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Le code de la « computer music », quelles utilisations en analyse musicale ?
Contextualisation et exemple avec l’Interactive aural analysis

Maxence Larrieu
décembre 2020

DOI : https://dx.doi.org/10.56698/rfim.618

Résumés   

Résumé

Cet article traite de l’analyse des pièces d’informatique musicale, lesquelles ont la particularité d’être composées avec du code informatique. L’objet de cet article est de contextualiser la prise en compte de ce code dans la pratique de l’analyse musicale. Dans un premier temps nous apportons un schéma qui permet de comparer les différentes méthodes d’analyse ; dans un deuxième temps nous décrivons une méthode récente, l’Interactive aural analysis de Michael Clarke, et finalement nous situons cette dernière dans le précédent schéma, en arguant que son originalité tient dans l’utilisation à la fois du code et du signal audio de l’œuvre.

Index   

Index de mots-clés : musique informatique, analyse musicale, code en analyse musicale, Interactive Aural Analysis.

Texte intégral   

Introduction

1Dans cet article nous nous intéressons aux pièces électroacoustiques composées avec l’outil informatique, et plus précisément aux pièces qui utilisent des langages de programmation. Nous ciblons ces pièces car elles ont la particularité d’être composées avec du code. Nous ne traitons donc pas des pratiques électroacoustiques voisines basées sur l’utilisation de DAW (digital audio workstation), ou tout autre logiciel interfacé. Ce dont nous traitons ici, c’est la présence de ce code informatique coexistant à l’œuvre et surtout des changements que ce code induit dans les pratiques musicologiques. Nous nous concentrons donc sur l’analyse musicale. La question globale qui nous concerne pourrait ainsi être formulée : comment utiliser le code des pièces d’informatique en analyse ? C’est une question conséquente, qui en appelle toute une série d’autres. Par exemple : comment faire face à la diversité des codes ? Comment rendre compte du code dans les publications ? Comment l’analyse musicale peut-elle aller puiser dans la technologie ? Répondre à ces questions demande un travail substantiel et ne peut faire l’objet d’un seul article. Dans cette publication nous nous proposons de contextualiser l’utilisation du code en analyse musicale au travers de différentes méthodes d’analyses.

2Afin d’introduire cette thématique, nous souhaitons revenir sur un article pionnier, Analysing Electronic Music de Marco Stroppa (1984). En préambule il est important de resituer l’article dans son époque : il s’agit d’une époque « pré-numérique », où l’ordinateur n’était pas encore démocratisé. Pour l’essentiel, à cette époque, la composition par ordinateur se faisait dans les grands centres musicaux, et le calcul d’une minute de signal audionumérique demandait plusieurs minutes d’attente (Manning, 2004, p. 192).

3L’article de Marco Stroppa est issu d’une difficulté de prise en compte du code, symptomatique de cette époque pré-numérique. L’article découle en effet de l’impossibilité pour l’auteur d’analyser la pièce Songes (1979) de Jean-Claude Risset, pièce pour bande, réalisée avec une version Ircam du célèbre langage MUSIC V1. Nous souhaitons expliquer cette impossibilité de prise en compte en deux temps : le « modèle d’analyse », ou le modus operandi de l’analyse, propre à l’auteur, puis la qualité de l’analyse souhaitée.

4Après quelques lectures attentives, nous relevons aisément que le « modèle d’analyse » de l’auteur hérite amplement des théories de l’analyse occidentale savante, lesquelles sont cohérentes avec la notation traditionnelle. Nous relevons par exemple que l’analyse « du Sacre de Stravinsky par Boulez » est citée comme exemple « illustre » ; que l’analyse est pensée comme un procédé fortement subjectif : « À travers l’analyse, chacun, avant de révéler le compositeur, se révèle soi-même en créant un produit personnel, discutable et vivant ». Aussi, nous relevons que la critique donnée aux autres méthodes d’analyse se fait systématiquement par comparaison avec les vertus de l’analyse permise par la séculaire partition traditionnelle. Concernant les analyses perceptives, dites « esquisse[s] globale[s] des effets obtenus », nous pouvons lire que « leur notation est toujours approximative et grossière, surtout si on la compare avec la complexité et la perfection de l’écriture traditionnelle ». À propos des analyses basées sur l’écoute, indépendamment d’un support graphique, Stroppa indique qu’il « n’exclu[t] pas que la seule écoute permette de comprendre ou de goûter une pièce de musique, bien au contraire ! Mais dans le cas d’une analyse la partition devient un outil séduisant et indispensable ».

5Ces citations nous montrent que l’auteur aborde l’analyse des musiques électroniques avec un certain modèle d’analyse, lequel est ancré sur l’usage de la partition traditionnelle. Dans un second temps, nous constatons que Stroppa vise une certaine qualité dans l’analyse produite, qu’il vise en fait un niveau au moins aussi riche que ce que permet ce dernier modèle. Stroppa précise ainsi qu’il n’a « jamais voulu aller ou en rester à la description de la méthode de synthèse ou de l’algorithme employé », ou encore que sa tentative était de « garder un niveau musicalement acceptable » (Stroppa, 1984, paragr. 2).

6Finalement, nous comprenons que l’impossibilité pour l’auteur d’analyser Songes se trouve dans l’incompatibilité entre (i) une pratique d’analyse fondée sur la partition et (ii) une musique qui fait appel à de nouvelles technologies, techniques et connaissances, qui échappent justement à la notation traditionnelle. De fait, l’application de l’un sur l’autre ne peut fonctionner, comme si les saillances de l’analyse musicale traditionnelle ne pouvaient pas avoir de prise sur la musique informatique : « on découvre une réalité et des problèmes nouveaux » (Id.) comme le note très justement Stroppa.

7Cette courte excursion dans l’époque pré-numérique nous montre qu’il est nécessaire, pour utiliser le code, de repenser les pratiques et les théories de l’analyse musicale traditionnelle. L’entreprise qui voudrait appliquer les connaissances héritées de la musique écrite, telles quelles, sur le code de celle qui est informatique, ne pourra, évidemment, donner fruit. Disons, a minima, qu’il existe entre les deux des différences de théorie, de connaissances et de niveaux d’abstraction.

8Plutôt que de se focaliser sur ces différences, nous nous concentrons dans la suite de l’article sur les méthodes existantes qui permettent d’utiliser le code en analyse musicale. Dans la partie suivante, nous présentons un schéma permettant de comparer ces différentes méthodes. Ensuite, nous insérons dans ce dernier deux méthodes connues, la faktura de Marc Battier et la génétique musicale de Laura Zattra. Enfin, dans le dernier titre nous décrivons une méthode récente, l’Interactive aural analysis de Michael Clarke.

1. Un schéma pour éclairer différentes méthodes d’analyse

Le schéma que nous proposons a deux objectifs : il s’agit d’abord de montrer que l’analyse n’est pas hermétique au code et, ensuite, de rendre compte d’un certain contexte commun aux différentes méthodes, afin de pouvoir les comparer.

1.1. Différencier les méthodes d’analyse

9Nous proposons de différencier les méthodes en fonction des matériaux qu’elles utilisent. En musique électroacoustique, il est fréquent que l’analyste précise la nature des matériaux utilisés. Par exemple, dans le précédent article de Stroppa, l’auteur précise « J’avais à ma disposition la bande quadriphonique, quelques-unes de ses esquisses et les notes d’une conversation avec le compositeur » (Stroppa, 1984, paragr. 2). De même, dans l’analyse de Michael Clarke de la pièce Mortuos plango, vivo voco (1980) composée par Jonathan Harvey – sur laquelle nous reviendrons –, l’auteur indique avoir utilisé les fichiers des sons sources, les esquisses du compositeur et un enregistrement de la pièce (Clarke, 2006, p. 115). Cependant, il est également fréquent que le matériau utilisé ne soit pas cité, c’est le cas par exemple de l’analyse de Pierre Couprie sur la pièce Trois rêves d’oiseau (1971) de François Bayle (Couprie, 2002). Ce dernier cas concerne surtout des « analyses perceptives », où le matériau est tellement évident qu’il n’est pas cité. Il est question de la « bande magnétique », expression que nous remplaçons dans cet article par le signal audio de la pièce. Le regroupement des analyses que nous faisons se fait selon l’usage exclusif ou non du signal audio de la pièce.

10Afin de bien cerner cette différence, il est crucial de préciser le sens que nous donnons à signal audio. D’abord il faut en écarter les significations technologiques : par signal, nous entendons « quelque chose qui permet l’écoute ». Nous dépassons ainsi les significations technologiques des langages de programmation, où un signal audio peut être non sonore – e. g. un signal à fréquence infrabasse. Aussi, nous excluons les signaux de courte durée qui peuvent être utilisés dans la composition (sample), comme les fichiers sons sources dans Mortuos plango, vivo voco, par exemple, qui sont des enregistrements de cloche et de voix d’enfant. Ensuite, il nous faut approfondir le lien entre le signal audio et l’écoute. Par signal audio nous désignons un objet ayant une réalité physique, quelle qu’elle soit, qui permet en le manipulant d’écouter la pièce. Le signal audio permet ainsi l’écoute de la pièce et, plus justement, nous dirons qu’il permet de naviguer dans celle-ci. La représentation prédominante du signal audio est bien évidemment sa forme d’onde (waveform). L’intérêt de cette signification est alors de lier quelque chose de matériel, sur lequel on peut agir, avec l’écoute de l’œuvre. À l’issue de ces réflexions sur les conditions de matérialité et d’action, et avec Marie-Elisabeth Duchez, nous comprenons finalement que le signal audio représente l’écoute de l’œuvre, qu’il la « rend présente » (Duchez, 1980).

À l’aide de cette définition, nous effectuons deux regroupements : il y a d’une part les méthodes qui prennent appui sur une diversité de matériaux, situées avant la production du signal audio, et d’autre part les méthodes qui utilisent ce signal audio.

Figure 1. Deux grands types de matériau en analyse

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Source : Maxence Larrieu, 2020

11Nous retrouvons cette différence dans un article de Pierre Couprie (2016), qui émane d’un projet de recherche conséquent sur l’analyse des musiques électroacoustiques : New multimedia tools for electroacoustic music analysis. Après avoir donné un riche diagramme qui synthétise les théories les plus répandues pour l’analyse de ce répertoire – typomorphologie, spectromorphologie et image-de-son pour n’en donner qu’un aperçu – l’auteur nous invite à considérer deux grandes méthodes : « les méthodes fondées sur la perception auditive du support audio » et « les méthodes utilisant les sources de la création rendues disponibles par le compositeur » (Couprie, 2016, p. 5).

12La première méthode est bien entendu incluse au sein de notre schéma dans les analyses qui utilisent le signal audio et la seconde dans celles qui font appel à une diversité de matériaux.

Évidemment, ces deux grandes méthodes ne s’opposent pas. Nous les concevons au contraire comme deux pôles, reliés par un arc de cercle permettant de représenter les différentes méthodes d’analyse.

Figure 2. Espace de positionnement des méthodes d’analyse

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Source : Maxence Larrieu, 2020

1.2. La faktura et la génétique musicale

13Dans un article récent (Larrieu, 2019), nous avons décrit deux méthodes connues d’analyse qui permettent d’utiliser le code : la faktura de Marc Battier (2003) et la génétique musicale de Laura Zattra (2015). Pour des descriptions fines de ces analyses nous renvoyons le lecteur aux articles susmentionnés et nous présentons ici les conclusions de nos propres descriptions, de sorte à pouvoir les placer dans notre précédent schéma.

14La faktura met l’emphase sur la technologie développée durant la composition. Son fondement se trouve dans les enchevêtrements présents en composition, entre technologie, technique et esthétique. Cette méthode est basée sur l’éclairage de l’esthétique donné par l’étude de la technologie et de la technique. La faktura suggérée par Marc Battier s’effectue en deux temps. Elle comporte d’abord une description profonde du « système de production sonore » et ensuite la mise en relation de ce système avec la composition (symbole) et le rendu sonore (signal). Dans notre précédent schéma, la faktura est ainsi très orientée vers le pôle des matériaux hétérogènes et se situe donc assez loin du pôle du signal, de l’écoute.

15Laura Zattra, quant à elle, a montré que la genèse musicale pouvait aussi s’appliquer à la musique informatique (Zattra, 2015). Cela est possible, à condition d’effectuer un important « pas conceptuel » (nos termes), qui consiste à élargir la notion de texte au code. La notion de texte est essentielle à cette théorie, c’est avec celle-ci qu’il est possible de retracer la genèse de l’œuvre. L’écriture, qui produit le texte, est ainsi comprise comme un artifice qui gèle le temps dans lequel elle se déroule. Dès lors, une fois le code envisagé comme texte, dans le sens de la génétique, il va pouvoir être utilisé pour remonter le « processus de formation d’une œuvre ». L’enjeu de la génétique est ainsi d’exploiter des documents relevant de la composition afin de « dévoiler le processus compositionnel de l’œuvre » (Ibid., p. 221). Dans notre précédent schéma, la génétique musicale se trouve donc à l’opposé du signal. Tout l’aspect sonore de l’œuvre, de la musique dans sa forme canonique, par l’intermédiaire du signal, n’est en effet pas considéré.

Figure 3. Positionnement de la faktura et de la génétique musicale

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Source : Maxence Larrieu, 2020

2. L’Interactive aural analysis

16Dans la partie précédente nous avons amené un schéma permettant de comparer des méthodes d’analyse qui prennent en compte le code des pièces. Afin d’alimenter ce dernier, nous avons donné, deux exemples de méthode. Dans cette seconde partie nous décrivons une méthode plus récente : l’Interactive aural analysis (IAA par la suite), qui prend aussi en compte le code de la pièce.

17Conçue par Michael Clarke dans les années 2000, cette méthode s’avère être en pleine ascension : elle a été développée une première fois dans le cadre d’un projet nommé TaCEM2 (Technology and creativity in electroacoustic music : 2012-2015), puis reprise dans un autre projet plus large, IRiMaS3 (Interactive research in music as sound: transforming digital musicology : 2017-2022). Si la méthode IAA a commencé dans un contexte de musique électroacoustique, nous voyons, à la lecture des titres des projets, que sa portée a maintenant largement dépassé ce paysage. Face à cette actualité et ce développement, il est utile de préciser que nous travaillons ici sur la méthode telle qu’elle a été publiée durant le projet TaCEM, soit plus précisément jusqu’à (Clarke, Dufeu et Manning, 2013).

2.1. Genèse et publications

18L’IAA a été développée dans le cadre de deux travaux d’analyse d’œuvre électroacoustique. La première application a été faite sur Mortuos plango, vivos voco (1980) de Jonathan Harvey avec l’assistance de Stanley Haynes, pièce pour bande4 ; la deuxième application sur Wind Chimes (1987) de Denis Smalley, également pour bande5. L’explication de cette méthode d’analyse a été émise en concomitance avec les deux travaux : les analyses ont été publiées comme chapitres d’ouvrage (Clarke, 2006 ; Clarke, 2010), tous deux précédés d’une publication dans des conférences internationales qui présente la méthode employée et les problèmes rencontrés (Clarke, 2005 ; Clarke, 2009). Enfin, riche de ces travaux, la méthode a fait l’objet d’une publication ad hoc dans la revue Music Analysis (Clarke, 2012). Comme nous le verrons, l’originalité de cette approche, entre autres, est d’inclure pour chaque analyse un patch Max qui permet d’explorer l’œuvre par interaction ; ceux-ci sont diffusés dans les DVD qui accompagnent les analyses et sur le site de l’université d’Huddersfield6.

2.2. Une approche pragmatique

Comme le montre la chronologie des publications, il faut d’abord souligner que cette méthode s’est développée dans la praxis. Il ne s’agit donc pas d’une théorie mais bien, comme le précise l’auteur, d’une approche pragmatique7 :

no one analytical method is employed in this analysis. A pragmatic approach is taken, blending a range of methods as appropriate to the issues under consideration8 (Clarke, 2005, p. 3).

19Pour Mortuos plango, vivos voco, l’auteur a, de fait, eu recours à plusieurs matériaux : le signal audio de la pièce, des croquis et des fichiers sons sources fournis par le compositeur. Ensuite l’auteur a utilisé plusieurs outils de l’analyse électroacoustique : la simulation par synthèse, l’analyse de spectre (sonogramme), le tableau paradigmatique et des croquis en notation traditionnelle pour expliquer la structure globale ou encore les partiels du son de cloche.

2.3. Une approche en extension

20Par la diversité des outils employés, nous voyons que la méthode reste ouverte. Elle peut ainsi évoluer en fonction, d’une part, des évolutions technologiques et, d’autre part, des pièces à analyser. Pour l’œuvre de Smalley par exemple, un outil supplémentaire a été développé : un sonogramme interactif, qui permet de sélectionner et écouter des fragments (temporels et fréquentiels) d’un sonogramme. Précisons enfin que l’ouverture de cette méthode est voulue par le concepteur :

To a large extent it is up to the imagination of analysts as to how far this approach can be used to enhance and enrich a range of analytical ventures9 (Clarke, 2005, p. 4)

Nonetheless it would be unfortunate to limit the analysis of this repertoire to electroacoustic specialists or to restrict the interactive aural approach to the electroacoustic repertoire10 (Clarke, 2012, p. 375)

Along the way, no doubt, new technological advances will also present new opportunities, and composers creating new works will present new challenges11 (Ibid., p. 376)

21Ce positionnement se retrouve dans la variété des pièces analysées. La première, Mortuos plango, vivo voco, est une pièce d’IM. La seconde, Wind Chimes, correspond à une pratique acousmatique faite essentiellement de traitements de sons enregistrés – Smalley a utilisé un logiciel, maintenant obsolète, du studio 123 du Groupe de recherches musicales (Ibid., p. 370). Enfin, le travail de l’analyste s’est aussi porté sur une pièce « avec électronique en temps-réel », Anthèmes 2 (1997) de Pierre Boulez – sans publication actuellement malgré l’annonce. Nous retrouvons cette volonté d’extension dans la diversité des pièces analysées. Cela est encore plus flagrant si l’on considère les études du projet TaCEM12, où l’on relève une pièce composée avec la technique ambisonique, Hidden Values (2013) de Natasha Barrett, ou encore Beneath the Forest Floor (1992) de Hildegard Westerkamp, qui relève du field recording.

22En résumé, nous notons que l’IAA utilise un large panel d’outils d’analyse de la musique électroacoustique, lesquels sont souvent utilisés isolément dans les méthodes13. Parallèlement, nous voyons aussi qu’il y a une volonté d’investir la diversité du répertoire électroacoustique. Finalement, nous pourrions dire que le modèle de développement de l’IAA est celui d’une « mise en difficulté » : c’est en s’attaquant à des œuvres appartenant à différentes pratiques compositionnelles que la méthode s’est développée. Dans les prochaines sections, nous décrivons ce qui nous paraît être les fondements de l’IAA.

2.4. L’écoute

23Le premier fondement de l’IAA correspond au deuxième A, l’auralité. La volonté première de cette méthode est en effet de rendre compte de ce qui est entendu, de l’expliquer. Cette auralité s’explique par le répertoire initialement visé, la musique électroacoustique, qui a pour principal support, le signal audio. Dans les trois publications qui expliquent la méthode, on retrouve en introduction le « challenge » affronté, que nous pouvons résumer ainsi : alors que la musique occidentale traditionnelle a pour premier support la partition traditionnelle, avec laquelle une constellation de connaissances s’est agrégée au fil des siècles, le support de la musique électroacoustique est un fichier audio, sur lequel la plupart des précédentes connaissances n’ont aucune prise.

However, as with many ‘tape’ pieces, the normal starting point for analysis of Western classical music, the score, does not exist. The ‘trace’ here is not a written score but an audio recording14. (Clarke, 2005, p. 2)

So where might the analysis begin of a work that perhaps has no score, no notes and no instruments15 ? (Clarke, 2012, p. 347)

La solution apportée par l’IAA découle d’un positionnement ontologique : si la musique ciblée existe principalement par le sonore16, alors l’analyse de celle-ci doit aussi se faire par le sonore :

Since such music exists primarily, often entirely, in an aural form, and given the limitations of any type of graphical transcription of sound, I was keen to enhance the static and visual printed component of my analysis with the addition of an aural and interactive component (by means of software17) (Clarke, 2009, p. 1)

An approach that makes more use of the medium of the music itself – that is, sound – alongside text and diagrams can help resolve many of the problems discussed18 (Clarke, 2012, p. 355)

Comme le souligne cette citation il ne faut cependant pas réduire tous les outils de l’IAA à l’écoute du signal. Ceux-ci font partie d’une panoplie d’outils, qui permettent d’explorer l’œuvre par différentes voies.

2.5. L’interactivité

24Le deuxième fondement de l’IAA est l’interactivité. Cette dernière est possible grâce à la conception d’un patch Max pour chaque analyse. C’est avec celui-ci que l’analyse pourra se faire dans le sonore. Le patch est donc la solution trouvée pour réaliser et restituer des analyses via le sonore. Les interactivités permises varient selon les composants du patch. Dans un article de Michael Clarke (2012), les composants suivants sont décrits : aural referencing, aural paradigmatic charts, aural reductive sketches, interactive aural exercices et interactive sonograms.

Comme nous le verrons, le composant qui utilise le code de l’œuvre est nommé interactive aural exercice.

2.6. L’accessibilité

25Avant d’aborder la question du code, nous souhaitons amener un dernier fondement. Celui-ci est moins prégnant que les précédents mais reste important car il éclaire la prise en compte du code. La méthode IAA n’a pas pour fin de s’adresser aux spécialistes de l’électroacoustique, au contraire, elle vise un public large, qui peut être dépourvu de connaissances technologiques : elle s’inscrit dans un contexte d’accessibilité de la musique électroacoustique.

Electroacoustic music often struggles to find an audience beyond its own circle. Helping listeners develop a greater understanding of how the sounds have been shaped and transformed by playing with them and thus seeing how they are interrelated may be one way of partially remedying this situation. The best way to develop such an understanding, whether the reader is a professional composer, academic or student, is to play with the techniques and learn interactively what the aural possibilities are. The interactive exercises aim to provide an opportunity for this to happen in a context that does not demand great technical skill19. (Clarke, 2012, p. 366)

26Nous comprenons qu’avec ce positionnement la technologie peut devenir un problème. D’un côté, il faut en rendre compte puisqu’elle est intrinsèque au répertoire ciblé et, de l’autre, elle est problématique puisque le lectorat n’a pas nécessairement les bases pour l’appréhender. Elle pourrait de surcroît perturber le premier fondement, l’auralité (Id.).

2.7. Prise en compte du code

27La prise en compte du code se fait essentiellement dans le composant interactive aural exercice des patchs. L’analyste reproduit des procédures compositionnelles, synthèses, traitements ou procédures de plus haut niveau, afin de permettre au lecteur/auditeur d’entendre le résultat de la technique utilisée.
L’idée derrière ces exercices est aussi de permettre à l’usager d’expérimenter la technique employée, pour qu’il puisse modifier la « paramétrisation » faite par le compositeur, de sorte à pouvoir contextualiser la technique employée et, plus profondément, donner du sens au choix compositionnel.

[With this exercices] the reader can learn more of the potential of the techniques and can place the compositional choices made by the composer in a wider context of possiblities using these techniques20. (Clarke, 2005, p. 2)

Pour Mortuos plango, vivo voco, l’analyste a ainsi réalisé 15 exercices, allant du simple traitement fréquentiel sur le son de cloche – afin d’éclairer la structuration des partiels – à la reproduction de la synthèse formantique utilisée pour imiter la voix.

Figure 4. Exemple d’un interactive aural exercise réalisé pour la pièce Mortuos plango, vivo voco

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Note : Celui-ci permet de reproduire les glissandi présents dans la pièce.

Source : Michael Clarke (2009), « Extending Interactive Aural Analysis: Acousmatic Music », in Proceedings of the Electroacoustic music studies conference, Buenos Aires, 22-25 juin.

28Dans notre contexte, l’analyse de Mortuos plango, vivo voco relève d’un cas particulier, puisque l’auteur n’a pas eu accès au code. Cette pièce a été composée dans les années 1980 à l’aide de deux sons sources (cloche ténor et voix d’enfant) et d’une série de traitements, analyses et synthèses numériques. Les langages utilisés étaient MUSIC V et le programme CHANT pour la synthèse formantique21. Les programmes et les codes réalisés n’étant plus disponibles à l’époque de l’analyse, l’auteur a dû les simuler à l’aide des esquisses remises par le compositeur et des fichiers sons originaux22. Ce travail est pour nous un cas particulier, où l’analyste, en l’absence du code original, doit simuler la technique avec un langage récent. Quarante années après cette pièce pionnière, nous pouvons penser, avec par exemple l’archive de patchs de l’Ircam, Sidney23, et plus généralement avec les plateformes d’archivage et de partage des données comme Github ou Zenodo, que l’analyse de la musique informatique puisse se faire, dans la majeure partie des cas, directement sur le code original des pièces.

3. Positionnement de l’Interactive aural analysis

29Nous pouvons maintenant situer cette méthode dans notre schéma. Après description, la méthode apparaît bien en lien avec les deux pôles. Avec les interactive aural excercise, elle utilise le code – ou, en son absence, les esquisses du compositeur afin de simuler les procédures compositionnelles. La méthode considère ainsi l’aspect technologique et technique des œuvres. Avec le patch, elle rend compte de la technique, afin que le lecteur puisse comprendre les choix compositionnels et les contextualiser. Par ailleurs, son fondement sur l’auralité et les cartes paradigmatiques démontre également l’utilisation abondante du signal de la pièce.

30Nous constatons en outre que l’IAA tend davantage vers le pôle du signal, de l’auralité. L’usage du code apparaît en effet en retrait. À la différence de la faktura qui appelle à une étude du « système de production sonore », on peut dire que l’IAA possède une certaine réserve à propos de la technologie. Ceci s’explique par deux des fondements que nous avons décrits, l’auralité et l’accessibilité. De façon imagée, nous pouvons dire que la prise en compte du code se dessine dans l’ombre produite par l’intersection de ces deux fondements : c’est derrière ceux-ci que le code, la technique, est considérée. Comme nous l’avons vu, une description trop marquée de la technique risquerait de réduire le lectorat, et, de même, marquerait une distance avec l’auralité.

31Nous retrouvons ce retrait dans les deux supports de diffusion. Dans la publication d’abord, la description de la technologie se fait sous forme littérale, c’est-à-dire sans diagramme de synthèse ou traitement24, sans extraits de code ou pseudo-code. Dans le second support ensuite, le patch, nous relevons aisément qu’il est construit non pas pour rendre compte de la technologie, mais pour entendre le résultat de cette dernière. Le patch est en effet conçu avec des boîtes graphiques (ou GUI : graphic user interface) qui permettent de sélectionner des éléments et de les abstraire d’un niveau technologique trop dense. Les éléments à mettre devant (voir fig. 4) sont alors les paramètres qui impactent l’écoute : la sémantique du code est ici totalement absente, pour laisser pleins phares aux significations venant de l’écoute25.

Pour ces raisons, nous positionnons l’IAA plus proche du pôle du signal que de celui des matériaux.

Figure 5. Positionnement de la faktura, la génétique musicale et l’IAA

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Source : Maxence Larrieu, 2020

Conclusion

32Dans cet article, nous avons contextualisé la prise en compte du code dans l’analyse de la musique informatique. Nous avons introduit cette problématique avec un écrit d’une époque pré-numérique, qui illustre les premières difficultés rencontrées. Quarante ans après ces travaux pionniers, nous pouvons espérer que ces problèmes ne sont plus d’actualité. Notre article peut se comprendre comme une invitation à dépasser ces problèmes, c’est-à-dire à considérer le code des pièces en analyse musicale. Dans la première partie, nous avons amené un schéma qui permet de comparer les différentes méthodes. Nous proposons de les répartir en fonction de leur proximité avec deux pôles, relatifs à l’usage des matériaux en analyses. Le premier pôle représente l’usage d’une diversité de matériaux qui se situe avant la production du signal audio (code, esquisses, croquis) ; le deuxième représente l’usage quasi exclusif du signal audio, qui permet de naviguer dans l’écoute de la pièce. Nous avons ensuite inséré deux méthodes d’analyse, la faktura de Marc Battier et l’analyse génétique de Laura Zattra, décrites dans notre article publié dans Organised Sound (2019). Ensuite, nous avons décrit et situé une récente méthode d’analyse, l’Interactive aural analysis, initiée dans les années 2000 par Michael Clarke. C’est une méthode en pleine expansion, qui dépasse non seulement la musique informatique, mais aussi la musique électroacoustique. Dans notre contexte, nous l’avons décrite comme si elle était appliquée à la musique informatique. L’originalité de cette méthode se trouve dans plusieurs aspects. On y trouve par exemple une réflexion sur la façon dont on diffuse l’analyse musicale, soit de ne plus se contenter du format de la page et de l’augmenter avec les potentialités d’un patch Max. La diversité des pratiques qu’elle invite, entre utilisation du code, des esquisses et écoute du signal en est un autre aspect intéressant. Nous constatons dans cette méthode, néanmoins, une prédominance pour l’aural, au détriment d’une utilisation de la technologie. Au sein de notre schéma nous avons ainsi placé l’IAA plus proche du pôle du signal que de celui de la diversité de matériaux.

33L’IAA est donc une méthode originale, qui permet d’utiliser le code des pièces d’informatique musicale. Aux regards de la faktura et de l’analyse génétique, elle possède une particularité, celle de réunir deux pratiques : l’écoute du signal et la lecture du code.

Pour conclure, nous souhaitons commenter une pratique d’analyse qui nous importe. En 2013, le compositeur et théoricien Horacio Vaggione relevait dans une interview un « aspect positif de la musique informatique » :

Ainsi, là où nous avions l’habitude d’avoir uniquement un feedback auditif, nous avons maintenant une confluence de l’oreille et des yeux ainsi que la possibilité de stocker nos actions sous forme de codes. Je pense que c’est un aspect très positif de la musique informatique. (Budón, 2007, p. 116)

34Si la musique informatique possède « cet aspect positif » liant les oreilles et les yeux – ou, avec notre terminologie le signal audio, l’aural, et le code – ne pouvons-nous pas développer des méthodes qui favorisent cette circulation entre le code et l’écoute ? À l’issue de la pratique d’analyse musicale, il nous semble en effet que la lecture du code et l’écoute de l’œuvre peuvent s’enrichir mutuellement. D’un côté, nous voyons le code comme un « moyen d’accès » à l’œuvre, avec son propre schème qui permet d’éclairer spécifiquement l’œuvre. De l’autre, nous voyons l’aural avec un schème nettement différent, qui autorise une saisie de l’œuvre avec un « haut niveau musical » – pour reprendre l’expression de Marco Stroppa. Faire circuler les significations véhiculées dans ces deux pratiques nous paraît être bénéfique pour l’analyse musicale. De façon imagée, tendre vers une « lecture musicale du code » ne serait-il pas un bon moyen pour ensevelir « l’hermétisme du code » de la période pré-numérique ?

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Notes   

1 Voir la note de programme sur BRAHMS (http://brahms.ircam.fr/works/work/11505/, consulté le 14/04/2020), ou encore la préface du compositeur dans l’ouvrage de Denis Lorrain (1980).

2 Voir le récent article de la même revue (Clarke, Dufeu et Manning, 2018)

3 Voir https://research.hud.ac.uk/institutes-centres/irimas/ et https://cordis.europa.eu/project/rcn/210980/factsheet/fr [consultés le 11/11/2019]

4 Peut-être devrions-nous dire « pièce pour support fixe, avec sons enregistrés, synthèses et traitements numériques », afin de mieux éclairer le lecteur ? La base Brahms de l’Ircam va d’ailleurs dans ce sens : « pour sons concrets traités par ordinateur ». http://brahms.ircam.fr/works/work/9030/ [consulté le 14/04/2020]

5 Ou « pour support fixe avec sons enregistrés et traitements numériques »

6 https://research.hud.ac.uk/institutes-centres/iaa/ [consulté le 13/11/2019]

7 En témoigne le dernier A de l’acronyme IAA, qui renvoie tantôt à approach (Clarke, 2005 ; 2012) tantôt à analysis (Clarke, 2009).

8 Notre traduction : « aucune méthode analytique n’est employée dans cette analyse. Une approche pragmatique est adoptée, combinant une série de méthodes appropriées aux problèmes rencontrés ».

9 Notre traduction : « Dans une large mesure, il appartient à l’imagination des analystes de savoir à quel point cette approche peut être utilisée pour améliorer et enrichir une série de projets analytiques. »

10 Notre traduction : « Il serait regrettable de limiter l’analyse de ce répertoire aux spécialistes de l’électroacoustique ou de restreindre l’approche auditive interactive au répertoire électroacoustique ».

11 Notre traduction : « Au fil du temps, il ne fait aucun doute que les nouvelles avancées technologiques présenteront également de nouvelles opportunités, et les nouvelles créations des compositeurs présenteront de nouveaux défis. »

12 « Ces neuf études de cas sont, dans l’ordre chronologique : Stria de John Chowning (1977), Riverrun de Barry Truax (1986), Pluton de Philippe Manoury (1988), Beneath the Forest Floor de Hildegard Westerkamp (1992), Phonurgie de Francis Dhomont (1998), Imago de Trevor Wishart (2002), le Quatrième quatuor de Jonathan Harvey (2003), Music for Tuba and Computer de Cort Lippe (2008) et Hidden Values de Natasha Barrett (2013). » (Clarke, Dufeu et Manning, 2018)

13 Par exemple, la faktura n’invitera pas à une utilisation des sonogrammes, car elle est centrée sur la technologie et technique de la composition.

14 Notre traduction : « Cependant, comme de nombreuses pièces de musiques sur bande, le point de départ habituel de l’analyse de la musique occidentale, la partition, n’existe pas. La « trace » ici n’est pas une partition écrite mais un enregistrement sonore. »

15 Notre traduction : « Alors où devrait commencer l’analyse d’une pièce musicale qui serait dépourvue de partition, de notes et d’instruments ? »

16 « Much electroacoustic music exists primarily, if not entirely, as sound and not as a written score. » (Clarke, 2012, p. 348) Notre traduction : « La musique électroacoustique existe principalement, sinon entièrement, comme son et non comme partition écrite »

17 Notre traduction : « Dès lors que ces musiques existent principalement, sinon entièrement, sous forme aurale, et en considérant les limites de n’importe quelle transcription graphique du son, j’étais enthousiaste pour ajouter aux composants statiques et visuels de mes analyses des composants interactifs et auraux (à l’aide du logiciel). »

18 Notre traduction : « Une approche utilisant davantage le medium même de la musique, c’est-à-dire le son, parallèlement au texte et à des diagrammes peut aider à résoudre les problèmes évoqués. ». Les problèmes évoqués dans l’article sont liés aux représentations graphiques imprimées, aux sonogrammes et enfin à la terminologie employée pour décrire la technique

19 Notre traduction : « La musique électroacoustique peine souvent à trouver un auditoire en dehors de son cercle. Aider les auditeurs à développer une meilleure compréhension de la façon dont les sons ont été façonnés et transformés en jouant avec eux et en voyant ainsi comment ils sont interdépendants peut être un moyen de remédier partiellement à cette situation. La meilleure façon de développer une telle compréhension, que le lecteur soit un compositeur professionnel, un universitaire ou un étudiant, est de jouer avec les techniques et d’apprendre de manière interactive quelles sont les possibilités auditives. Les exercices interactifs visent à fournir une opportunité pour que cela se produise dans un contexte qui n’exige pas une grande compétence technique. »

20 Notre traduction : « [Avec ces exercices] le lecteur peut en apprendre davantage sur le potentiel des techniques et peut replacer les choix compositionnels dans un contexte plus large de possibilités utilisant ces techniques. »

21 Voir les articles de Michael Clarke (2012, p. 368 ; 2005, p. 115 et p. 117)

22 L’auteur précise que la simulation n’a pas posé de problèmes particuliers, car le processus compositionnel relevait de l’analytique et était très bien documenté (Clarke, 2009, p. 2).

23 Voir Lemouton et al. (2019)

24 Même si la communauté électroacoustique, avec le langage historique MUSIC N, est bien habituée à ces diagrammes : voir par exemple le rapport de Denis Lorrain (1980).

25 Dans notre thèse (2018, p. 88), nous montrons que les paramètres du code peuvent avoir au moins deux sources de significations, l’une computationnelle et l’autre en lien avec ce qui est perçu.

Citation   

Maxence Larrieu, «Le code de la « computer music », quelles utilisations en analyse musicale ?», Revue Francophone d'Informatique et Musique [En ligne], Numéros, n° 7-8 - Culture du code, mis à  jour le : 04/01/2021, URL : https://revues.mshparisnord.fr:443/rfim/index.php?id=618.

Auteur   

Quelques mots à propos de :  Maxence Larrieu

Chercheur, Laboratoire littératures, savoirs et arts (LISAA), Université Gustave Eiffel, 77454 Marne-la-Vallée ; maxence@larri.eu, cv.archives-ouvertes.fr/maxence-larrieu, https://orcid.org/0000-0002-1834-3007