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Plantes et Cie, entre sauvage et domestique : une exposition à l’écomusée de CuzalsPlantes et Cie, between the wild and the domestic : an exhibition at the ecomusem of Cuzals

Martine Bergues
juin 2024

DOI : https://dx.doi.org/10.56698/cultureskairos.2185

Index   

Texte intégral   

1L’exposition Plantes et Cie, entre sauvage et domestique1 a été présentée de 2017 à 2019 à l’écomusée de Cuzals situé dans la vallée du Célé (Lot). Cet écomusée, qui relève du Département du Lot2, comprend des bâtiments anciens, quinze muséographies sur quelques douze hectares et quelques quinze mille objets qui racontent la vie rurale quercynoise depuis le 19e siècle. L’exposition se tient dans une ancienne grange de 200 m2.

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[Fig. 1]. Plantes et Cie à l’écomusée de Cuzals. Vue sur les « Nourricières », sélection des semences et variétés anciennes.

(© N. Blaya, Département du Lot)

2Le parcours de l’exposition invite à découvrir les savoirs et les usages liés aux plantes dans la société paysanne ancienne, qu’il s’agisse de celles qui aident à bâtir et fabriquer des objets, des nourricières, des ornementales, ou encore de celles qui aident à soigner ou à marquer rites les passages. Le parcours se décline aussi sur tout le site de l’écomusée : verger, jardin, champ de céréales et de chanvre, espace des médicinales, parcours ethnobotanique. Car les plantes sont partout, essentielles autant qu’indispensables.

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3Cabane en rondins de bois de chauffage en chêne, construite en chantier participatif à l’écomusée de Cuzals en 2017 en amont de l’exposition Plantes et Cie. Photo N. Blaya, Département du Lot.

4Dès son projet, l’exposition est fabriquée avec les habitants : elle sera faite de leurs savoirs, de leurs pratiques et parfois même de leurs objets. C’est l’enquête auprès et avec les habitants qui est au principe du parcours, qui en donne les thèmes et permet le choix des expôts, objets, bouquets, graines et matières végétales, comme des contenus, photos, textes et vidéos.

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Les plantes sont souvent médicinales, elles sont conservées sur les bords de champs et fossés.

(© N. Blaya, Département du Lot)

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Cueillette puis vente de « salades du dehors », ici des pissenlits.

(© Colleyn Boyer).

5Les objets publics et les objets privés, ceux de Cuzals et ceux des habitants, entrent dans une synergie fondamentale pour un écomusée. Tout en valorisant les collections de l’établissement, ils montrent à savoir la double nécessité de faire avec et pour les habitants. Parmi les collections privées, teintures végétales et jouets pour enfants sont fabriqués et prêtés par des habitantes et leurs associations, graines et tisanes proviennent de plusieurs fermes, etc. Quant aux photos, elles décrivent les jardinières ou bien les préparations ou encore les végétaux eux-mêmes. Intégrés au parcours d’exposition, des films montrent les jardins, les bois et les champs comme les savoir-faire, et font entendre les voix de ceux qui s’en occupent.

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Brendado (nom occitan) : appareil à ôter la première peau des châtaignes.

Collection et photo Ecomusée de Cuzals.

6L’exposition permet de prendre la mesure de la grande variété des savoirs avant la modernisation de la seconde moitié du XXe siècle. On y comprend que la domestication des plantes est un processus sans cesse réitéré, qu’il engage bien-sûr la survie, car les plantes sont essentielles pour la nourriture, la respiration, le soin, etc. mais qu’il est aussi indispensable en ce qu’il exprime la façon de penser le monde, et sa mise en ordre, de façon à y vivre.

7Ce long compagnonnage des habitants avec les plantes, présenté ici au travers des savoirs de la société paysanne lotoise ancienne, semble disparaître avec le tournant moderniste du second XXe siècle, mais le processus n’est pas pour autant terminé car se réinventent aujourd’hui, en réaction aux excès d’une domination humaine sur le végétal et plus largement sur le milieu, des relations aux plantes qui relèvent à la fois de l’héritage et d’un renouvellement des usages et des amitiés respectueuses envers les plantes.

8Piloté par le Département du Lot, le réseau Plantes et Cie est né en 2018 après la présentation de l’exposition Il regroupe une soixantaine de partenaires relevant d’associations ou de collectivités, tous engagés dans la connaissance et la valorisation des plantes. Depuis 2019, le réseau propose des rencontres avec le public, appelées les Rencontres Plantes et Cie, qui accueillent des intervenants variés, experts locaux, personnes ressources, acteurs de terrain, spécialistes ou amateurs, chercheurs de toutes disciplines reconnus à l’échelle nationale ou internationale, tous connaisseurs du monde végétal et passionnés le plus souvent. Généralement construites sur le format de la table ronde ou de la conférence, voire de la journée d’étude, elles s’accompagnent le plus souvent de visites de terrain, de promenades commentées, d’ateliers, de dégustations, d’expositions, etc. Pour des modes de connaissance à la fois intellectuels et sensoriels voire émotionnels.

Notes   

1 Commissaire de l’exposition : Martine Bergues, chargée de mission ethnologie. Catalogue de l’exposition : « Plantes et Cie, entre sauvage et domestique », Patrimoines du Lot n° 2.

2 https://musees.lot.fr/ecomus %C3 %A9e-de-cuzals

Citation   

Martine Bergues, «Plantes et Cie, entre sauvage et domestique : une exposition à l’écomusée de Cuzals», Cultures-Kairós [En ligne], paru dans Amazonies mises en musées. Échanges transatlantiques autour de collections amérindiennes, mis à  jour le : 12/06/2024, URL : https://revues.mshparisnord.fr:443/cultureskairos/index.php?id=2185.

Auteur   

Quelques mots à propos de :  Martine Bergues

Martine Bergues est ethnologue, actuellement en poste au Département du Lot, et chercheure associée au Centre d’Anthropologie Sociale (Université Toulouse Jean Jaurès). Sa thèse, soutenue à l’EHESS en 2004, a fait l’objet du livre En son jardin, une ethnologie du fleurissement, paru aux Éditions de l’EHESS en 2011. Pour le Département du Lot, elle a notamment publié, Plantes et Cie, entre sauvage et domestique, en 2018.