Une revue pour l’histoire culturelle

Résumé

Présentation de la Revue d’histoire culturelle par les coordinatrices de la rédaction.

Index

Mots-clés

histoire culturelle, numérique, revue

Texte

La Revue d’histoire culturelle (XVIIIe-XXIe siècles) dont on peut découvrir le premier numéro [https://revues.mshparisnord.fr/rhc/] participe d’une histoire, celle de l’Association pour le développement de l’histoire culturelle (ADHC), et d’un contexte spécifique, celui de l’année universitaire 2019-2020. Son projet a été lancé à l’été 2019, dans l’ombre du festival d’Avignon, à l’initiative d’adhérent-e-s de l’ADHC. Présenté au bureau et au conseil d’administration de l’ADHC en septembre 2019, il a recueilli un accueil chaleureux de son président Pascal Ory, de son bureau et de ses adhérents.

En réalité, l’ADHC portait depuis sa création la velléité de créer une revue. Cependant, la tâche paraissait si considérable que l’initiative en avait longtemps été repoussée. Ce n’est donc qu’aujourd’hui, parvenue au stade de ses vingt ans d’existence – l’ADHC a été fondée le 25 septembre 1999 ; elle a déposé ses statuts le 8 décembre de la même année –, qu’elle s’est sentie suffisamment « mûre » pour développer et mettre en place sa revue. De fait, l’histoire culturelle dispose désormais d’une place reconnue dans le champ historiographique. Ses domaines de recherche, ses questionnements, ses pratiques, ses usages se sont diversifiés. Des publications, toujours plus nombreuses, s’en réclament. Des postes universitaires portent son intitulé. Elle a même fait l’objet d’une question d’agrégation d’histoire en 2018 et 2019. Au-delà des recherches qu’elle alimente, elle donne l’occasion à des débats et des controverses. Bref, l’histoire culturelle mérite une revue pour que s’y expriment les différentes sensibilités qui, d’une manière ou d’une autre, se rattachent à elle.

Certes, en 2019, l’ADHC disposait d’ores et déjà de plusieurs publications en version papier ou électronique : une lettre électronique mensuelle adressée aux adhérents et circulant largement en France et à l’étranger, un bulletin annuel imprimé publié à chaque congrès dont le volume a tendu chaque année à s’accroître (130 pages en 2019) et, enfin, deux livres contenant les textes des grandes conférences et des tables rondes annuelles de l’association – Dix ans d’histoire culturelle publiés aux Presses de l’ENSSIB en 20111 et Cultural history in France : local debates, global perspectives publié chez Routledge en 2019 (en version papier et numérique) .

Il manquait à cet ensemble une revue : la Revue d’histoire culturelle (XVIIIe-XXIe siècles), immédiatement pensée comme une revue numérique et gratuite, preuve que l’édition numérique s’imposait désormais comme une possibilité de publication et d’écriture. Signe d’une attente forte, si une seule publication annuelle avait d’abord été envisagée, la confection de deux numéros par an s’est rapidement imposée.

Réaliser une telle publication supposait d’entrer en contact avec des hébergeurs de sites de revues, et en particulier avec des « pépinières ». C’est ainsi que la Revue d’histoire culturelle. XVIIIe-XXIe siècles est accueillie par la pépinière de la Maison des Sciences de l’homme Paris Nord, elle-même possible voie d’accès à terme vers le portail OpenEdition.

Un comité de rédaction, un comité de lecture et un conseil scientifique, dont on trouvera la composition sur le site de la revue, ont rapidement été mis en place. Celle-ci dispose d’une adresse revuedeladhc@gmail.com. Un premier appel à contributions pour un dossier a été lancé et la revue a pu commencer à fonctionner dans une ambiance chaleureuse dès décembre 2019. Les premières réunions du comité de rédaction se sont déroulées en présence physique de leurs membres ; elles ont travaillé à délimiter l’espace et le contenu des rubriques et de leurs animateurs.

C’est dans ce contexte qu’est intervenue l’épidémie de coronavirus. Dès le 20 mars 2020, les réunions se sont passées en visioconférence. Dans cette atmosphère inédite, la revue a pu apprécier la qualité des liens entre ses membres et n’a que peu souffert des contraintes de l’épidémie ; le choix du numérique lui a permis de mieux affronter une période que les culturalistes se doivent et se devront d’analyser.

Le contexte est donc essentiel dans la gestation de cette revue. Ne le sont pas moins les orientations qui la structurent et dont l’éditorial, rédigé dès les premiers mois de préparation, s’est fait l’écho.

Parmi les principes partagés par l’équipe, réside la volonté de celles et ceux qui entendent l’incarner de ne pas rester cantonné.e.s à une seule acception de l’histoire culturelle, restreinte à une histoire de la culture cultivée et à ses productions. Aussi s’agit-il à la fois d’aborder toutes sortes d’objets, y compris les plus ordinaires, et de décliner toute une série d’approches : de l’histoire des institutions culturelles à celles des imaginaires sociaux, de l’histoire des formes artistiques à celle des productions symboliques, de l’histoire des corps à celle des sensibilités… L’histoire des pratiques ludiques, des modes ou des émotions rentre dans le cadre au même titre que celle des manières de se comporter, des spiritualités ou des traditions.

L’important est surtout d’adopter un regard que l’on pourrait qualifier de culturaliste en divers sens : il fait la part belle à toutes sortes de déterminations – techniques ou esthétiques, économiques ou politiques, générationnelles ou liées au partage de convictions ou de croyances ; il noue ensemble les imaginaires sociaux et les pratiques ; il donne toute sa place au symbolique ; il s’attache à l’analyse des transmissions et des circulations, des modes de communication et de diffusion comme des appropriations.

On l’aura compris, cette histoire culturelle, fille de l’histoire totale des Annales et de l’histoire des mentalités, en dialogue avec les Cultural Studies britanniques des années 1960, a aussi reçu en héritage les inflexions surgies dans les dernières décennies du XXe siècle : le retour à l’événement et l’intérêt porté au jeu des acteurs, l’articulation du singulier et du collectif, le souhait de mettre l’accent sur les usages sociaux de telle ou telle pratique dite culturelle, l’importance des systèmes de classement et d’appréciation, l’analyse des normes et des valeurs, le jeu des socialisations.

La préoccupation d’être une revue d’histoire culturelle en résonance avec son temps incite en outre à accorder toute leur importance à la dimension diachronique des phénomènes et au jeu des chronologies croisées. Il n’en demeure pas moins que le souci de dialogue avec diverses disciplines constitue un axe majeur, qu’il concerne les sciences humaines et sociales, les sciences « dures » ou les approches plus techniques.

Une dernière priorité réside dans le souci d’affirmer la dimension transnationale de la revue, qu’il s’agisse de l’ouverture sur différents espaces, de la sollicitation de chercheurs du monde entier ou des thématiques abordées. Au moment où s’internationalisent les enjeux de la recherche, la revue, accueillant des articles en français et en anglais, entend être un lieu idéal pour débattre et nouer des relations scientifiques avec des chercheurs du monde entier.

Pour ce faire, sept rubriques composent l’ensemble. Une première, « épistémologie en débats », rend compte des réflexions et des discussions en cours dans ce vaste champ de l’histoire culturelle contemporaine. Lui succèdent, pour chaque numéro, un « dossier » caractéristique de la pluralité des approches évoquées plus haut. Des « varia » accueillent des articles d’histoire culturelle, sans rattachement à une thématique particulière. L’« atelier de la recherche » est consacré aux recherches de jeunes chercheurs, masters soutenus ou doctorats en cours. La rubrique « médias et écritures de l’histoire » met l’accent sur la pluralité des modes de diffusion de l’histoire, avec une importance particulière accordée aux documents audiovisuels, visuels et sonores comme aux outils numériques. Les « actualités » s’efforcent de rendre compte de l’actualité événementielle de la recherche tandis que des « comptes rendus » de livres, y compris de bandes dessinées, de documentaires, de films, d’expositions, alimentent la dernière rubrique. Ainsi, c’est la diversité des voies d’accès à l’histoire culturelle qui est privilégiée, avec l’idée sous-jacente que le recours à la revue électronique permet un accès facilité aux ressources disponibles sur la toile.

L’ambition est considérable, démesurée peut-être. Elle est à la hauteur des espérances mises dans la création de la Revue d’histoire culturelle. XVIIIe-XXIe siècles, au titre volontairement sobre mais au vaste dessein, à la hauteur aussi de l’énergie consacrée à la faire vivre par ses membres. Espérons que l’entreprise sera réussie !

1 Et accessible en ligne depuis 2017 : https://books.openedition.org/pressesenssib/983?lang=fr

Notes

1 Et accessible en ligne depuis 2017 : https://books.openedition.org/pressesenssib/983?lang=fr

Citer cet article

Référence électronique

Evelyne Cohen et Pascale Goetschel, « Une revue pour l’histoire culturelle », Revue d’histoire culturelle [En ligne],  | 2020, mis en ligne le 06 octobre 2020, consulté le 26 avril 2024. URL : http://revues.mshparisnord.fr/rhc/index.php?id=485

Auteurs

Evelyne Cohen

Coordinatrice de la rédaction

Articles du même auteur

Pascale Goetschel

Coordinatrice de la rédaction

Articles du même auteur