Disparues


Numéro 1

Gaëtan Tremblay et François Pichault

Editorial -1996


Résumé
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  Résumé

Le lecteur trouvera dans ce numéro une réflexion de nature philosophique sur la relation homme-machine, un modèle d'analyse des outils et techniques de vérification informatique et une analyse critique de l'évolution du métier de journaliste.

Dans le premier article, Schmidt dénonce la dérive terminologique qui consiste à appliquer à la relation homme-machine les concepts élaborés pour décrire, caractériser et expliquer les divers types de relations que les êtres humains entretiennent entre eux. Selon lui, l'entretien forcé homme-machine n'a rien à voir avec la conversation, le dialogue ou la négociation. S'inspirant de l'approche autopoiétique, il propose plutôt une perspective d'analyse qui intègre la machine comme composant du système social, ce qui le conduit non seulement à une reformulation des interactions de l'usager avec sa machine, mais également à une relecture du métier de concepteur et à un recadrage des relations usager, machine, concepteur.

Le lecteur trouvera sans doute fort utile ces clarifications conceptuelles en des temps où on évoque à tort et à raison la révolution qu'impliquerait l'interactivité des nouveaux réseaux de communication.

Dans le second article, Pérès et Morin passent tout d'abord en revue les différentes recherches, relativement peu nombreuses, publiées sur les outils et techniques de vérification informatiques. La très grande majorité de ces études se sont surtout attachées à évaluer le degré d'utilisation de ces outils et techniques et à identifier les facteurs pouvant l'influencer dans un sens ou dans l'autre. Sur la base des résultats de ces recherches, Pérès et Morin proposent un modèle à la fois hypothético-inductif et hypothético-déductif pouvant permettre de conceptualiser le phénomène et d'évaluer l'importance relative des 27 facteurs recensés par leur revue des écrits sur le sujet. Ils situent ce modèle dans le contexte d'une approche systémique socio-technique qui accorde une égale attention à la composante sociale et à la composante technique.

L'effort de théorisation de Pérès et Morin mérite d'être souligné, dans un champ qui ne semble pas avoir encouragé et cultivé ce genre de démarche, si l'on en juge à la lumière des travaux recensés. Nul doute que ceux qui s'intéressent à la vérification y verront une contribution significative à l'avancement des connaissances dans leur domaine.

Dans le troisième article, Demers analyse les transformations qui affectent la profession journalistique, dans un contexte de changement où les nouvelles technologies jouent un rôle-clé, mais où interviennent également d'autres facteurs, comme la remise en cause de l'idéologie de l'objectivité, la diversification de l'offre médiatique qui déstabilise les anciennes hégémonies exercées par les journaux et la télévision, la déroute de l'Etat-Providence, le triomphe de l'approche néolibérale, qui se traduit en particulier par l'omniprésence du marketing. Il interroge l'impact de ces transformations sur le fonctionnement des démocraties et sur le rôle d'intermédiaires classiquement dévolu aux journalistes.

L'analyse de Demers contribuera à la réflexion de tous ceux qui se penchent sur l'évolution d'un secteur passablement bouleversé depuis quelques années, entre autres par l'introduction d'innovations technologiques, et qui sera encore secoué profondément par le développement des autoroutes de l'information.

Dans le quatrième et dernier article, Panico analyse l'évolution du métier d'informaticien à la lumière des développements de la bureautique. Il questionne l'opposition des informaticiens à l'idée de la négociation sociale de la technique et s'interroge sur la redéfinition de la profession (surtout en ce qui concerne les informaticiens d'entreprises) face à l'émergence de plus en plus affirmée de l'usager-technicien. Selon lui, les progrès rapides de la représentation graphique, en élargissant considérablement ses publics et en accentuant la médiatisation de l'informatique, permettent la constitution d'un nouvel espace critique centré sur l'axe technicien-utilisateur.

Les réflexions de Panico intéresseront d'autant plus le lecteur qu'elles sont celles d'un auteur qui s'est doté d'une double formation. Il est informaticien et a pratiqué cette profession tout au long des années 80, avant de se donner une formation en sciences sociales. Cette double formation lui permet de porter un regard qui mélange avec bonheur la compréhension et l'explication.

Bonne lecture.

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