Fantasmas autoritarios, ecos constituyentes: sobre el levantamiento de octubre 2019 en Chile

DOI : 10.56698/chcp.134

Resúmenes

« Fantômes autoritaires, échos constitutifs : sur le soulèvement d’octobre 2019 au Chili »

La conférence « Le fantasme de Pinochet », donnée par le poète chilien Armando Uribe le 9 juillet 2000, à la Sorbonne, nous semble témoigner de l’omniprésence de la figure de Pinochet dans la conscience du peuple chilien : « Je n’ai pas encore rencontré de Chilien qui n’ait pas fait de rêve et de cauchemar où apparaisse la figure de Pinochet, ou qui n’ait imaginé le sentir, assis au-dessus de sa tête, les testicules pendants ».
Il avance, dans ses interventions, que ce fantasme aurait persisté dans l’esprit des Chiliens durant 27 ans. Ce chiffre peut, à première vue, sembler surprenant, étant donné que la dictature au Chili n’a duré que 17 ans (de 1973 à 1990). Pour Uribe, ce que certains désignent comme une transition vers la démocratie ne représenterait pas, en réalité, une véritable rupture historique. C’est tout à fait compréhensible, si l’on considère que nombre de personnes continuent, encore aujourd’hui, de désigner le dictateur comme le « sauveur du Chili » ou un « mal nécessaire ». D’ailleurs, la conférence elle-même s’est tenue quelques mois seulement après l’annulation du jugement qui devait être rendu en Angleterre par le juge espagnol Baltazar Garzón. Cette annulation fut réclamée par les partis politiques chiliens tant de gauche que de droite, afin d’organiser le retour du dictateur sur le territoire national. Eduardo Frei Ruiz-Tagle, membre de la démocratie chrétienne, alors président du Chili, a ainsi affirmé, dans son discours public de 1999, que la meilleure décision pour le pays serait, selon lui, d’y ramener le sénateur Pinochet. Dans ce même discours, il a également reconnu l’existence des détenus disparus, mais considère qu’ils appartiennent au passé du Chili et à son « lourd fardeau de divisions ».
Ces éléments contextuels semblent indiquer qu’au moment du discours d’Uribe, Pinochet, loin d’être un fantôme, demeurait encore une présence tangible et visible, bénéficiant de l’impunité accordée par les gouvernements de la Concertación de partidos por la democracia.

Le soulèvement d’octobre 2019 a fait surgir d’autres fantômes, que l’on pourrait aussi qualifier de symptômes : ils sont intimement liés aux conséquences matérielles et existentielles qu’a eues le régime politique de Pinochet, et découlent de l’impunité que l’on vient d’évoquer. La désignation des actes de violence politique dont il est responsable par la Comisión Nacional de Verdad y Reconciliación (1991) et l’Informe de la Comisión Nacional sobre Prisión Política y Tortura (2004) a pu contribuer à exorciser ce fantôme, en permettant que ces crimes soient reconnus. Néanmoins, ces deux commissions ne proposèrent, par la suite, qu’une forme de réparation symbolique et, dans la plupart des cas, les bourreaux ne furent ni inquiétés, ni condamnés. Vérité donc, mais pas justice – cette dernière étant suspendue à l’arrière-plan de l’administration, apparemment pragmatique, des questions chiliennes, telle qu’imposée par le modèle néolibéral.
En octobre 2019, plus de vingt stations de métro furent incendiées, ainsi que le bâtiment de l’ENEL, des centres commerciaux et des supermarchés, autant de symboles de la privatisation de la sphère publique et de la société de consommation mise en place par la dictature de Pinochet. Mais ces événements produisent également une ouverture dans le temps historique, qui rend la continuité entre la post-dictature (qualifiée de « démocratie ») et la dictature clairement visible.
« Ce n’est pas 30 pesos, c’est 30 ans », peut-on lire sur l’un des panneaux tenus par les manifestants, montrant que cette lutte n’est pas tant liée à la récente augmentation du prix des tickets de métro, qu’à un plus vaste processus dont l’origine pourrait remonter à l’application de la constitution de 1981, soutenue par la Concertación dès son entrée au gouvernement.
La Concertation n’a proposé que des réformes superficielles qui ne viennent pas modifier réellement les logiques de politiques sociales issues de la dictature, ce dont témoigne par exemple la création du Pilar solidario (2008) au sein du système de retraites privatisées.
Deux jours seulement après que l’insurrection s’est étendue à tout le pays, le président Piñera déclare l’état d’urgence dans la région de Santiago – il s’appliquera ensuite dans d’autres communes du pays. L’armée est alors mobilisée et autorisée à sortir dans la rue, et un couvre-feu est mis en place. « Nous sommes en guerre contre un ennemi très puissant » affirme Piñera pour justifier ces mesures, une phrase par laquelle il semble déclarer la guerre au peuple chilien en révolte. Ce genre d’affirmation fait puissamment écho à la rhétorique utilisée au Chili en 1973, lorsque la junta militar a déclaré l’existence d’une « guerre interne ».
Le 23 octobre, l’Institut national des droits de l’homme recensait cinq morts et 173 blessés par armes à feu, chiffres qui ne cesseraient d’augmenter dans les jours suivants. Un jeune homme a également déclaré avoir été torturé dans le commissariat de police situé dans la station de métro de Baquedano. Cette situation incite à établir une comparaison entre le président Sebastián Piñera et le dictateur Pinochet. Au cours des manifestations, les gens se sont mis à scander : « Piñera [...] assassin, tout comme Pinochet ! »
En moins d’une semaine de soulèvement, les actions de l’État chilien ont semblé reproduire des scènes qui avaient eu lieu aux pires jours de la dictature. L’entrepreneur est devenu dictateur, rendant visible une structure mentale et sociale qui était déjà présente dans la société chilienne, connue, mais non formulée. Le même mouvement révèle le caractère inachevé de la transition chilienne vers la démocratie.
Il faut rappeler que la dictature de Pinochet s’est construite en réaction au gouvernement de Salvador Allende (1970-1973) et à sa proposition d’opérer une transition démocratique vers le socialisme. Après le coup d’État, la junta militar a déclaré que l’un de ses objectifs était l’éradication du « cancer marxiste ». Comme en écho à ces propos, le discours du général des Carabineros de Chile, Enrique Bassaletti, a comparé la violence policière envers les manifestants chiliens à une sorte de chimiothérapie destinée à lutter contre le cancer : les bonnes cellules seraient tuées, selon lui, au cours du processus permettant d’éliminer les mauvaises.
Malgré tout, le 15 novembre, face à l’ampleur grandissante des protestations, Sebastián Piñera a annoncé l’organisation d’un référendum national, qui permettrait au peuple chilien de voter au sujet de la rédaction d’une nouvelle constitution. Comme pendant la dictature, trente ans auparavant, la solution proposée est le référendum plébiscitaire, à la différence que, cette fois, il ne vise pas uniquement à chasser un homme de son poste, mais à modifier en profondeur la structure même de la politique de l’État. Ainsi, la violence du soulèvement est devenue force constitutive.

Au moment de la rédaction de cet article, on dénombrait 445 manifestants qui avaient perdu au moins un œil du fait des actions de la police. Ce chiffre fait écho à la situation en France, où, depuis le début de la répression policière du mouvement des gilets jaunes, le collectif « Désarmons-les » a comptabilisé 25 personnes éborgnées.
Dans ce contexte, le 29 janvier 2020, la journaliste chilienne Constanza Santa María a déclaré : « Quand on compare le Chili avec d’autres pays, la France par exemple, quand on voit la façon dont la police agit face aux manifestants, il y a beaucoup plus de violence [...] ces trois derniers mois, par exemple, des centaines de personnes blessées aux yeux par balle, un nombre plus élevé que dans notre pays, et il semble que ce ne soit pas un problème, alors qu’il semble qu’il y ait une réaction excessive dans notre pays ».
Cette affirmation erronée était destinée à justifier l’action de la police chilienne. Ainsi, la logique qui sous-tend ces propos semble être la suivante : si la France, pays développé, ne condamne pas, voire encourage, les violences policières, cela justifie l’application des mêmes méthodes au Chili. Néanmoins, dans les faits, ce n’est pas la France qui semble influencer le Chili, mais l’inverse : les décisions du président Emmanuel Macron ne sont pas sans rappeler l’entreprise d’imposition par la force d’un projet néolibéral, contre la volonté des citoyens chiliens.
Au Chili, la violence employée par l’État l’a rendu illégitime aux yeux de la population, justifiant, pour beaucoup de citoyens, celle qu’ont utilisée les manifestants en retour. Cette crise de légitimité crée dès lors la possibilité de modifier la constitution chilienne, dans l’espoir que le slogan « le Chili est l’endroit où le néolibéralisme naît et meurt » devienne réalité.
Est-il possible que le processus constitutif en cours au Chili puisse galvaniser l’imagination politique au-delà des frontières de ce pays d’Amérique du Sud ? Tout dépend des résultats du plébiscite qui aura lieu le 25 octobre 2020, mais, comme l’a dit Armando Uribe : « Nous devons reconnaître que nous avons tous en nous un petit Pinochet. Même en Europe ». Peut-être pourrait-on même imaginer qu’en France, où les actions de l’État ont fait apparaître, comme au Chili, ce fantôme autoritaire, il serait aussi possible d’inventer un moyen de l’exorciser.

Épilogue

Le 25 octobre, 78,26 % des électeurs ont répondu « J’approuve » à la question « Voulez-vous une nouvelle Constitution ? » De même, 79,78 % ont choisi la Convention constitutionnelle comme organe de rédaction, autorisant ainsi l’établissement d’une nouvelle constitution rédigée entièrement par des membres de la société civile comptant autant de femmes que d’hommes.
Le résultat de ce vote consolide la transformation de l’explosion sociale qui a débuté au Chili en octobre 2019 en une force constituante. Il témoigne également de la possibilité de faire de la politique autrement, en prenant en compte la volonté des classes sociales traditionnellement exclues.

Le soir de ce même jour, le président Sebastián Piñera a prononcé un discours depuis La Moneda. Avec l’ensemble de son cabinet derrière lui, masqué, conformément aux recommandations visant à freiner la propagation du Covid-19, il s’est réjoui du résultat de ce plébiscite, se dissociant ainsi du positionnement de sa coalition politique, qui soutenait le rejet. Il a célébré ce vote comme un triomphe de la paix sur la violence, mais aussi comme une victoire du dialogue et de l’accord. Au même moment, des milliers de personnes se rassemblaient sur la Plaza Dignidad, munies de drapeaux et entonnant des chants pour exprimer leur joie, indifférentes aux paroles du président et aux attaques des Carabineros de Chile qui tentaient de les expulser. Bien que la politique électorale et la rédaction d’une nouvelle constitution puissent ouvrir la possibilité d’une vie meilleure, libérée des liens néolibéraux imposés par la constitution de Pinochet, cette foule heureuse pourrait signifier que l’essence de la politique reste néanmoins dans les rues, et dans les actions concrètes qui demandent et instituent une justice encore à venir.

Authoritarian Ghosts, Constituent Echos: About the Uprising of October 2019 in Chile”

The talk “Pinochet as Phantasy” given by the Chilean poet Armando Uribe on 9th July 2000 at Sorbonne, helps us see the pervasiveness of the figure of Pinochet in the conscience of the Chilean people: “I have not yet met a Chilean who has not had dreams and nightmares with the figure of Pinochet or who has not had the fantasy of feeling him, sitting over their head, with his testicles hanging down.”
In his talks, he spoke of a 27-year influence, a number that, at first glance, might seem surprising given that the dictatorship in Chile lasted only 17 years (1973-1990). He considers that the so-called transition to democracy has not much significance in terms of an historical landmark. This is quite understandable, even outside circles familiar with psychoanalysis, when we consider that within Chile the dictator was until recently hailed by some as the “saviour of Chile”, and as a “necessary evil” by many others. In fact, this talk was given just several months after the anullment of the Pinochet’s indictment in England issued by the Spanish judge Baltazar Garzón. On that occasion did not only right wing politicians of the opposition, but also left wing politicians in office, pledge for the return to his home country of the dictator. Even Eduardo Frei Ruiz-Tagle, a member of the Christian Democracy, and then president of Chile, affirmed in his public address of 1999, that he believed that what would most benefit the country would be to bring senator Pinochet back. An address where he also recognized the existence of the dissapeared detainees, but qualified them as appartaining to the past of Chile, “heavily burdened with divisions”.
This shows that Pinochet was not a ghost at the time of Uribe’s speach. He was rather a direct and visible presence, and the form of this visibility was the impunity granted to him by the governements of the Concertación de partidos por la democracia.

The social uprising that erupted in Chile in October 2019 released other ghosts, ghosts that are also symptoms, and that have a relation to the material and existential consequences of the Pinochet rule, and that are also a consequence of the afore-mentioned impunity. The establishing of acts of political violence by the Comisión Nacional de Verdad y Reconciliación (1991) and the Informe de la Comisión Nacional sobre Prisión Política y Tortura (2004) had some success with exorcizing this ghost, due to the fact of recognitizing crimes and at the same time protecting the executioners, and to the proposition of symbolic reparation instead of condemning perpetrators. There is truth, but not justice, which is hovering in the background of the seemingly pragmatic administration of Chilean issues, according to the neoliberal model.
October 2019 saw more than twenty metro stations burnt down, as well as the construction of the trasnational ENEL, malls and supermarkets, all of them symbols of the privatization of the public sphere and of the implementation of consumer society by the Pinochet dictatorship. But this event has also exposed the continuity between post-dictatorship (“democracy”) and dictatorship.
“It´s not 30 pesos, it´s 30 years” says one of the signs held by protesters, showing that this struggle is not so much related to the recent increase of the cost of metro tickets, but to a wider period that might be signaled as starting with the constitution of 1981 and that has been sustained by the Concertación ever since it first got into the governement.
The Concertación has only gone as far as to reform the social policies implemented under the dictatorship, such as the establishment of the Pilar solidario (2008) to reform to privatized pension scheme.
Hence the actors of the insurrection of October 2019, technocrats, the military, the administration and genocide have been revealed to be part of one and the same coalition.
For this reason, only two days after the insurrection spread through the country, President Piñera instituted a state of emergency, mobilizing the army on the streets and enforcing a curfew. In this context he affirmed: “We are at war against a very powerful enemy”, a phrase whereby he implicitly declared war on the rebellious Chilean people. These kind of assertions powerfully echo the rhetoric used in Chile in 1973, when the military junta announced an “internal war” was raging.
On 23rd October, the National Institute for Human Rights counted five dead and 173 people injured by firearms, numbers which were to increase as the days went on. Moreover, a young man asserted he had been tortured in the police station located in the subway station of Baquedano. This situation prompts comparisons between President Sebastián Piñera and Dictator Pinochet. In the marches, people started chanting: “Piñera [...] assassin, just like Pinochet”. The entrepreneur has become the dictator, making visible a structure that was already present in Chilean society, well-known but not discussed. And making visible, in the same movement, the unfinished nature of the Chilean transition to democracy.
It must be remembered that Pinochet’s dictatorship constructed itself as a reaction to Salvador Allende’s government (1970-1973), and the latter´s proposal of a democratic transition towards socialism. After the coup, the military junta stated that one of their objectives was the erradication of “Marxist cancer”. This situation echoes the speech of the General of Carabineros de Chile, Enrique Bassaletti, when he compared police violence towards protesters in Chile as a kind of chemotherapy to fight cancer, where good cells are killed in the process of killing the bad ones.
Nonetheless, on 15th November, in the face of protests that seemed unstoppable, Sebastián Piñera announced the implementation of a national plebiscit, were the Chilean people would vote to approve the drafting of a new constitution. Just as the dictatorship seemed to have come back to life, the way of dealing with it was similar as 30 years earlier: by organizing a plebiscit. The violence of the uprising has become a constituent force.

At the time of the writing of this article, 445 protesters had lost at least one of their eyes due to the actions of the police. This echos police violence in France against the yellow vests, were according to the organization “Désarmons-les”, 25 people have lost an eye since the beginning of the protests.
In this context, on 29th January 2020, the Chilean journalist Constanza Santa María stated:

“When you compare Chile with other countries, France, for example, when one sees how the police confront protesters, the violence is more pronounced [...] in the last three months, for example, hundreds of people have been hurt by pellets in their eyes, a higher number than in our country, and it seems that this is not an issue there, whereas it seems that there is an over reaction in our country”.
This false assertion was meant to justify the action of the Chilean police. Its directionality is fundamental: France, a developed country, experiences police brutality, and this is not seen as an issue, therefore we should do the same in Chile. Nevertheless, what seems to be happening in this moment is exactly the opposite. It is France which seems to be following the Chile’s steps, where the neoliberal agenda was imposed by force, without the approval of citizens, and it seems to be exactly what Macron is doing in France while imposing his reforms.
In Chile, the state´s violence employed has rendered it illegitimate in the eyes of its population, in turn justifying, for many of its citizens, the violence used by the protesters. The resulting crisis of legitimity has created the possibility of changing the constitution in Chile, hopefully foregrounding the realization of the slogan: “Chile is the place where neoliberalism was born and will die”.
Is it possible that the constituent process taking place in Chile galvanize political imagination beyond the boundaries of this South American country? It all depends on the results of the plebiscit taking place on 25th October, but, as Armando Uribe said: “We must recognize that all of us have a small Pinochet inside of us. Even in Europe.” Maybe in France, as in Chile, where the actions of the state have conjured up this authoritarian ghosts, a way might be found to exorcize them.

Epilogue

On October 25th, 78.26 % of the voters answered “I approve” to the question “Do you want a new Constitution?” Likewise, 79.78 % chose the Constitutional Convention as their drafting body, thus approving the establishment of a new constitution written entirely by members of the civil society, along gender parity.
The result of this vote consolidates the transformation of the social insurrection that began in Chile in October 2019 into a constituent force and, at the same time, reveals its power to open up a new avenue for doing politics that looks to integrate those social classes who have traditionally been excluded.

On the evening of that same day, President Piñera gave a speech from La Moneda. With his entire cabinet behind him, masked in accordance with the COVID-19 health regulations, he congratulated the popular decision for the “Approval”, implicitly disassociating himself from the “Rejection” option supported by most of his political coalition. He celebrated the latter as a triumph of peace over violence, also as a triumph of dialogue and agreement, mimicking the vocabulary used by the Concertación during post-dictatorship. While this was happening, thousands of people gathered in the Plaza Dignidad brandishing flags and chanting to celebrate, all indifferent to the president´s words and to attacks from the Carabineros of Chile who were trying to expel them from where they were. Among the joyful crowd, there seemed to be a recognition that, although electoral politics and the drafting of a new constitution might open up the possibility of a better life, one free of neoliberalism imposed by the Pinochet constitution, the essence of politics remains in the streets, and in the concrete actions that demand and institute a justice yet to come.

Índice

Mots-clés

Chili, fantôme, constitution, Pinochet Ugarte (Augusto), soulèvement

Keywords

Chile, ghost, constitution, Pinochet Ugarte (Augusto), uprising

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Texto completo

I. (No) fantasma

“Hay que reconocer que todos nosotros tenemos un pequeño Pinochet adentro.”
Armando Uribe

El 9 de Julio del año 2000, el poeta Armando Uribe Arce daba una conferencia titulada “El Fantasma Pinochet” en el gran auditorio de la Sorbona en París. Esta presentación, que ocurría en el marco de la conferencia “États généraux de la psychanalyse1” convocada por René Major, exponía el rol preeminente que habría tenido la figura de este dictador en la psiquis de los chilenos y chilenas durante los últimos 27 años. Así, planteaba: “No conozco ningún chileno que no haya tenido sueños y pesadillas en que aparece su figura, o que no haya tenido la fantasía de sentirlo, sentado sobre su cabeza, con los testículos colgando2.”

Se debe notar el número especificado por Uribe: 27 años, y no 17 que son los que duró oficialmente la dictadura en Chile, que puede ser datada discretamente entre el golpe de estado del 11 de septiembre de 1973, y la transición de mando hacia Patricio Aylwin el 11 de marzo de 1990. Uribe, quién ni siquiera menciona la transición a la democracia en su texto, tan poca importancia como quiebre histórico parece tener para él, extiende con la cifra de 27 años la influencia traumática de la figura de Augusto Pinochet a los primeros diez años de post-dictadura.

Y cómo no comprender esta omisión de Uribe, incluso fuera de círculos familiarizados con el psicoanálisis; si Augusto Pinochet permaneció como comandante en jefe del ejército hasta el año 1998, año en el cual, de acuerdo a lo dispuesto por la constitución de 1981, asumió como senador vitalicio de la república de Chile. Cómo no comprender esta omisión si durante estos años la figura del dictador fue blanqueada de sus crímenes por la misma institucionalidad del estado, ensalzada, aún por algunos, como el “libertador de Chile”, el creador de su paz y prosperidad, y para los menos optimistas, como un “mal necesario” para el bienestar del país3.


Cabe recordar también, que, al momento de dictarse esta conferencia en París, hacía sólo cuatro meses que Pinochet había sido liberado y extraditado a Chile del juicio que el juez español Baltazar Garzón había iniciado contra él en Londres a fines del año 1998. Juicio en que el ahora ex general en jefe del ejército era acusado de genocidio, terrorismo4, y tortura de personas. Juicio internacional que vio, no sólo a la derecha intervenir a favor de Pinochet, entre ellos al actual presidente Sebastián Piñera, quién irónicamente escogió plantear la exigencia de liberación del ex-general bajo el pretexto de reafirmar la soberanía chilena frente al colonialismo español; sino también a personeros de la Concertación de partidos por la democracia, coalición de izquierda en ese momento en el poder.

Así, el mismo Eduardo Frei Ruiz-Tagle, miembro de la democracia cristiana, y presidente de la república en aquella época, afirma en su cuenta pública del año 1999: “No formo parte de quienes – por diversos motivos, varios de ellos opuestos – prefieren que esta situación se prolongue indefinidamente. Siempre he pensado que es más beneficioso para el país que el Senador Pinochet regrese a Chile durante mi mandato5.” Discurso en el que también plantea, y reconoce, la existencia y dolor de los detenidos desaparecidos, que sin embargo califica como pertenecientes a un pasado con una “pesada carga de divisiones” para la sociedad chilena. Esta “pesada carga de divisiones” ya había quedado patente momentos antes de que el entonces presidente pronunciara estas palabras, cuando en los escaños del congreso el diputado del partido socialista Iván Navarro se trenzara a golpes con el diputado de la Unión Demócrata Independiente (UDI) René Manuel García, a causa de una foto de Pinochet que otro político perteneciente a esa misma coalición, Iván Moreira, portaba en la solapa. En palabras de Moreira, llevaba esta fotografía para “emular” las fotografías de detenidos desaparecidos que carga “la izquierda” cuando demanda justicia. Aberrante comparación que pone a la misma altura a las víctimas y al verdugo, borrando la causalidad que tiene el mentado general sobre la muerte de estos desaparecidos, todos militantes involucrados de alguna forma u otra en la política de Allende. Ocultando también, que reivindicar al general es también reivindicar la legitimidad de estos asesinatos por parte del estado. Reivindicar, en otras palabras, el derecho del estado, al terror, y a la excepción.

Asimismo, el discurso de Frei Ruiz-Tagle si bien expone este conflicto, elige plantearlo en términos de dos partes en igualdad de condiciones que se enfrentan y están en desacuerdo, eliminando, también, aunque de forma implícita la asimetría de poder existente entre ellas. Implícitamente también, plegándose a la voluntad de la derecha, al apoyar el retorno del dictador6.


Por lo que, hasta ese momento, contrariamente a lo que plantea Uribe, Pinochet se encontraba presente no sólo como un fantasma, presente-ausente o más bien presente en su ausencia, en la vida psíquica de las chilenas y chilenos, sino que también es una presencia, directa y visible. La forma de su visibilidad, o hiper visibilidad, es la impunidad otorgada por los gobiernos de la Concertación.

II. Los fantasmas del estallido

El estallido social vio re-surgir en Chile otra clase de fantasmas. Fantasmas que son también síntomas, que si bien no corresponden directamente a la figura de Pinochet como individuo, sí guardan relación con las consecuencias materiales y existenciales de su mandato, y se desprenden, de la anteriormente mentada impunidad. Ni el informe Rettig (Comisión Nacional de Verdad y Reconciliación), ordenado por Patricio Aylwin en 1991, ni el Informe Valech (Informe de la Comisión Nacional sobre prisión política y tortura), ordenado por Ricardo Lagos y publicado en 2004, habían, con su establecimiento de los hechos, logrado exorcizar este fantasma. Esto no debe sorprender, ya que, si bien estos consiguen dar estatus de verdad a la muerte y a la tortura, vienen a ocultar a los verdugos7; proponen reparaciones simbólicas y económicas, pero no juicios a los perpetradores. En otras palabras, hay verdad, pero no hay justicia, o más bien esta queda suspendida, anulada y oculta por la administración pragmática de las problemáticas de la sociedad chilena que se impone a partir de los años 90.


Así, a partir del 18 de Octubre de 2019, no sólo se queman más de 20 estaciones del metro de Santiago, el edificio de la trasnacional ENEL, centros comerciales y supermercados. Cristalizaciones, vale decir, de la privatización de la esfera pública y de la instalación de la sociedad de consumo traída por la dictadura. Si no que también, con la energía del fuego y de la revuelta, vuelve a re abrirse, y a acelerarse, este tiempo y flujo históricos, que hasta ese momento habían permanecido detenidos. Así, tanto en las enunciaciones y acciones provenientes del movimiento social, cómo en los movimientos llevados a cabo por el gobierno para hacerle frente, pueden verse gestos que revelan una continuidad estricta entre dictadura y democracia en Chile.

Así, el estallido social, tal y como lo hizo hace casi 20 años Armando Uribe, viene a desafiar cualquier distinción radical y categórica, entre estos dos momentos clasificados como diferentes por la linearidad de la historia.

“No son 30 pesos, son 30 años” bien dice uno de los carteles cuyo contenido se ha viralizado en redes sociales. Lo que ha causado la revuelta, no es el detalle, ya nimio, de la historia reciente que es el aumento el pasaje del metro; lo que pasa ahora viene de un tiempo más profundo, un tiempo que parece empezar por lo menos en los años ochenta, en los alrededores de la entrada en vigencia de la constitución de 1981, que vino la mayoría de las veces a consolidar las reformas Pinochetistas que privatizaron empresas del estado.

Incluso Michele Bachelet, quien sufrió en carne propia los embates de la dictadura8, todo lo que hizo fue reformar los mecanismos neoliberales puestos en marcha por ésta, entre ellos el profundamente fallido sistema de pensiones, donde elige preservar la existencia de las AFP9, el cual solo viene a parchar con el “pilar mínimo solidario” impuesto por el estado. Así, la Concertación, abrazando el libre mercado como sinónimo de democracia, no hizo más que administrar estas reformas, que con el tiempo han vuelto a Chile uno de los países más desiguales de América Latina.

Tecnócratas y militares, administración y exterminio, son una coalición patente en el Chile de post-dictadura. El levantamiento de Octubre de 2019, sólo viene a enunciarlo en el espacio público.


Entre la evasión masiva de las estudiantes de liceo, las posteriores protestas que se desataron y masificaron, y la declaración del estado de emergencia a manos del presidente Sebastián Piñera hay dos días. Tan sólo dos días entre el comienzo de una revuelta popular, su presunta ingobernabilidad para el estado, y la salida de los militares a las calles de la capital y el establecimiento de un toque de queda. Todo esto acompañado de una declaración del Presidente que dice: “estamos en guerra contra un enemigo muy poderoso”, declaración a través de la cual este declara implícitamente la guerra a su pueblo en revuelta. Estos hechos, y la retórica que los acompaña, no se sucedían en Chile desde 1973, cuando la junta militar declaraba a través de El Mercurio la existencia de una “guerra interna”.

Pero a diferencia de lo ocurrido hace más de cuarenta años, las imágenes de esta “guerra” que ha declarado el estado gozan de una hiper visibilidad, gracias a las redes sociales y los teléfonos inteligentes. Se expanden videos de todo tipo: militares que marchan, armas en mano por avenida providencia; militares que tras el toque de queda dan 10 segundos a transeúntes para escapar antes de disparar, una estudiante de liceo que grita tras recibir un disparo en la pierna, policías que golpean niños, militares que disparan y arrastran cuerpos por las calles.


Así para el 23 de Octubre, el Instituto Nacional de Derechos Humanos contaba cinco muertos, 173 personas heridas por armas de fuego, 140 lesionadas; cifras que no harían más que aumentar con el paso de los días. Entre ellas la denuncia de un joven estudiante que sostenía haber sido torturado por Carabineros de Chile, en la comisaría del metro Baquedano, la cual se encuentra junto a la ahora renombrada Plaza Dignidad.

En menos de una semana las acciones del estado chileno parecían replicar escenas de los peores días de la dictadura. ¿Y cómo no replicarlas? Con una policía como Carabineros de Chile que desde sus comienzos en 1927 nace bajo el alero de una dictadura, la de Carlos Ibáñez del Campo. Y, nuevamente, ¿Cómo no replicarlas? Si Carabineros de Chile fue una de las tres instituciones, junto a la armada, y las fuerzas aéreas, que originalmente organizaron el golpe de estado, y cuya estructura organizacional y militarizada permanece prácticamente intacta hasta nuestros días10.


El estado de urgencia en Chile dura 10 días, deja oficialmente 20 muertos, y 1.218 heridos. Esto basta para que, dentro del movimiento social, y en las calles, comience a decirse que Chile está en dictadura. Así comienzan a correr memes que intervienen una famosa foto de Pinochet, pero poniendo el rostro de Piñera en su lugar. En las marchas comienza a cantarse contra el presidente: “Piñera [...] asesino, igual que Pinochet”. El empresario, se vuelve el dictador. Es importante plantear que esto no es simplemente un cambio en la opinión pública. Sino, más bien, la visibilización de una estructura que ya estaba presente en la sociedad chilena, sabida pero no enunciada. La insurrección que vivió el país lo único que hizo fue activar formas de reaccionar y significar los hechos que ya estaban presentes dentro del estado, que de hecho, nunca lo habían dejado. Se visibiliza la incompletitud de la transición a la democracia, y su imposibilidad con la mantención de las estructuras presentes.


Esto viene activar también otro tipo de narrativas dentro de la sociedad civil que se alinean con la idea de “guerra” que promovió Piñera. Así se viralizan a través de Whatsapp mensajes que plantean que hay una “invasión extranjera”, encabezada por ciudadanos cubanos y venezolanos, lo que le daría un carácter comunista. Estas aseveraciones llegan tan lejos que La Tercera, llega a plantear sin pruebas verídicas, que son ciudadanos extranjeros quienes habrían quemado el metro. Declaraciones de las que este medio de comunicación tuvo que retractarse con posterioridad.

Cabe recordar que la realidad que Pinochet vino a imponer en Chile, una realidad de privatización y libre mercado guiada por ideas neoliberales, existió en reacción a otro proyecto político, el de Salvador Allende, y su “vía chilena hacia el socialismo”, que sería su fantasma a lo largo de todo el periodo dictatorial. Esta vía, fue descrita por Salvador Allende como una vía no revolucionaria, pacífica y democrática, se había puesto en marcha a partir de 1970, fecha en que Allende gana los comicios electorales.


La junta militar, tras acceder al poder por la fuerza, dicta como uno de sus objetivos “erradicar el cáncer marxista11”. Esta idea viene a ser repetida por el General de Carabineros Enrique Bassaletti el 22 de Noviembre del 2019, quién en medio de la violencia policial ejercida contra los manifestantes, comparó las protestas que ocurrían en el país, con un “cáncer”, dónde el uso de armas de fuego sería una “quimioterapia” en la que “cuando se busca solucionar ese problema, se matan células buenas y células malas”. Observando así la revuelta y sus demandas, como una enfermedad que no es constitutiva del tejido social, y que, por lo tanto, tal y como se hizo en dictadura, puede ser extirpada.


A pesar de todo, el 15 de noviembre, ante protestas que no parecían cesar, Sebastián Piñera anuncia la realización de un plebiscito nacional en el cual se votará para ver si el pueblo aprueba la realización de una nueva constitución. Tal como la dictadura parece haberse sucedido una segunda vez, el plebiscito, aparataje legal del estado que se usó para destronarla, viene a suceder nuevamente. La toma de la violencia que se ha adjudicado el pueblo chileno ha generado la posibilidad de volverse también constituyente.

III. “La police, ça crève les yeux”: ojos arrancados, implicancias constituyentes

A pesar de las similitudes con respecto al pasado, la política represiva del gobierno ha tenido un elemento novedoso en su accionar en las calles: esta ha sido enfocada en los ojos de los manifestantes. A la fecha 44512 personas han perdido al menos uno de sus dos ojos, por el efecto de perdigones lanzados por Carabineros de Chile, quienes desde Octubre 2019 han comenzado a apuntar directamente, a veces a quemarropa, hacia los rostros de los manifestantes. Esta política represiva, que si bien es inédita en Chile, hace eco con las violencias policiales que se utilizan para reprimir manifestaciones en otros lugares del mundo. Entre ellas, los gilets jaunes, que de acuerdo a la organización “Désarmons-les” cuentan con 25 personas que han perdido un ojo desde el comienzo de sus manifestaciones13.


La periodista chilena Constanza Santa María, parece haber notado este hecho, pues mientras entrevistaba al senador PPD14 Felipe Harboe, el 29 de Enero del año 2020, viene a hacer una comparación directa de ambas situaciones: “[…] cuando se compara con otros países, en Francia, por ejemplo, cuando uno ve el actuar de la policía frente a los manifestantes cuando están provocando incidentes es bastante duro. Yo no estoy justificándolo, pero siempre miramos a los países desarrollados como un ejemplo y en Francia ha habido, en los últimos tres meses cientos de personas, por ejemplo, heridas con perdigones en los ojos en un número bastante más alto que en nuestro país y parece que allá no fuera tema y ahí es cuando parece que hay una sobrerreacción en nuestro país15”.

Esta afirmación, con la cual la periodista pretendía defender a Carabineros de Chile, quiénes se quedarían sin herramientas para defender la seguridad pública y a sí mismos de los manifestantes, causa un revuelo inmediato. Esto pues sostiene que en Francia las violencias policiales no causan tanta agitación como en Chile, y que, por lo tanto serían algo aceptado por esta sociedad, que es más “desarrollada” que la nuestra y que por lo tanto, de acuerdo a lógicas coloniales de larga data, estaría en lo correcto.

Cabe recalcar aquí la direccionalidad establecida por la periodista, y su intento débil de situar estos hechos dentro de una linealidad, en que Chile, país sub desarrollado y que se escandaliza por la pérdida de ojos, avanzaría a ser como Francia, país desarrollado que lo permite y acepta como normal. Avance que, de acuerdo a la periodista, sería hacia una progresiva aceptación de la brutalidad estatal hacia sus ciudadanos. Cabe recalcar esto, pues lo que ocurre parece ser precisamente lo contrario. Chile es el país dónde el proyecto económico neoliberal se impuso por la fuerza, sin consentimiento de la población, lo que parece efectivamente ser lo que Macron hace al llevar a cabo las reformas de orientación neoliberal que promueve su gobierno.

Observamos entonces una violencia policial, que parece tener plenamente funciones soberanas, que se marca de los cuerpos de los insubordinados, la necesidad de persuadir o dialogar parece haberse esfumado. Una violencia que no respeta la ley pues la hace en acto.


En Chile, donde la historia autoritaria es reciente, los efectos de la violencia ejercida por militares y carabineros contra los manifestantes son más radicales, excediendo lo que es permisible en Francia16 hacia las poblaciones, en general blancas, que manifiestan. Así tenemos un estado que se ha esmerado en negar que los repetidos informes de derechos humanos, desde el instituto nacional de derechos humanos y amnistía internacional que condenan su violencia. Sin embargo, es este uso y abuso de la fuerza por parte de la policía y los militares, que han violado abiertamente las leyes del estado, lo que ha logrado des-legitimar a este estado frente a su población. Un estado criminal deja de ser legítimo. Esto, paradójicamente, es lo que ha permitido abrir espacio para legitimar el uso de la violencia que se han adjudicado quiénes participan de la insurrección17.

Es en esta crisis de legitimidad de la democracia chilena, la que ha sentado las bases para que la administración de Piñera ceda la posibilidad dirimir mediante un plebiscito la posibilidad de una nueva constitución para chile, constitución que apuesta por la posibilidad de cambiar las reglas del juego en el conocido laboratorio del neoliberalismo, y que abre la posibilidad de que, efectivamente “Chile sea el lugar dónde el neoliberalismo nace y muere”, como profesa uno de los eslóganes del movimiento social.


Cabe preguntarse ahora: ¿Acaso el devenir constituyente del proceso chileno pueda atizar la imaginación política más allá de las propias fronteras de este país sudamericano? Esto es algo que aún queda por verse, y probablemente dependerá de los resultados del plebiscito a realizarse el próximo 25 de octubre18. Pero, tal y como dijo Armando Uribe hace ya 20 años en la Sorbona: “Hay que reconocer que todos nosotros tenemos un pequeño Pinochet adentro. Incluso en Europa.” Quizá este fantasma autoritario, que se visibiliza en el accionar de estos dos estados, pueda encontrar en Francia, como en Chile, los medios para su exorcismo.

Epílogo

El pasado 25 de Octubre, el 78,26 % de los votantes respondió “Apruebo” ante la pregunta “¿Quiere usted una nueva Constitución?”. Asimismo, el 79, 78% eligió Convención Constitucional como su organismo redactor, aprobando con esto el establecimiento de una carta magna escrita en su totalidad por miembros de la sociedad civil, y en paridad de género. Esta apabullante victoria se replicó en la mayor parte de las comunas de Chile, excepto en tres de ellas: Vitacura, Lo Barnechea y Las Condes. Las tres comunas de la capital donde vive la población con más altos ingresos, y que ostenta el poder político y económico del país, mostrando la estrecha conexión entre intereses de clase y votación en este plebiscito.

El resultado de esta votación, viene a confirmar el devenir constituyente del estallido social que comienza en Chile en Octubre 2019, visibilizando también su potencia para abrir una nueva forma de hacer política que parece permitir la entrada a esta de clases en general excluidas.


La noche de ese mismo día el presidente Piñera daba un discurso desde la Moneda. Con todo su gabinete a sus espaldas, enmascarado de acuerdo a las consignas sanitarias del COVID-19, felicitó la decisión popular por el “Apruebo”, desmarcándose implícitamente de la opción “Rechazo” sostenida por la mayor parte de su coalición política. Celebrando esta última como un triunfo de la paz sobre la violencia, también cómo un triunfo del diálogo y del acuerdo. Mientras esto sucedía, miles de personas se reunían con banderas y cánticos, a celebrar en la Plaza Dignidad, en relativa indiferencia a las palabras del presidente de la república y a las arremetidas de Carabineros de Chile que intentaban expulsarlos del lugar. En esta multitud alegre, parece reinar la comprensión de que si bien la política electoral y la redacción de una nueva constitución abren la posibilidad de una vida mejor, libre de los amarres neoliberales impuestos por la constitución pinochetista, lo esencial de lo político permanece en la calle, en las acciones concretas que demandan y crean una justicia aún por venir19.

1 MAJOR René (dir.), États généraux de la psychanalyse, Paris, Aubier, 2003.

2 URIBE ARCE Armando, “El fantasma Pinochet”, Informe,2000.

3 MOULIAN Tomás, “Chile Actual: Anatomía de un mito”, Santiago de Chile, Arcis Universidad, 2002 (1997).

4 Esto por la “Operación Condor” (1970-1980), campaña que une a los servicios secretos de Chile, Argentina, Brazil, Urguay y Paraguay, bajo el alero

5 https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Mensaje_Presidencial_del_21_de_Mayo_de_1999.PDF.

6 Pinochet tras tres tentativas infructuosas de juicio mediante, viene a morir en el Hospital Militar el año 2006, sin nunca haber sido condenado por

7 El informe Rettig, desde el comienzo establece que el decreto que lo creo, prohibe identificar a los perpetuadores, ya que su creación pertenece al

8 Michele Bachelet fue presidenta de Chile en dos ocasiones (2006-2010, y 2014-2018). Es hija del General Alberto Bachelet, quien permanece fiel al

9 Administradoras de Fondos Mutuos, entidades financieras privadas que administran las pensiones de chilenos y chilenas. Funcionan bajo una

10 TRINCADO Joaquín, “El cambio en Carabineros de Chile debe ser radical: No son sus armas, es su historia”, Revista ROSA, 2019, recuperado en: http:/

11 Proclama hecha por Gustavo Leigh, uno de los tres generales de la Junta Militar, el 11 de Septiembre de 1973.

12 Cifra recuperada en: https://revistacitrica.com/chile-ojos-arrancados.html.

13 Cifra recuperada en: https://desarmons.net/index.php/2019/01/04/

14 Partido Por la Democracia, pertenece a la derecha.

15 Recuperado en: https://www.eldesconcierto.cl/2020/01/29/

16 Esta aseveración debe ser cualificada, ya que las violencias policiales en los barrios populares son de larga data y alta intensidad en Francia.

17 FIELBAUM Alejandro, “Leyes y barricadas, política y violencia, otra vez”, Revista ROSA, 2019. Recuperado en: http://www.revistarosa.cl/2019/12/12/

18 Este plebiscito, inicialmente previsto para el 26 de Abril de 2020, fue pospuesto para el 25 de octubre de 2020, tras la declaración de “estado de

19 A pesar de la victoria del "Apruebo", y del triunfo del diálogo mentado por el Presidente Piñera, existen aún más de 2000 presos políticos de la

Notas

1 MAJOR René (dir.), États généraux de la psychanalyse, Paris, Aubier, 2003.

2 URIBE ARCE Armando, “El fantasma Pinochet”, Informe, 2000.

3 MOULIAN Tomás, “Chile Actual: Anatomía de un mito”, Santiago de Chile, Arcis Universidad, 2002 (1997).

4 Esto por la “Operación Condor” (1970-1980), campaña que une a los servicios secretos de Chile, Argentina, Brazil, Urguay y Paraguay, bajo el alero de los Estados Unidos. El propósito era perseguir a los enemigos ideológicos de estos estados. Baltazar Garzón define esta iniciativa como “un sistema de coordinación terrorista internacional”.

5 https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Mensaje_Presidencial_del_21_de_Mayo_de_1999.PDF.

6 Pinochet tras tres tentativas infructuosas de juicio mediante, viene a morir en el Hospital Militar el año 2006, sin nunca haber sido condenado por los crímenes de los que se le acusaban.

7 El informe Rettig, desde el comienzo establece que el decreto que lo creo, prohibe identificar a los perpetuadores, ya que su creación pertenece al poder ejecutivo y no al poder judicial. Mientras que el informe Valech, por ejemplo: “prueba la intervención de agentes del estado” pero no los identifica, sólo a los grandes mandos como Manuel (mamo) Contreras.

8 Michele Bachelet fue presidenta de Chile en dos ocasiones (2006-2010, y 2014-2018). Es hija del General Alberto Bachelet, quien permanece fiel al gobierno de Salvador Allende, es por lo tanto acusado de traición, encarcelado y torturado, falleciendo en prisión. Michele Bachelet y su madre también fueron secuestradas por la dictadura de Pinochet, y al ser liberadas fueron al exilio en Australia.

9 Administradoras de Fondos Mutuos, entidades financieras privadas que administran las pensiones de chilenos y chilenas. Funcionan bajo una capitalización individual en que cada persona dona una parte de su sueldo a lo largo de su vida para tener una pensión. Este sistema fue diseñado por José Piñera, hermano de Sebastián Piñera, en dictadura, aplicado para todos los trabajadores y trabajadoras que entran al mercado del trabajo a partir de 1982.

10 TRINCADO Joaquín, “El cambio en Carabineros de Chile debe ser radical: No son sus armas, es su historia”, Revista ROSA, 2019, recuperado en: http://www.revistarosa.cl/2020/01/13/el-cambio-en-carabineros-de-chile-debe-ser-radical-no-son-sus-armas-es-su-historia/.

11 Proclama hecha por Gustavo Leigh, uno de los tres generales de la Junta Militar, el 11 de Septiembre de 1973.

12 Cifra recuperada en: https://revistacitrica.com/chile-ojos-arrancados.html.

13 Cifra recuperada en: https://desarmons.net/index.php/2019/01/04/recensement-provisoire-des-blesses-graves-des-manifestations-du-mois-de-decembre-2018/.

14 Partido Por la Democracia, pertenece a la derecha.

15 Recuperado en: https://www.eldesconcierto.cl/2020/01/29/critican-a-constanza-santa-maria-por-afirmar-que-en-francia-las-heridas-con-perdigones-en-los-ojos-no-son-tema/.

16 Esta aseveración debe ser cualificada, ya que las violencias policiales en los barrios populares son de larga data y alta intensidad en Francia. Estas van dirigidas hacia sujetos racializados y en situación de pobreza. Por supuesto, esta aseveración no inlcuye a las violencias policiales en los barrios populares, las que son de larga data y alta intensidad en Francia. Estas van dirigidas hacia sujetos racializados y en situación de pobreza.Mathieu Rigouste ha estudiado esto en su obra La domination policière : une violence industrielle (2012) en la éditorial La Fabrique.

17 FIELBAUM Alejandro, “Leyes y barricadas, política y violencia, otra vez”, Revista ROSA, 2019. Recuperado en: http://www.revistarosa.cl/2019/12/12/leyes-y-barricadas-politica-y-violencia-otra-vez/.

18 Este plebiscito, inicialmente previsto para el 26 de Abril de 2020, fue pospuesto para el 25 de octubre de 2020, tras la declaración de “estado de catástrofe” el 18 de Marzo de 2020, a raíz del crecimiento de casos de coronavirus.

19 A pesar de la victoria del "Apruebo", y del triunfo del diálogo mentado por el Presidente Piñera, existen aún más de 2000 presos políticos de la revuelta en las cárceles de Chile. Asimismo, las comunidades mapuche en resistencia en el sur de Chile continúan a sufrir allanamientos y ataques por parte del estado chileno.

Para citar este artículo

Referencia electrónica

Daniela Jacob, « Fantasmas autoritarios, ecos constituyentes: sobre el levantamiento de octubre 2019 en Chile », Condition humaine / Conditions politiques [En línea], 1 | 2020, En linea desde 25 novembre 2020, Consultado el 28 mars 2024. URL : http://revues.mshparisnord.fr/chcp/index.php?id=134

Autor

Daniela Jacob

Daniela Jacob (1989) est sociologue et anthropologue. Elle est en deuxième année de doctorat d’anthropologie et d’ethnologie à l’EHESS, où elle prépare une thèse intitulée Frontières vulnérables : politique migratoire et racisme au Chili. Avant de commencer sa recherche doctorale, elle avait travaillé notamment sur le racisme dans les forces de l’ordre chiliennes (Carabineros de Chile), en se focalisant sur les expériences des policiers mapuches qui travaillent dans cette institution. Désormais, elle explore la manière dont l’État chilien construit les corps des immigré.e.s afrodescendant.e.s, qui rejoignent le pays depuis 2010. Un des enjeux de son approche est d’établir la relation entre la construction que l’État fait de ces immigré.e.s et les exclusions historiques de certains sujets au Chili, notamment des indigènes et des militant.e.s de gauche.