledge, 1977.

25 DUPUIS David, « The psychedelic ritual as a technique of the self. Identity reconfiguration and narrative reframing in the therapeutic efficacy of ayahuasca », Hau, Journal of Ethnographic Theory (accepté, à paraître en 2022) et NIZARD Caroline, “En quête de soi : se transformer par le yoga – les passionés », L’ethnographie, n°3-4, 2021.

Pour citer cet article

David Dupuis et Caroline Nizard, « L’apprentissage social du sensible », L'ethnographie, 7 | 2022, mis en ligne le 09 juin 2022, consulté le 25 avril 2024. URL : https://revues.mshparisnord.fr/ethnographie/index.php?id=1128

David Dupuis

Docteur en Anthropologie Sociale (EHESS, Paris), David Dupuis est chercheur post-doctorant au Musée du Quai Branly (Paris). Appuyés sur des enquêtes conduites en Amérique latine et en Europe depuis une dizaine d'années, ses travaux portent sur la globalisation de l'usage des substances hallucinogènes et ses implications sociales, politiques et éthiques.

Caroline Nizard

Chercheuse affiliée à IHAR et au Laboratoire THEMA de l’Université de Lausanne, Caroline Nizard est docteure en Sciences sociales et politiques. Son dernier ouvrage Du souffle au corps publié aux éditions L’Harmattan en 2019, porte sur les processus d’apprentissage du yoga dans les pratiques contemporaines. Ses recherches s’intéressent particulièrement à la place du corps, du souffle, à l’apprentissage. Depuis 2018, ses recherches en anthropologie de la santé portent aussi sur la méditation, le cancer et le travail.