Les temps du Voyage en zigzag de Rodolphe Töpffer

About temporality in Töpffer’s acount

DOI : 10.56698/rhc.605

Résumés

À partir d’une lecture des Voyages en zigzag, œuvre célèbre de Rodolphe Töpffer, qui inaugure dans la première moitié du XIXe siècle un récit illustré des loisirs de jeunes collégiens d’un pensionnat genevois, cet article engage une réflexion sur la notion de temporalité. Chaque événement de ces escapades recèle en lui une pluralité de temps, passés, imaginés, légendaires. L’instant, le présent n’y sont jamais des unités de temps isolables. Ils sont saturés de représentations, fictives ou réelles, des événements. Ainsi se compose une temporalité singulière. Le « vécu », le « ressenti » sont désormais des « objets » pour l’historien.

From reading of the Voyages en Zigzag, a famous account of Rodolphe Töpffer, who opened during the first half of 19th century an illustrated story about leisure of young college students in a boarding school of Geneva, this article is thinking about temporality. Each event of these student’s tours involves many different aspects of time, present, past, fictive, legendary, etc. The moment, the present can’t be considered separately. They are mixed with invented or realistic transcriptions of events, that make up an original temporality. Real life impressions and actual experience are becoming new objects for historians.

Index

Mots-clés

Temporalité, vécu, ressenti, zigzag, imaginaire, émotion.

Keywords

Temporality, lived time, feeling, zigzag, imaginary, emotion.

Plan

Texte

« … Rien n’est charmant comme de déjeuner à son heure, en liberté,

de n’être attelé qu’à soi et à son sac,

de n’être attaché qu’à des compagnons qu’on aime,

de cheminer à son allure, vite, lentement, à droite, à gauche,

par la route ou par le sentier, jusqu’ici ou jusque-là,

sans que qui que ce soit ait à vous empêcher ou à vous prescrire1 ».

L’histoire du temps libre a porté l’attention sur la durée, sa mesure ou ses rythmes. Elle a dévoilé différentes manières d’occuper ce temps. Elle a révélé la variété d’activités qui s’y relaient, portées par les revendications qui leur sont associées. Au-delà du temps compté, c’est donc de la liberté que traite souvent cette branche de l’histoire. Il reste dès lors une place pour réfléchir à cette forme de temporalité que désigne aujourd’hui le « vécu », le « ressenti » du temps ainsi libéré. Cette temporalité apparaît dans les récits des souvenirs de vacances, avec les personnages de la peinture impressionniste ; elle s’illustre par les scènes de l’enfance au cinéma, pour ne donner que ces quelques exemples. La présente réflexion voudrait s’arrêter sur ce que chaque « moment » de loisir contient de « temps multiples ». Car il est imprégné par les évocations du passé, réel ou imaginaire, qui soudain l’envahissent. L’idée maîtresse – et contestable – serait que le présent ne se réduit pas à un simple instant, mais qu’il est gorgé de temps variés, éventuellement même par des fantasmes d’éternité qui débordent la perpétuité insondable. Cette diversité donne au temps ressenti une tonalité affective, émotive ou passionnelle. L’entreprise peut servir de révélateur aux « tendances » propres du locuteur, qu’elles soient morales, religieuses ou politiques. Afin d’illustrer ce projet hasardeux, une œuvre littéraire, romantique ou post-romantique, servira d’exemple, le récit par Rodolphe Töpffer des Voyages en zigzag.

De fait, si les récits de voyages de Rodolphe Töpffer (1799-1846)2 avec ses pensionnaires peuvent sembler anecdotiques, les trois tomes des Voyages en zigzag donnent corps à une mise en œuvre originale de la temporalité, bien avant et sans doute au-delà de celle des caravanes scolaires et de leur application pédagogique rendues célèbres dès la fin du XIXe siècle3. Ces récits portent en eux une philosophie de l’éducation inspirée des œuvres de Jean-Jacques Rousseau et du pédagogue suisse, Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827)4. Ils traduisent aussi une opposition politique d’intellectuels genevois à l’encontre de leurs homologues français, avant tout parisiens. Ils expriment enfin une sensibilité nouvelle à la nature, différente de celle que les Romantiques avaient développée jusqu’alors.

Un point important reste à préciser. Alors que la France a « adopté » Rousseau ou Benjamin Constant, tous deux Suisses d’origine5, Töpffer établit sa vie et son œuvre sous l’emblème du patriotisme helvétique. Ses zigzags dans le paysage helvétique sont à interpréter à la lumière de ce militantisme6. La Suisse romande que parcourt la petite troupe devient en effet l’enjeu d’un credo patriotique pour le pays natal : « Quelle autre terre sur le globe concentre dans un plus petit espace plus de merveilles quant à la nature, plus de variété quant à l’homme ? »7, déclame-t-il. Paradoxalement, on notera cependant que son œuvre littéraire doit en partie sa popularité à la reconnaissance qu’elle a acquise auprès des éditeurs et des critiques en France8

Dans les années 1830, lorsque viennent de débuter les fameux voyages en zigzag, le pays est entré dans une phase active de conquête d’identité nationale. Les courses que Töpffer entreprend durant ces années-là (il n’est pas le seul pédagogue suisse à développer cette forme de militantisme) prennent donc autant valeur hygiénique (l’air de la montagne) ou pédagogique (découvrir la nature) que civique (connaître son pays et aimer sa patrie), en application du slogan : « Nous y apprendrons bien des choses que vous n’enseignez pas ; nous y verrons bien des phénomènes dont vous ne savez que le nom ; nous y respirerons à la lumière des cieux, un air pur et parfumé »9. Ces objectifs réunis rythment un temps de liberté, que dicte cependant un souci culturel et civique. En un mot, ce temps est libre, mais son emploi obéit à plusieurs exigences. Les récits de Töpffer posent ainsi la question du loisir culturel : en quoi est-il un « temps libre », alors qu’il porte en lui la charge de son ambition éducative et des contraintes qui l’accompagnent ? C’est de cet arrière-plan du récit qu’il s’agit ici.

Ces voyages débutent autour des années 1825 et se poursuivent jusque dans la décennie 1840 (sans doute 1842). Illustrées, leurs publications ont été regroupées dans trois grands volumes, qui ont fait l’objet de nombreuses rééditions. Les premiers voyages paraissent en 1836, sous le titre : Voyage en zigzag par monts et par vaux, ou excursions d’un pensionnat en vacances dans les cantons suisses et sur le versant italien des Alpes jusqu’à Einsiedeln. En 1843, sont publiés les Nouveaux voyages en zigzag à la Grande-Chartreuse, autour du Mont Blanc, dans les vallées d’Herens, de Zermatt, au Grimsel, à Gênes et à la Corniche. L’édition de Genève des Derniers voyages en zigzag paraît en 191010.

Au pas de l’âne

Dans son bel article « L’âne des champs et l’âne de ville » publié dans les Propos töpffériens, l’historienne de l’art, Marie Alamir-Paillard, cite avec humour un passage qu’elle extrait des Réflexions et menus propos d’un peintre genevois parus en 1835. « Je parle ici de l’âne des champs, de cet âne flâneur et laborieux, esclave sans être asservi, sobre et sensuel, paisible et goguenard, dont l’oreille reçoit le bruit dans tous les sens sans que l’esprit bouge, dont l’œil mire tous les objets sans que l’âme se soucie (…) »11. Le ton est donné : la flânerie, la sobriété et la sensualité de l’animal donnent le tempo des voyages qu’organise Rodolphe Töpffer. Dans cette temporalité de la flânerie, la lenteur triomphe12.

Si, dans les recueils de fables, les caricatures de l’animal le disqualifient traditionnellement, Töpffer le réhabilite dans ses récits : « Ce qui m’étonne, ce qui m’afflige, écrit-il, c’est de voir l’âne, mon ami, calomnié par mon autre ami, La Fontaine »13. Ce compagnon du maître (et de son « armée » de collégiens) imprime son rythme au voyage. Sa cadence de marche ponctue la fin du temps scolaire, la sortie du collège, lorsque les élèves quittent les horaires de la classe et passent des exercices du manuel aux leçons de la nature, lorsqu’ils s’échappent du confinement de la pension et de son savoir académique pour découvrir le monde concret.

L’âne, symbole d’émancipation, devient maître des horloges. Le voyage dans les Alpes (1826), observe Marie Alamir Paillard14, débute avec un braiment qui sonne le départ de la petite troupe aux portes de la ville. « Un chant mélodieux est entonné par un âne à deux pas de nous et comme (notre) honneur et gloire ». Les collégiens ne peuvent que se réjouir d’échanger les consignes magistrales contre les leçons de ce nouveau guide. Aussi accueillent-ils « ce chant admirable comme un présage heureux, et comme une gracieuse offrande de la part d’un âne bienveillant, s’intéressant aux progrès des Lumières ». Les hihans, qui relaient ce que furent dans l’enceinte de la pension le son des cloches, des tambours et autres signaux sonores, défont la monotonie des cadres scolaires et ouvrent la voie à la découverte sensible. Celle-ci se prêtera aux improvisations et se réjouira des imprévus. Les temporalités vont en être bouleversées.

L’obstination ou l’entêtement légendaires de l’âne ne symbolisent pas seulement la résistance à l’autorité ou à la contrainte. Ces traits de caractère donnent à entendre la répulsion de l’éducation töpfférienne au rythme coercitif et artificiel des programmes scolaires. « Nous professons que vingt jours de cette vie commune plus intime que la vie pédagogique, et tout aussi éducative, quoique bien autrement rieuse, sont plus instructifs pour lui que vingt mois de classe »15, écrit-il. Voilà qui attribue à ce temps libéré le droit à une temporalité spécifique. Au cours de la narration, itinéraires et détours prennent la forme de la digression, invitent à l’aventure, au libre jeu de l’imagination. La bourrique qui n’en fait qu’à sa tête leur sert d’emblème. Elle illustre une manière à soi de vivre le temps, celui que dicte la nature autour de soi et que chacun de ces collégiens va découvrir en soi. Contre les valeurs scolaires, qui plongent les élèves à pleine vitesse dans le savoir académique, contre ces trajectoires scolaires par définition toutes fléchées, il inaugure la découverte des choses concrètes sous le regard de la naïveté animale. Le chemin de l’âne, c’est le zigzag : ses errements illustrent l’errance de la curiosité ; sa prédilection pour les buissons concrétise une authentique école buissonnière. Voilà autant de symboles temporels d’une doctrine pédagogique réfractaire à l’esprit de système. « Martin est un âne coquettement velouté, rayé de noir, doublé de blanc, et, comme tous les ânes, d’une physionomie impayablement philosophique »16 note encore avec humour Rodolphe Töpffer.

Le thème fait école, il ouvre la voie au triomphe de la disponibilité, cette vertu de la paresse que glorifiera au siècle suivant l’écrivain et poète Raymond Radiguet (1903-1923) - lui-même fils d’un illustrateur et humoriste, Maurice Radiguet : « Si la jeunesse est niaise, c’est faute d’avoir été paresseuse » déclare le héros du roman Le diable au corps (1923). Ces dispositions libertaires qui favorisent la culture personnelle valorisent le culte des écarts : « Je n’ai jamais plus appris que dans ces longues journées qui, pour un témoin, eussent semblé vides » conclut-il17. Selon des principes similaires, au siècle précédent, Töpffer avait condamné la manie de priver l’élève de cette disponibilité indispensable aux flâneries du corps et aux caprices de la rêverie : « Il y a deux manières de s’amuser partout, de profiter partout, de s’enrichir partout de notions ou curieuses, ou récréatives, ou utiles, écrivait-il. La première, la paresseuse, la charmante, c’est de flâner, soit qu’assis sur une chaise ou sur un soliveau, l’on regarde quiconque ou encore quoi que ce soit ; soit que, debout sur le seuil ou errant dans la cour, le long du fossé, du bois, du mur, l’on regarde quiconque aussi et quoi que ce soit encore. Nous l’avons dit ailleurs, c’est dans ces moments-là que se présentent réellement à l’esprit le plus d’idées, et cette nonchalance même du corps qui fait songer aux actifs que vous êtes là à perdre votre temps est au fond le meilleur signe qu’à cette heure, au contraire, c’est votre pensée qui se promène à son tour, qui, à son tour, prend ses ébats et court la campagne »18. Loin d’être stériles, ces « moments-là » sont une source d’inspiration, une voie vers l’accomplissement de soi.

Au regard de quoi, l’activisme des apprentissages scolaires reste une accumulation empressée de connaissances abstraites. De l’âne, flâneur incorrigible et imprévisible, qu’un rien distrait de son chemin, Töpffer retient la sagesse et il la recommande au promeneur qui avance à son gré et renonce à la ligne droite pour prendre les voies de traverse. Sur ses vignettes, en bordure d’un paysage romantique, apparaît l’animal, qui donne une âme aux contrées inconnues19. Mais le gardien de ces paysages édéniques, débâté, débridé, libre et rêveur, apparaît aussi comme l’emblème d’une vision de la Suisse romande, contrée paisible, contrepoint aux espaces agités des prestigieuses et prétentieuses capitales comme Genève ou Paris. Aux citadins affairés, aux pédagogues toujours pressés, sous la plume ironique de l’auteur, l’âne oppose le temps long de la rêverie, mouvement naturel qu’animent les opportunités qui égaient son parcours.

Auprès de la petite équipe, l’animal fait œuvre pédagogique : en chemin, il retient l’attention des uns et des autres, suscite leur curiosité et leur fait découvrir la réalité des « choses ». Au-delà, ses facéties relancent un récit d’initiation, qui marie les rythmes de la nature où se déroule cette leçon du voyage. Il rejoint ainsi ce qu’au XIXe siècle on appelle le « Bildungsroman »20. Les pérégrinations estivales de Töpffer avec ses élèves inscrivent bien le processus de rupture du voyage initiatique. Changement d’univers et de système de référence, lorsque l’enthousiasme juvénile accompagne une évasion vers les montagnes qui pulvérise la platitude ou la grisaille émanant de la pension aux horaires stricts.

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Nouveaux voyages en zigzag à la Grande-Chartreuse, autour du Mont Blanc, dans les vallées d’Hérens, de Zermatt, au Grimsel, à Gênes et à la Corniche (1843), « Huitième journée », p. 53. « - Que gagnez-vous ? – Quatre sous, cinq sous, quand l’ouvrage va – Et pourtant content ! – Que voulez-vous, il faut prendre patience pour gagner le ciel ». Les leçons de la pauvreté et de la foi.

La curiosité constamment en éveil de ces excursionnistes contraste avec les conditions spéculatives et livresques de l’étude au collège, telles que Töpffer les interpelle : « Et vous, vocabulaires, tant par ordre de matière que par ordre alphabétique, que vous ai-je fait pour que vous veniez ainsi me tourmenter ? Ah ! bien plutôt, faites-vous un peu moins alphabétiques, et tous ensemble revolons aux montagnes !... Nous y apprendrons bien des choses que vous n’enseignez pas »21. Aux maîtres qui s’empressent de faire valoir la précocité de leurs élèves, et de tirer gloire de la rapidité de leurs progrès, l’âne oppose son pas nonchalant, allégorie du rythme de la maturation naturelle. Car c’est celui qu’ordonnent la saine croissance et le développement spontané, le cours ordinaire de la nature. Il chemine au gré des saisons de l’enfance et de l’adolescence, sans précipiter l’élève dans des progrès prématurés. Il ne le prive pas de son enfance et ne l’enferme pas non plus dans les progressions calibrées d’un savoir scolaire préfabriqué, où rien ne peut ni ne doit le distraire de sa voie et de son objectif. Il préserve enfin son monde intérieur que ne troublent ni ne perturbent les exhortations acharnées d’un maître autoritaire.

Pour ceux d’entre eux qui la pratiquent, la marche n’est plus une obligation quotidienne, ni une occupation monotone ; elle est devenue l’amusante activité « de se porter à droite, à gauche, là où l’insecte bruit », là où « le parfum trahit la fleur », et laisse augurer de nouvelles trouvailles : « l’on va de ravins en plaine, de clairière en taillis, d’amusement en trésor, et des journées d’une excessive longueur paraîtraient à cet apprenti naturaliste une trop courte promenade, si heureusement il ne lui restait encore à compter et à classer ses richesses, à leur trouver une place sûre sous le cuir de son havre-sac »22. Sous la férule magistrale, les programmes du collège conduisaient docilement d’un savoir au suivant, selon la progression du manuel ; le temps de la promenade en revanche est rythmé par quantité de « trouvailles », ce savoir improvisé qu’engendre la curiosité adolescente, et « Chacun fouille les herbes, retourne les pierres, se fait aide, chercheur, trouveur heureux ou habile ; le grand chemin se dépeuple, et ce n’est plus une caravane de voyageurs qui marche, mais une troupe de gais colons faisant une battue et avançant éparpillés »23. Une temporalité aléatoire, dictée par la rencontre imprévisible de la rareté et l’exploration des trésors cachés. En somme, la gaieté et l’enthousiasme animent cette expérimentation du temps libre.

Le récit de Töpffer flatte ainsi la « tendance aux parenthèses ». Tout comme les déambulations de l’âne libéré de sa bride et lâché sur les bords des chemins, les voyageurs en zigzag valorisent l’art de la divagation et du vagabondage. Le pas de l’âne sert de « leçon » : il initie à la diversité des choses : « La flânerie est à la hâte ce que la ligne droite est au zigzag »24. C’est en musardant que le collégien se cultive et pour cela, il faut qu’il échappe aux contraintes des carcans scolaires.

Sans oublier pour autant que l’âne sait aussi rendre service : tout en lambinant le long des buissons au bord du chemin, il transporte bien des fardeaux et voiture des individus fragiles ou fatigués. Autre leçon des choses : alors que l’école favorise l’élitisme et stimule l’individualisme, l’âne se met au service des faibles et des blessés – blessés de la vie ou du cursus scolaire, dira-t-on. Alors que le collège valorise les performances individuelles, l’âne enseigne la générosité et la solidarité. Autant de vertus qui prennent du temps, mais éveillent l’attention au rythme des autres, et à leurs multiples pondérations.

Ce qui n’écarte pas cependant le caractère ludique de ces expéditions, car de temps en temps la troupe s’offre le privilège de poursuivre son périple à dos d’âne : au cours du voyage à la grande Chartreuse en 1833, « à Aix (les bains), on trouve une grande quantité de ces animaux qui sont destinés à voiturer les cacochymes ». Il n’en faut pas davantage pour attirer l’attention sur « Hermann qui a mal aux pieds, Pierre qui souffre du mollet, toute la caravane qui boîte. On loue donc tout ce qu’on peut trouver et c’est une cavalerie générale »25. L’un des procédés privilégiés du récit chez Töpffer consiste à collecter des traits pittoresques et familiers de l’enfance pour hausser le propos vers une réalité collective, avant de la tourner en dérision en diversifiant les digressions.

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Nouveaux voyages en zigzag à la Grande-Chartreuse, autour du Mont Blanc, dans les vallées d’Hérens, de Zermatt, au Grimsel, à Gênes et à la Corniche (1843), p. 1. « Vacances 1833, Première journée ». L’ennui de la classe a laissé l’araignée tisser sa toile et les pensionnaires s’assoupir, chapeautés par leurs manuels.

Dans le livre consacré à l’œuvre de Töpffer, et qu’a dirigé Daniel Maggetti (1996), Philippe Kaenel signale que le récit de l’Excursion dans les Alpes réserve deux pleines pages au baudet qu’au cours de ces journées Töpffer avait coutume de crayonner méticuleusement en petites figurines. Ces croquis illustrent, il est vrai, ses propres réflexions sur le « trait ». Mais le tracé du crayon, qui esquisse la morphologie du baudet, accentue le relief de ses côtes et suggère une sorte d’expression comme en notent les spécialistes de la physiognomonie26. Oreilles dressées, silhouette efflanquée, croupe saillante, il devient la mascotte qui configure les paysages que s’apprête à parcourir la troupe. En traçant sa route dans ces contrées au relief accidenté, le voyageur est appelé à découvrir la liberté et l’initiative : ne mesurant pas son temps, l’âne saisit les aubaines que lui réserve le bord des chemins.

Mais un non-dit couve dans cette description, de loin le plus important. On observera que cet éloge de la lenteur et de l’improvisation surgit au moment où se développe en Europe le travail industriel, qui ordonne les rythmes journaliers et impose ses cadences de production. L’unité du temps de production l’emporte sur l’unité de l’objet fabriqué, le travail rationalisé de l’ouvrier efface le temps de création de l’artisan. Ce temps industriel qui gagne toute l’Europe entre une rupture totale avec le « temps naturel » que défend Töpffer27.

Temporalités extrêmes

La promenade des pensionnaires inclut aussi des haltes. Pas simplement des temps d’arrêt pour reprendre son souffle, se sustenter ou se désaltérer – qui ne sont que des moments de repos ou de simples répits –, mais des moments d’émerveillement. Non pas une pause entre deux efforts, mais une suspension du temps : le temps de rendre grâce aux merveilles de la nature. D’où cette expression de ravissement qui échappe au professeur lorsqu’au-delà d’Obergesteln la vallée se resserre sur un défilé sauvage. Il aperçoit alors « encaissé entre les pentes de la Furca et celles de Mayenwand le magnifique glacier du Rhône. Quel sanctuaire auguste, et comme rempli de religieuse horreur, que cette pierreuse vallée, où, de dessous d’une voûte transparente, du fond d’une grotte glacée, retentissante, profonde, s’échappe déjà, roi et fier, l’un des grands fleuves de la terre ! »28. Le rythme de l’excursion a ménagé ces périodes de contemplation. Sous la plume de Töpffer, elles sont à la fois l’occasion d’admirer et le moment de se recueillir, le bonheur de rendre un hommage aux merveilles de la Création. Mais ils marquent aussi le moment de la découverte sensible, de la connaissance intuitive, pleine d’émotion : contemplation de l’œuvre divine et synthèse des sens entrés en communion avec la pure nature.

Cette glorification de la nature n’est pas seulement morale ou religieuse, elle inclut une part de patriotisme, car une fois confronté « à cette belle école des temps passés, (un collégien) ne pourra que devenir meilleur citoyen », prétend Töpffer. En invoquant les succès touristiques de ces lieux consacrés, il donne au voyage en zigzag une dimension civique : « Je crois d’abord qu’ils doivent chercher à voir ces grands phénomènes de la nature, que les étrangers viennent de si loin admirer chez nous (…) ces glaciers (…) ces cataractes (…). Pour dominer d’immenses paysages, ils se rendront au sommet de quelques-unes de nos hautes montagnes ». Il s’agit tout autant de restituer à la jeune génération suisse (avant tout romande) le sentiment de posséder une richesse qu’envient les autres nations, que de s’opposer à leur convoitise, réelle ou fantasmée. Mais il faut aussi que cette nouvelle génération assume son patrimoine. Ce qui demeure un temps d’exception pour les riches touristes venus du monde entier doit être mis à leur portée immédiate, s’inscrire dans le temps quotidien de la jeunesse suisse. Ce moment du loisir touristique, temps d’exception, hors de l’ordinaire et loin des affaires, s’ouvre à la découverte d’une temporalité plus familière. Voilà quelle est la finalité éducative du voyage en zigzag. Töpffer prescrit même à chaque pensionnaire d’écrire « un journal dans lequel il marquerait tous les soirs ce qui l’a frappé dans la journée (…) afin de le garder comme un monument et un mémorial »29. En un mot, il n’aspire à rien de moins qu’à suspendre la fuite du temps pour l’inscrire dans le présent de la mémoire.

Les voyages en zigzag ont encore une autre ambition. Ce sont originellement des courses organisées pour l’éducation de jeunes pensionnaires : « Pour être décidément une partie de plaisir, (le voyage) doit ressembler plutôt encore à un laborieux exercice qu’à une facile et récréative promenade »30. Le pittoresque doit susciter la curiosité. Sur les vignettes que croque le directeur de la troupe, on découvre de hauts sommets, de terribles glaciers, des à-pics, des falaises et le fracas des cascades, mais il y a aussi le miroitement des rivières, le reflet des nuages sur les lacs, le repli des roches dans les grottes, la prouesse des ponts qui enjambent les torrents. Dans les récits de Töpffer, comme l’observe Philippe Kaenel, tous ces spectacles sont profondément humanisés, enrichis par la présence de personnages folkloriques, d’animaux domestiques, de chemins qui serpentent en douceur dans le paysage, de croix qui rappellent les mystères de la foi, de barrières qui protègent un troupeau, autant de témoignages qui inscrivent la présence humaine au cœur de la nature. Ces témoins attirent l’attention du lecteur sur les curiosités naturelles : le spectacle de la chute de l’eau dans les torrents ou les cascades alterne avec le lent écoulement des ruisseaux ou le miroitement d’un lac. Le voyage en zigzag inclut une authentique familiarisation avec ces rythmes alternés des éléments naturels, poussés à leur extrême de violence et de calme, de rapidité et de lenteur. Et ce spectacle de la nature dévoile une autre appréhension du temps.

Depuis les Romantiques au moins, les montagnes inspirent en effet aux voyageurs le sentiment de la transcendance. Leurs abîmes relèvent du sublime, source de terreur sacrée devant les forces incontrôlables de la nature mais aussi de sensations inouïes devant le spectacle de tels prodiges. Le chef de la troupe associe effectivement la beauté à l’horreur : « Il est difficile de donner une idée des beautés horribles de la Via Mala »31 s’exclame-t-il durant l’expédition de 1838, et de poursuivre : « Ce défilé célèbre se compose de deux gorges étroites, ou plutôt de deux profondes fissures, au fond desquelles mugit le Rhin, et que sépare l’un de l’autre une vallée paisible, verdoyante, et placée là comme pour donner au voyageur les plus vives impressions de contraste »32. Deux imaginaires se télescopent ici, l’admiration – prologue à la contemplation –, d’une part, le vertige, peur du vide, de la chute et de la mort, d’autre part. La contemplation, qui procure un état de grâce, se combine à la violence des peurs devant le péril mortel. Un moment synthétise une authentique sensibilité religieuse. Cette halte, qui a interrompu la progression de la petite troupe, devient un temps de recueillement, une forme de prière –inhérente à la foi protestante de l’auteur33. L’homme, être mortel, devient humble devant la création. Loin de l’instruction scolaire ou de la catéchèse, le voyage échappe aussi bien au simple amusement, à la distraction, qu’à l’instruction purement morale. Il se révèle comme une expérience cruciale de la condition mortelle de l’homme, le temps de l’existence terrestre.

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Nouveaux voyages en zigzag à la Grande-Chartreuse, autour du Mont Blanc, dans les vallées d’Hérens, de Zermatt, de Grimsel, à Gênes et à la Corniche (1843), « Quatrième journée », p. 31. « De toutes parts, en effet, une zone de monts entoure comme une inaccessible muraille les pentes boisées (…) En deux uniques endroits, deux torrents se sont pratiqué une issue, dont l’homme a profité pour pénétrer dans la contrée ». Gorges et torrents racontent une histoire d’avant l’humanité.

Le spectateur découvre simultanément la relativité des durées, durée immémoriale des paysages et présence éphémère de la vie humaine. Une histoire pour ainsi dire millénaire s’oppose aux existences temporaires des hommes. Concrètement, ces mises en perspective confrontent la solidité de la montagne et la résistance de sa roche à la fragilité de la chair humaine. Le rapprochement de ces deux temps rappelle à ces collégiens l’arrogance des êtres mortels confrontés à l’infini de l’univers. Il oppose aussi la vanité des existences humaines, qu’enorgueillit leur précipitation dans le progrès, aux lenteurs millénaires de l’histoire du monde. Le spectacle s’adresse à leur désir d’inscrire ce qui s’offre à leurs yeux dans ce qu’ils éprouvent face à de tels abîmes de temporalité. La nature vit au rythme de l’histoire longue, celle des siècles et des millénaires qui ont dessiné et sculpté ces paysages et auxquels ils ont donné leur forme et leur matière. Et si tous les hommes « n’ont pas ce penchant à observer », c’est que « chez un grand nombre, il n’a jamais été cultivé ». C’est bien en quoi le voyage est révélateur de secrets enfouis : « Nous n’hésitons pas à penser que les voyages à pied sont un des moyens les plus efficaces pour le faire naître »34, conclut le maître.

La contemplation s’accompagne enfin d’un sentiment de mélancolie, distinct mais complémentaire de celui de l’humilité. Cette passion sombre déclenche la réflexion sur les spectacles que Töpffer décrit avec lyrisme. Dès le XVIIIe siècle, les ascensionnistes, premiers conquérants des sommets alpins, avaient donné le ton35. Töpffer s’imagine partir sur leur trace : « Pour moi, je veux m’abreuver à la coupe des contemplations splendides et des émotions profondes, je m’envole aux montagnes jusque par-delà les hauteurs inaccessibles où l’aigle s’est choisi son aire ». Dans un élan de lyrisme, l’envol vers des sommets inaccessibles inclut la plongée dans la foi intérieure des émotions. La conclusion suit « et là, face à face avec la création primitive, seul, affranchi, redevenu, loin des factices étais de la société, ce que je suis réellement, une frêle et timide créature pendue au milieu de l’immensité, je retrouve alors l’infini, je retrouve le mystère, le trouble, toute cette vague et religieuse rêverie où se prolonge avec transport la pensée »36. Le temps s’est arrêté sur une confrontation d’ordre mystique : alors que l’école enseigne les Lumières du progrès, fait l’éloge de leur accélération grâce au développement des sciences et des techniques, le promeneur, frêle créature confrontée à l’infini, remonte le cours du temps à la recherche des origines du monde, en quête du temps de sa création. Il livre un procès récurrent à la vitesse (« montre à la main »), sans doute aussi aux savoirs « positifs » (où chacun « croupira sous un ingrat monceau de données exactes et de notions toutes faites »37), et préfère la méditation. Le zigzag initie à la sagesse du temps long et à l’humilité de l’âme : confrontée à l’immensité, le voyageur rêve d’éternité. L’éternité ? L’infini du temps ne serait que perpétuité. L’éternité serait une totale et irréversible libération de la temporalité.

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Nouveaux voyages en zigzag à la Grande-Chartreuse, autour du Mont Blanc, dans les vallées d’Hérens, de Zermatt, de Grimsel, à Gênes et à la Corniche (1843), « Onzième journée », p. 187. « C’est le roussin justement qui, point honteux du tout, mais léger, tortillant, pétaradant, lance des crottes ». Oreilles dressées, l’âne, animal libre, se laisse entraîner par sa spontanéité, et ne craint ni baguette ni maître.

Une zone d’ombre se découvre, un non-dit. Nul n’oubliera que son patriotisme oppose aussi ses propres convictions aux réflexions des Philosophes et des écrivains « français », dont il conspue la superficialité, l’affectation, les faux-semblants, et dont il condamne la légèreté. L’essentiel vient ensuite : à leurs proclamations impies de liberté, qui balaient des siècles de foi chrétienne sous couvert d’obscurantisme, il oppose la profondeur de la méditation et l’ardeur d’une pieuse contemplation, auxquelles il invite ses pensionnaires et ses lecteurs. En condamnant la vivacité des idées novatrices, en privilégiant le vagabondage de la méditation, il valorise d’anciennes temporalités, revendique une culture choisie, en réaction à toutes sortes de Révolutions. Cette forme de patriotisme l’a poussé à siéger en tant que membre conservateur au parlement du Canton de Genève en 1834 et qu’il polémique ensuite dans le Courrier de Genève, journal ultra-conservateur.

Les temps du corps

Le pas de ces jeunes pensionnaires est aussi tributaire des déclivités et des escarpements du terrain. Ce n’est plus le temps régulier et uniforme des horaires de la ville, ni la succession immuable des chapitres et des règles bien ordonnées qui ponctuent le temps scolaire, mais le rythme aléatoire de la rencontre du corps avec la réalité des chemins et des sentiers. Non plus les jours et les heures comptés ou décomptés, tel que les ont conçus les aménagements des routes et des cités ou l’ordonnancement des enseignements et des manuels. Ici la matérialité du terrain va dicter son tempo à ce temps de liberté personnelle. Car c’est à elle que nuisent les durées monocordes des transports voiturés et de leurs trajectoires rectilignes. Ces commodités techniques sont au mieux des abrégés du voyage, des temps vides de contenus et remplis d’impatience ou d’ennui ; au pire, ce sont des temps morts. Voilà le prix du confort des voitures avec cocher et des omnibus.

Ce style de vie n’est sans doute pas le seul auquel s’opposent les conceptions pédagogiques appliquées par Rodolphe Töpffer à ses pensionnaires, le plus souvent issus de milieux nobles ou « favorisés ». On observe en effet que lorsque l’un des disciples de Pestalozzi, Philipp Emanuel von Fellenberg, fonde dans le domaine d’Hofwyl, plusieurs instituts, il distingue l’Institut agricole, l’Institut des Pauvres et l’École d’industrie, des méthodes appliquées à l’Institut de jeunes Nobles. Ne diffèrent pas seulement les catégories d’élèves, mais aussi la conception et l’organisation des temps libres dans ces différents systèmes d’éducation.

Quoi qu’il en soit, les zigzags font le pied de nez à ces chimères qu’entretiennent le matérialisme et le confort promis et promus par le progrès technique, la révolution des usages et le nouvel ordre social. Sous la plume de Rodolphe Töpffer ces « valeurs » de la modernité ne résisteront pas au crible de la randonnée. Il prend en grippe ces « touristes actuels, tristement véhiculés par les grandes routes, tristement portés sur les hauteurs, lamentablement régis, dominés, asservis, par la mode, le guide, le tarif, le voiturier, le muletier et un ennui souvent très visible ». Les routes bien tracées, les véhicules douillets, les commodités vendues par les guides ou les services alloués par les voituriers, autant de toquades portées par la mode, de dépenses vaines, d’aménagements attentatoires à la communion du corps avec les paysages parcourus. Ces aménagements nuisent à la culture sensible des choses. Ils donnent au voyage l’allure (dans tous les sens du mot) d’un déplacement, réduisent une promenade à un temps d’horloge. Chaque trajet y est évalué à cette unité de mesure ; les aléas d’un voyage, privé d’aventures, insensibles au charme des paysages, se mesurent à l’aune de la précipitation. L’émerveillement cède la priorité à l’impatience.

De celle-ci, Töpffer laisse affleurer le contexte affectif ; il pointe les déceptions, les désillusions, et finalement les fiascos : « un des spectacles les plus tragiquement comiques, c’est un honnête gentleman qui a pris tant de peine, qui s’est donné tant de souci, qui a dépensé tant d’argent pour n’admirer point, pour n’éprouver que de très équivoques impressions, et s’en retourner à moitié mystifié, le cœur vide et la bourse aussi »38. La solution s’impose d’elle-même : « Cheminer lentement, voir en détail, c’est jouir d’une pareille contrée ; s’y faire voiturer au grand trot, c’est consommer gloutonnement et pêle-mêle les mets savoureux ou délicats d’un riche banquet »39. Töpffer a écarté l’ordre de l’évaluation technique pour valoriser le jugement de goût.

Il s’est détourné des journées comptées et de la quantité de sites visités pour privilégier la durée savourée calmement, l’escapade dégustée en prenant son temps. De leur circuit, les touristes qu’il fustige (qualifiés de « touristicules ») ne sortiront pas seulement ignorants, ils n’auront tout simplement pas acquis le sens, ou plutôt le goût, du voyage. Bref, ils n’auront rien tiré de leur temps libre. Prendre son temps, ce n’est pas perdre du temps, mais c’est déguster chaque instant. Nouvel éloge de la lenteur : les premiers sont des gloutons, les marcheurs, des gourmets. À l’écart des préoccupations de carrières, loin de l’empressement des affaires, au-delà de la quête d’excellence et du prix d’honneur, voici les recettes de la sagesse : « si vous êtes encore dans l’âge de la vigueur et de la santé, allez apprendre sur nos traces et à notre exemple, en parcourant à pied les montagnes, ce que valent ces banquets conquis par la marche, assaisonnés par la lassitude, et tout fleuris d’expansive gaieté »40. La valeur de la marche à pied tient à la joie de vivre qu’elle procure. C’est bien à ce temps du loisir qu’il faut consacrer cette expérience du corps.

À celle-ci Töpffer mêle le récit de l’appropriation, de l’incorporation, davantage de l’ordre de la familiarisation que de la domestication : « De cette façon la Création devient votre domaine, la nature votre jardin, où vous vous promenez avec l’aisance et la sécurité d’un propriétaire visitant ses tulipes »41. La faculté d’abstraction qui marque les progrès scolaires de l’intelligence s’efface au profit de l’expérience esthétique, celle du contact sensible avec le monde. Cette expérience sensuelle donne de la chair à la connaissance : « Cette liberté, ce bien-être que contracte l’esprit passagèrement nettoyé de soucis, délié de chaînes, ce qui durant les longues heures de marche s’assainit, s’anime, s’élève, et devient réellement plus propre à goûter avec simplicité le beau et le bon »42, écrit Töpffer.

Même les obstacles imprévus, sources ordinaires de contrariétés, causes de retards perturbateurs pour certains, se révèlent éducatifs pour les autres : « L’effort de l’ascension, les effets de l’altitude, la confrontation au spectacle grandiose de la haute montagne inspirent des pensées plus nobles. Ils conduisent à une sorte d’élévation spirituelle et à un détachement des contingences habituelles souvent empreintes d’une certaine médiocrité de sentiments »43. Il ne s’agit pas banalement de renoncer à la vitesse, ni de céder à la nostalgie des rythmes d’antan que la modernité a plongés dans l’oubli, voire dans le mépris. Il est temps de réhabiliter la simplicité et urgent de l’opposer à des artifices fallacieux. La promenade en montagne occupe une durée hors du temps des calendriers et des horloges. Elle n’a rien à voir avec ce qu’ils comptent et mesurent. Plus qu’une parenthèse, ce temps libre est la voie de la sublimation, « un exercice constant des forces de l’esprit et de celles du corps ; il y a partout, quelle que soit la contrée, activité, saveur, conquête, aventure, et nulle part cette torpeur oisive, cet insipide bien-être où végètent tant d’opulents touristes ». Une synthèse des sens naît de cet exercice : l’idée d’éduquer la « totalité » de l’humain, si chère aux philosophes et aux pédagogues, est invoquée comme salvatrice. Elle serait un remède à la consomption, à la stagnation et au dépérissement. Bref, tous les maux que depuis le XVIIIe siècle les médecins de l’enfance et les pédagogues lancés sur leurs traces ont redouté de la vie confinée dans les internats et les lycées44.

Un autre bénéfice est attendu. Chez le marcheur, le renouveau des sensations oubliées ou inconnues, l’abandon des habitudes du confort « font paraître vives et neuves des choses qu’autrement l’on n’aurait sans doute à peine remarquées ». En allant à pied, le voyageur étend ces heureuses dispositions : « Tandis que la marche électrise, ou que la fatigue fait trouver du prix aux moindres occasions de s’étendre sur le gazon ou de choisir son ombrage (…) le simple inattendu provoque bien vite la surprise »45. Pour un touriste voituré, le voyage doit rester sans imprévu et s’arrêter à l’heure à son point d’arrivée. Pour le promeneur, surtout lorsque sa marche a été longue et éprouvante, le soulagement qui s’ensuit prolonge la durée de son loisir46. Sa fatigue lui offre un surplus de délectation. Le voilà rendu attentif à lui-même et à ce qui l’environne, comme si ce temps de soulagement et la récupération de ses forces venaient enrichir sa déambulation. A l’arrivée, l’effort accompli enchante le temps du repas et gratifie celui qui sait l’apprécier : « Il n’est pas mal non plus de se fatiguer assez pour que tous les grabats paraissent moelleux, ni de s’affamer jusqu’à ce point où l’appétit est un délicieux assaisonnement aux mets de leur nature les moins délicieux »47. Cette fois, l’imaginaire a pris le dessus. La fatigue livre un au-delà du temps. La marche n’est pas limitée aux membres moteurs, pieds et jambes, elle diffuse ses bienfaits à l’ensemble du corps, et cultive l’émotion. Voilà qu’« une simple soupe servie dans une grange foraine prend aussitôt des allures de festin »48.

Compte aussi pour le récit la menace des intempéries. Malgré les apparences, ces dérèglements ont leurs avantages pour qui sait les accueillir, ils « rompent l’uniformité d’un plan arrêté et connu d’avance »49, car ils introduisent de la variété et poussent à prendre des initiatives, alors qu’ils troublent l’uniformité d’un itinéraire établi, en reculent les horaires, et ne procurent que désagrément et irritation chez les clients. Pour le promeneur, les bourrasques et les rafales incitent à choisir les bons passages ou à improviser les itinéraires, autant d’aventureuses tentatives qui développent le courage d’affronter le péril avec gaieté50. Bien plus, « si on voyage en troupe nombreuse, la pluie et la tempête, au sein des solitudes et loin du foyer domestique, sont une sorte d’adversité qui rapproche, qui assemble, qui porte à s’entraider et à compter les uns sur les autres (…) ainsi, pour chacun, il n’y a d’autres préoccupations que celle du salut commun »51. En classe, au collège, chacun occupait la place qui lui avait été assignée. Cet ordre obéissait à un concept pédagogique, il liait l’élève au regard du maître, le plaçait sous son autorité. La promenade, l’excursion ou la randonnée défont une telle organisation disciplinaire. La place des collégiens n’est plus prévue d’autorité, leur voisinage se compose au fil du temps, lorsque les épreuves créent des solidarités d’entraides ou d’ententes. Le meilleur exemple en est le voyage au col d’Anterne, cette montagne qui « nous est chère, et nous y retournons la visiter comme on fait à un ancien ami, non pas parce que nous y fîmes une marche facile sous un ciel d’azur, mais parce que nous y fûmes aux prises avec l’obstacle et le danger, qui firent surgir le dévouement, le courage utile, l’abnégation de soi, puis ce doux et triomphant plaisir qui accompagne tout succès où le cœur est pour quelque chose »52. Ce précieux temps du voyage à pied forge les caractères, forme la sociabilité, engendre des amitiés profondes. Par un penchant naturel de l’adolescence, affirme Töpffer, la solidarité naît souvent de l’adversité. Le mauvais temps devient un bon temps, car créateur de convivialité.

Enfin, le récit associe ces choix à des scènes bucoliques et « rien n’est charmant comme de déjeuner à son heure, en liberté, de n’être attelé qu’à soi et à son sac, de n’être attaché qu’à des compagnons qu’on aime, de cheminer à son allure, vite, lentement, à droite, à gauche, par la route ou par le sentier, jusqu’ici ou jusque-là, sans que qui que ce soit ait à vous empêcher ou à vous prescrire »53. Une idée fait son chemin : ce n’est plus à l’autorité magistrale de guider le collégien, désormais son corps prend la tête de ses initiatives. Il impose ses volontés - ou ses caprices - au rythme de ses pas. « Il est très-bon, en voyage, d’emporter, outre son sac, sa provision d’entrain, de gaieté, de courage et de bonne humeur »54. Le voiturage était vendu comme un gain de temps et une économie de fatigue. La marche que Töpffer lui oppose est un temps pour soi et une disponibilité aux autres. Pour soi car chacun y redécouvre ses rythmes naturels – la fatigue et le repos -, pour les autres aussi, car elle enseigne à tous le courage, la gaieté et l’alacrité. Au temps prédéterminé, elle oppose une « écoute » du corps et une harmonisation de la troupe dans son ensemble.

Ce temps de la marche comporte aussi ses risques. La tentation de couper court, ce que Töpffer qualifie de « spéculation » - métaphore de la réflexion et paradigme de la négociation du parcours – pose à nouveau la question du temps « gagné ». Dans le récit des Voyages, les « spéculateurs » en quête de raccourcis s’égarent dans la nature : « car les jeunes touristes sont tous du goût des chèvres ; ils préfèrent le zigzag à la ligne droite, l’ardu au plain, le sinueux à l’uni, et les broussailles aux prairies »55. Voilà ce que transgressent ceux qui choisissent les raccourcis, veulent arriver les premiers, échangent l’aventure contre la rapidité. Pour lutter contre les désordres que dicte le chacun pour soi, et pour en combattre la tentation, Mr Töpffer « avec sa corne rappelle « les chèvres » égarées »56. Chèvres ou brebis, peu importe, renoncer à s’égarer est-ce revenir ou se ranger dans la sagesse du temps des Évangiles ?

Cet éloge de la sensibilité esthétique et son opposition à une certaine nonchalance majestueuse d’une part ou à l’autoritarisme pédagogique d’autre part, recèle à son tour du non-dit. Dans la douceur de son acquisition, la délicatesse de sa conversion, le souci du corps préconisé, l’attention à soi-même qu’elle développe, cette esthétique ignore les conflits personnels ou sociaux, méconnaît radicalement la violence des oppositions de classe, en un mot les contradictions politiques qui précipitent le cours de l’histoire.

Prendre du « bon temps »

Dans son Histoire littéraire, Philippe Godet n’hésite pas à proclamer que « dans ces récits, Töpffer est le poète en prose de l’adolescence (…). Son héros, qu’il s’appelle Jules ou Charles, c’est le jeune homme qui se rencontre dans nos contrées, où l’on mûrit sans fièvre ». Et l’auteur de décrire ce personnage que distingue « l’espièglerie et la gaminerie de l’écolier »57. De fait, les voyages en zigzag racontent encore une autre histoire que celle des crochets ou des lacets et des bons usages de la marche. La présence de l’adolescence dans ses comptes rendus permet à Töpffer d’échapper aux récits romantiques les plus classiques : ses pensionnaires deviennent des sortes de rebelles indomptables, dressés contre l’idéalisme esthétique de la littérature de voyage. En lecteur attentif, Jean-Daniel Candaux mentionne certaines scènes, comme la traversée à la rame du lac de Thoune en 1827, le passage du nouveau tunnel des Échelles en 1829 ou la descente du col d’Anterne enneigé en juin 1830. Ce sont autant d’épisodes tournés en canulars, remplis d’aventures drôles, qu’il qualifie de « gags ». En un mot le récit brosse le portrait d’antihéros de la montagne. Alors que les ascensionnistes et autres pionniers filaient vers leur objectif, allaient au plus pressé, les adolescents divaguent dans le temps et dans l’espace.

Autre transgression du récit d’expéditions excursionnistes, le décompte des chutes de Monsieur Töpffer dans les pierriers du « Velu » et du Grand-Saint-Bernard en 1828. Le récit tourne en ridicule le personnage le plus respectable de la troupe58. Ces interprétations fantasques mettent du piment sur ce qui fait du voyage en zigzag une escapade de jeunes galopins. De même que le zigzag était un voyage hors les murs du collège, le récit lui-même devient une escapade, une échappée hors du plat compte rendu d’expédition. Autant dire que cette pédagogie et son récit sont poreux et qu’ils appliquent le principe de donner du « temps au temps », laisser à l’adolescent le privilège de s’approprier le temps, d’en rire ou d’en sourire. De plus, même si le rappel de ces incidents semble bien puéril pour des adolescents, il restitue au collégien un supplément d’enfance.

Car, par ailleurs, les soirées de ces « zigzagueurs » sont bien remplies, occupées par des chants, des danses, des jeux, auxquels ils vont spontanément donner les formes de l’excès. A Loèche-les-Bains, « en attendant le souper, la caravane s’engage dans des chants d’une harmonie à tout rompre », rappelle Jean-Daniel Candaux59. A l’auberge d’Obergesteln, « M. Turrettini a découvert un violon dont il sait tirer des accords divins ou presque divins »60. Les imaginaires de l’adolescence ne sont pas ceux de l’alpiniste professionnel ou du touriste aisé. Le sérieux de l’un ou de l’autre n’est qu’une variante de l’ennuyeux, ou une variable du fastidieux. Les voyages en zigzag incluent l’art de prendre du bon temps, et de faire le pied-de-nez aux programmes journaliers des guides touristiques.

Entre les membres de la troupe, même les mots, leurs bons mots (« argot de voyage »), partent en zigzags. Les élèves de la pension se rallient autour de formules qui leur sont propres, de slogans répétés à tue-tête, que l’un ou l’autre d’entre eux a inventés et qui ont déclenché les rires, avant de devenir des mots de passe. Ils leur servent de signe de reconnaissance, de formules de ralliement, et d’emblème. Mais surtout ils sont une forme d’appréhension des choses et des événements par des saillies qu’ils considèrent appartenir à leurs propres expériences : les « légions d’insectes » de Château d’Oex en 1825, les « lits soupçonneux » du Chalet-à-Gobet à l’automne 1826, les « légions de perce-oreilles coléoptères » d’Oberwil à l’automne 1829, autant de clins d’œil, de jeux de mots, de défis dans l’usage de l’hyperbole ; autant de traits d’esprit qui privilégient l’humour et l’autodérision. Autant de zigzags qui initient le lecteur à circuler dans un récit.

Plus significatives de ces errances dans leurs multiples temporalités, celles du vocabulaire qu’ont inventé les pensionnaires ou des mythes qui ont enchanté leurs lectures. Ces bons mots traversent le récit, et haussent ses acteurs au rang des héros mythologiques. Ici pas une bataille de boules de neige qui n’oppose Achille à Hector, pas un rappel de plaisanteries qui n’évoque des « séditions, factions, divisions et cabales », pas de soirées endiablées sans l’évocation des délices de Capoue, funestes aux armées conduites par Hannibal : « Capoue nous avait amollis, Capoue nous avait communiqué ses langueurs [...]. À moi, soldats ! Et revolons aux Alpes ! Voici des rocs nus, qu’on les escalade ! D’âpres climats, des nuages tristes, d’éternelles glaces, qu’on les affronte ! Ainsi se retrempe le courage ! Ainsi revient la vertu ! »61. Que vaudraient ces banals chahuts de potaches sans leurs références à des temps mythiques, sans ces évocations épiques et littéraires ? Privés de ces évocations, les épisodes de la promenade resteraient de modestes incidents sans autre intérêt que de justifier qu’on n’a pas perdu son temps en allant crapahuter laborieusement dans les Alpes romandes. Décrire les scènes les plus simples, les plus banales, pour les hausser au rang d’une épopée, où l’averse devient un déluge, voilà qui permet de tutoyer les temps héroïques62.

Enfin, aucun des élèves de la pension ne se réduit à un nom classé par ordre alphabétique ou par ordre de mérite, chacun est caractérisé par des traits de personnalité qui lui donnent un rôle dans l’histoire : « Etienne est un voyageur toujours chatouillé, en ce sens qu’il est constamment rieur, risolet, désopilé. Il ramasse des cailloux, recherche les coquilles, et, même éreinté, il ne laisse pas que de se tenir en joie »63. Voilà Étienne monté en scène, personnage de comédie, dont personne ne pense qu’il est remuant ou agité, mais dont tout le monde s’accorde à reconnaitre qu’il a des fourmis dans les jambes qui chatouillent sa curiosité. De plus, ces péripéties et leurs acteurs inspirent généralement les sujets des vignettes que Töpffer croque au crayon sur son cahier. Daniel Maggetti en conclut que ce qui caractérise ces voyages « et leur confère une indéniable unité de conception et de ton, c’est que tous les événements, tous les incidents, tous les avatars y sont tournés en plaisanteries et en gags »64. Car il faut bien prendre le temps d’en rire…

A leur tour, ces scènes ont un sens caché, celui d’un système éducatif où les statuts des acteurs ne sont pas arrêtés par la naissance ou par les origines sociales, mais par les rôles qu’ils endossent, les personnages qu’ils apprennent à jouer, la communauté de culture qu’ils en extraient, avant de les situer dans la hiérarchie sociale qui leur est destinée, afin de constituer la communauté d’intérêts qui va les unir.

Conclusion

De Töpffer et de ses voyages en zigzag on a surtout retenu l’héritage de la philosophie rousseauiste. On a aussi reconnu à son œuvre d’avoir inspiré des pédagogies nouvelles qui ont stimulé, entre autres, les voyages et les caravanes scolaires à la fin du XIXe siècle65. Son rôle de pionnier lui a enfin été reconnu dans l’histoire de la caricature au XIXe siècle, et plus récemment dans celle de la bande dessinée. Sa réflexion sur la question de la temporalité dans la promenade à pied méritait un nouveau détour.

Si la doctrine qui émerge de son œuvre marque une contribution indiscutable à la rénovation de la pédagogie au XIXe siècle, elle ouvre aussi le champ à une théorie du loisir éducatif. Celle-ci intègre à l’éducation des usages du temps libre auxquels elle donne un contenu, voire un mode d’emploi. Elle nourrit aussi un imaginaire du voyage. Cette dimension dilate la réflexion sur la question des durées subjectives et de leur mise en valeur. Elles incluent ce qui aujourd’hui s’appellerait sans doute la culture du « ressenti ». N’occupe-t-elle pas une position centrale dans les revendications sur le temps libre, et dans son opposition au temps contraint ?

Pour les historiens de la culture, l’intérêt de cette littérature reste d’avoir intégré dans la notion de « temps libre » la part d’imaginaire qui remplit le temps, lui donne un éclat tiré de la subjectivité de celui ou de celle qui le « vit », c’est-à-dire le perçoit. Elle compose un état émotif, et le met en récit. En valorisant ainsi le « sensible » dans la mise en œuvre de la temporalité, elle lui donne son rythme, celui d’une expérience émotive du loisir.

Mais l’idée essentielle qui se dégage de ces récits, c’est que le promeneur ne vit pas dans un seul temps, que de nombreuses temporalités occupent sa déambulation, que les paysages, les événements, les récits sont lardés de temporalités multiples, qui stimulent son regard, enrichissent son imagination, intensifient ses émotions et animent ses passions. C’est sans doute cela, cette représentation du temps libre traversé de multiples temporalités, qui émerge fondamentalement des récits de Rodolphe Töpffer. Et qui est ce qu’on peut appeler un privilège.

1 Töpffer, Rodolphe, Premiers voyages en zigzag ou excursions d’un pensionnat en vacances en Suisse et sur le revers italien des Alpes, 5e édition

2 Fils du caricaturiste Wolfgang Adam Töpffer, Rodolphe Töpffer est né à Genève en 1799 (il décède à son domicile de Genève en 1846). Empêché de

3 « Voyages scolaires », dans Ferdinand Buisson, Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, Paris, Hachette, 1887, partie 1, t. 2, p. 

4 Dans la mouvance de Pestalozzi, Philipp Emanuel von Fellenberg (1771-1844) fonde dans le domaine d’Hofwyl, près de Berne, plusieurs instituts :

5 Daniel Maggetti, « Un modèle pour la Suisse romande », dans Propos töpffériens, Actes du colloque international de Genève, Juin 1996

6 Voir Philippe Monnier, La Genève de Töpffer, Genève, ÉditionsA. Jullien, Genève, 1914.

7 Premiers voyages en zigzag…, op. cit., « Saint-Gothard, Vallée du Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Première journée, p. 97-98.

8 Voir Daniel Maggetti, « Un modèle pour la Suisse romande », art. cité, p. 189.

9 Premiers voyages en zigzag…, op. cit., « Chamounix, L’Oberland, le Righl, 1840 », Première journée, p. 233.

10 Sur leur composition, voir Jean-Daniel Candaux, « Pour une relecture des onze premiers voyages en zigzag », dans Propos töpffériens, op. cit., p. 

11 Marie Alamir-Paillard, « L’âne des champs et l’âne de ville. Petite (fl)ânerie entre esthétique et politique chez Rodolphe Töpffer », dans Propos

12 André Rauch, La Paresse. Histoire d’un péché capital, Paris, Armand Colin, 2013, p. 188-208.

13 Propos töpffériens, op. cit., p. 21.

14 Marie Alamir-Paillard, art. cité, p. 32.

15 Cité par Philippe Kaenel « Les voyages illustrés », dansTöpffer, op cit., p. 206.

16 Premiers voyages en zigzag… op. cit., « Chamounix, l’Oberland, le Righl, 1840 », Deuxième et troisième journée, p. 244.

17 André Rauch, La Paresse, op. cit., p. 198.

18 Premiers voyages en zigzag… op. cit., « Chamounix, l’Oberland, le Righl, 1840 », dix-septième journée, p 273

19 Marie Alamir-Paillard, art. cité, p. 40.

20 Voir Daniel Maggetti, « Un modèle pour la Suisse romande », art. cité, p. 195.

21 Premiers voyages en zigzag…, op. cit., « Chamounix, l’Oberland, le Righl, 1840 », Première journée, p. 233.

22 Nouveaux voyages en zigzag à la Grande Chartreuse, autour du Mont Blanc, dans les vallées d’Hérens, de Zermatt, au Grimsel, à Gênes et à la

23 Nouveaux voyages, op. cit., « Voyage autour du Mont Blanc », p. 66.

24 Philippe Kaenel, « Les Voyages illustrés », dans Töpffer, op. cit., p. 231.

25 Nouveaux voyages, « Voyage à la grande Chartreuse 1833 », Deuxième journée, p. 19.

26 Philippe Kaenel, « Voyages illustrés », dans Töpffer, op. cit., p 211.

27 À l’appui de cette remarque, je remercie Jean-Claude Richez de m’avoir suggéré la référence au livre La formation de la classe ouvrière anglaise de

28 Nouveaux voyages en zigzag, « Voyage autour du Mont Blanc, 18e journée », p. 284.

29 Cité par Jean-Daniel Candaux « Rodolphe Töpffer a-t-il inventé les voyages en zigzag », in Töpffer op cit. p. 194. Dès le 20 mai 1795, le doyen

30 Nouveaux voyages en zigzag, « Voyage autour du Mont Blanc… », Première journée, p. 60.

31 Située entre Thusis et Andeer, la gorge a été façonnée par les glaces dites éternelles et les eaux du Rhin. Élevés jusqu’à 300 mètres de hauteur

32 Voyages en zigzag, « Saint-Gothard, Vallée de Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Dixième et onzième journée (cité par Philippe Kaenel

33 Olivier Hoibian, « Les voyages en zigzag de Rodolphe Töpffer, une innovation pédagogique d’inspiration protestante ? », Actes du colloque de l’

34 Cité par Olivier Holbian, « Les voyages en zigzag de Rodolphe Töpffer », Babel, Littératures plurielles, Openedition Journals, 8/2003, p. 57-70.

35 Sur les ascensionnistes et leurs successeurs, les alpinistes, voir Dominique Lejeune, Les "alpinistes" en France à la fin du 19e et au début du 20e

36 Cité par Philippe Kaenel, art. cit., in Töpffer, p. 245.

37 Nouveaux voyages en zigzag, op. cit., « Voyage autour du Mont Blanc… », 18eejournée, p. 284.

38 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Chamounix, l’Oberland, le Righl », Première journée, p. 235.

39 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Saint-Gothard, vallée de Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Première journée, p. 97-98.

40 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Aux Alpes et en Italie (1837) », Vingtième journée, p. 86

41 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Aux Alpes et en Italie (1837) », Vingtième journée, 1859, p 85-86.

42 Cf. Voyage à Venise, cité par Philippe Kaenel, p. 232.

43 Cité par Olivier Holbian, « Les voyages en zigzag de Rodolphe Töpffer », Babel Littérature plurielles, 8/2003, p. 57-70.

44 André Rauch, Le souci du corps, P.U.F., 1983, p. 82-105.

45 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Saint-Gothard, vallée de Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Première journée, p. 93.

46 Sur ce thème, voir Vacances en France de 1830 à nos jours, Hachette Pluriel, 2001, p. 41-60.

47 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Saint-Gothard, vallée de Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Première journée, p. 93.

48 Cité par Olivier Holbian, Art. cit. Voyages en zigzag, p. 213.

49 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Saint-Gothard, vallée de Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Première journée, p. 94.

50 Sur les représentations du vent au XIXe siècle, voir Alain Corbin, La Rafale et le zéphyr. Histoire des manières d’éprouver et de rêver le vent

51 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Saint-Gothard, vallée de Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Première journée, p. 94.

52 Ibid., p. 94.

53 Ibid., 1ère Journée, p. 93.

54 Ibid.

55 Cité par Philippe Kaenel, p. 231.

56 Ibid.

57 Histoire littéraire de la Suisse française, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1895, p. 461.

58 Jean-Daniel Candaux, Art. cit., p. 137.

59 Cité par Jean-Daniel Candaux, in Propos töpfferiens, Art. cit., p. 140.

60 Ibid, p. 140.

61 Nouveaux Voyages en zigzag. Cité par Olivier Holbian, « Les voyages en zigzag de Rodolphe Töpffer », Babel Littératures plurielles, 8/2003, p. 

62 Voir Adrien Pasquali, « Excursion, excursus et excentricité dans le voyage pittoresque fait en 1825 », in Propos töpffériens, op cit., p. 147-158.

63 « Voyage à Gênes », Première journée, p. 316.

64 Daniel Maggetti, Töpffer, op. cit., Skira, 1996.

65 Durier, Charles, « Les caravanes scolaires ». La Revue pédagogique, 1883, no 5, p. 289-299. Voir Julien Fuchs, Le temps des jolies colonies de

Notes

1 Töpffer, Rodolphe, Premiers voyages en zigzag ou excursions d’un pensionnat en vacances en Suisse et sur le revers italien des Alpes, 5e édition, Paris, Garnier frères, 1859, « Aux Alpes et en Italie, 1837 », Vingtième journée, p. 85-86.

2 Fils du caricaturiste Wolfgang Adam Töpffer, Rodolphe Töpffer est né à Genève en 1799 (il décède à son domicile de Genève en 1846). Empêché de poursuivre la carrière artistique qu’il désirait, il exerce une fonction de « sous-maître » dans la pension du pasteur Heyer (1822-1824) où il découvre les « courses d’école ». Il ouvre ensuite un pensionnat de jeunes gens et se rend dans les Alpes durant les congés scolaires avec ses pensionnaires. De ces voyages qu’il qualifie « en zigzag », il compose une œuvre littéraire qu’il illustre de vignettes. Il les croque lui-même, souvent au retour de l’excursion du jour. Il doit à Sainte-Beuve sa reconnaissance d’auteur littéraire (article publié par La Revue des Deux Mondes du 15 mars 1841). Ses ouvrages vont connaître la réputation auprès du public intellectuel de Genève. À partir de 1832, il enseigne la Rhétorique et les Belles Lettres à l’Académie de la ville. Après la publication d’histoires illustrées de vignettes, on lui a parfois attribué le qualificatif « d’inventeur de la bande dessinée ». En particulier pour son Histoire de Monsieur Jabot (1833). Par ailleurs Töpffer conduit une carrière politique et siège au Parlement de Genève dès 1834. Il s’oppose aux réformes libérales, en particulier celles de James Frazy, fondateur du Parti Radical. Ses positions oscillent entre celles des conservateurs et des ultra-conservateurs. Sur la vie et l’œuvre de Wolfgang-Adam Töpffer, cf. Philippe Kaenel, La Caricature en Suisse, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2018, p. 65 et suivantes ; sur l’œuvre de son fils Rodolphe, voir p. 85 et suivantes. Sur l’œuvre d’illustrateur de Rodolphe Töpffer, voir Philippe Kaenel, Le Métier d’illustrateur, 1830-1880, Paris, Éditions Messene, 1996, p. 217-293. Pour une biographie critique de Rodolphe Töpffer, voir Daniel Maggetti et Jérôme Meizoz, « Un Montaigne né près du Léman », dans Daniel Maggetti (dir.), Töpffer, Paris, Skira, 1996, p. 133-188.

3 « Voyages scolaires », dans Ferdinand Buisson, Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, Paris, Hachette, 1887, partie 1, t. 2, p. 2989-2990.

4 Dans la mouvance de Pestalozzi, Philipp Emanuel von Fellenberg (1771-1844) fonde dans le domaine d’Hofwyl, près de Berne, plusieurs instituts : Institut agricole, Institut de Pauvres ou École d’industrie, Institut de jeunes Nobles, ainsi qu’un Institut normal pour la formation d’instituteurs pour les écoles et les salles d’asile. Précédemment, Frédéric-Rodolphe Saltzmann (1749-1821) originaire de Sainte-Marie aux Mines en Alsace, écrivain et fondateur d’une librairie et de plusieurs journaux était fondateur de plusieurs œuvres humanitaires, écoles, asiles ou hôpitaux. À son tour, Friedrich Fröbel (1782-1852) s’inspire de la pédagogie de Pestalozzi et fonde « l’institut général allemand d’éducation » à Kreilhau (aux environs de de Rudolstadt). Après 1848, il inaugure ce qu’on appellera « un jardin d’enfants » en application de ses théories sur l’éducation des sens chez le jeune enfant. Son œuvre fut amplifiée et diffusée par Bertha von Marenholtz-Bülow (1810-1893).

5 Daniel Maggetti, « Un modèle pour la Suisse romande », dans Propos töpffériens, Actes du colloque international de Genève, Juin 1996, Genève-Chêne-Bourg, Société d’études töpffériennes et Georg éditeur, 1998, p. 189.

6 Voir Philippe Monnier, La Genève de Töpffer, Genève, ÉditionsA. Jullien, Genève, 1914.

7 Premiers voyages en zigzag…, op. cit., « Saint-Gothard, Vallée du Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Première journée, p. 97-98.

8 Voir Daniel Maggetti, « Un modèle pour la Suisse romande », art. cité, p. 189.

9 Premiers voyages en zigzag…, op. cit., « Chamounix, L’Oberland, le Righl, 1840 », Première journée, p. 233.

10 Sur leur composition, voir Jean-Daniel Candaux, « Pour une relecture des onze premiers voyages en zigzag », dans Propos töpffériens, op. cit., p. 131-146.

11 Marie Alamir-Paillard, « L’âne des champs et l’âne de ville. Petite (fl)ânerie entre esthétique et politique chez Rodolphe Töpffer », dans Propos töpffériens, op. cit., p. 21.

12 André Rauch, La Paresse. Histoire d’un péché capital, Paris, Armand Colin, 2013, p. 188-208.

13 Propos töpffériens, op. cit., p. 21.

14 Marie Alamir-Paillard, art. cité, p. 32.

15 Cité par Philippe Kaenel « Les voyages illustrés », dansTöpffer, op cit., p. 206.

16 Premiers voyages en zigzag… op. cit., « Chamounix, l’Oberland, le Righl, 1840 », Deuxième et troisième journée, p. 244.

17 André Rauch, La Paresse, op. cit., p. 198.

18 Premiers voyages en zigzag… op. cit., « Chamounix, l’Oberland, le Righl, 1840 », dix-septième journée, p 273

19 Marie Alamir-Paillard, art. cité, p. 40.

20 Voir Daniel Maggetti, « Un modèle pour la Suisse romande », art. cité, p. 195.

21 Premiers voyages en zigzag…, op. cit., « Chamounix, l’Oberland, le Righl, 1840 », Première journée, p. 233.

22 Nouveaux voyages en zigzag à la Grande Chartreuse, autour du Mont Blanc, dans les vallées d’Hérens, de Zermatt, au Grimsel, à Gênes et à la Corniche, deuxième édition, 1858, « Voyage autour du Mont Blanc », Première journée, p. 65-66.

23 Nouveaux voyages, op. cit., « Voyage autour du Mont Blanc », p. 66.

24 Philippe Kaenel, « Les Voyages illustrés », dans Töpffer, op. cit., p. 231.

25 Nouveaux voyages, « Voyage à la grande Chartreuse 1833 », Deuxième journée, p. 19.

26 Philippe Kaenel, « Voyages illustrés », dans Töpffer, op. cit., p 211.

27 À l’appui de cette remarque, je remercie Jean-Claude Richez de m’avoir suggéré la référence au livre La formation de la classe ouvrière anglaise de Edward Palmer Thompson (traduction française, Paris, Gallimard / Le Seuil, 1988, p. 364-400).

28 Nouveaux voyages en zigzag, « Voyage autour du Mont Blanc, 18e journée », p. 284.

29 Cité par Jean-Daniel Candaux « Rodolphe Töpffer a-t-il inventé les voyages en zigzag », in Töpffer op cit. p. 194. Dès le 20 mai 1795, le doyen Bridel (Philippe Sirice, 1757-1845), poète vaudois, s’exclamait dans un discours demeuré célèbre « sur la manière dont les jeunes Suisses doivent voyager dans leur patrie ».

30 Nouveaux voyages en zigzag, « Voyage autour du Mont Blanc… », Première journée, p. 60.

31 Située entre Thusis et Andeer, la gorge a été façonnée par les glaces dites éternelles et les eaux du Rhin. Élevés jusqu’à 300 mètres de hauteur, les rochers forment une gorge, d’où son nom : Viamala (« mauvais chemin »).

32 Voyages en zigzag, « Saint-Gothard, Vallée de Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Dixième et onzième journée (cité par Philippe Kaenel, in Töpffer, art. cit. p. 238).

33 Olivier Hoibian, « Les voyages en zigzag de Rodolphe Töpffer, une innovation pédagogique d’inspiration protestante ? », Actes du colloque de l’ISHPES, 2003, p. 440-448.

34 Cité par Olivier Holbian, « Les voyages en zigzag de Rodolphe Töpffer », Babel, Littératures plurielles, Openedition Journals, 8/2003, p. 57-70.

35 Sur les ascensionnistes et leurs successeurs, les alpinistes, voir Dominique Lejeune, Les "alpinistes" en France à la fin du 19e et au début du 20e siècle (vers 1875-vers 1919). Étude d’histoire sociale ; étude de mentalité, Comité des Travaux historiques et scientifiques, 1988,

36 Cité par Philippe Kaenel, art. cit., in Töpffer, p. 245.

37 Nouveaux voyages en zigzag, op. cit., « Voyage autour du Mont Blanc… », 18eejournée, p. 284.

38 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Chamounix, l’Oberland, le Righl », Première journée, p. 235.

39 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Saint-Gothard, vallée de Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Première journée, p. 97-98.

40 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Aux Alpes et en Italie (1837) », Vingtième journée, p. 86

41 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Aux Alpes et en Italie (1837) », Vingtième journée, 1859, p 85-86.

42 Cf. Voyage à Venise, cité par Philippe Kaenel, p. 232.

43 Cité par Olivier Holbian, « Les voyages en zigzag de Rodolphe Töpffer », Babel Littérature plurielles, 8/2003, p. 57-70.

44 André Rauch, Le souci du corps, P.U.F., 1983, p. 82-105.

45 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Saint-Gothard, vallée de Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Première journée, p. 93.

46 Sur ce thème, voir Vacances en France de 1830 à nos jours, Hachette Pluriel, 2001, p. 41-60.

47 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Saint-Gothard, vallée de Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Première journée, p. 93.

48 Cité par Olivier Holbian, Art. cit. Voyages en zigzag, p. 213.

49 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Saint-Gothard, vallée de Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Première journée, p. 94.

50 Sur les représentations du vent au XIXe siècle, voir Alain Corbin, La Rafale et le zéphyr. Histoire des manières d’éprouver et de rêver le vent, Fayard, 2021, p. 127-138.

51 Premiers voyages en zigzag, op. cit., « Saint-Gothard, vallée de Misocco, Via-Mala, Glaris et Schwitz, 1838 », Première journée, p. 94.

52 Ibid., p. 94.

53 Ibid., 1ère Journée, p. 93.

54 Ibid.

55 Cité par Philippe Kaenel, p. 231.

56 Ibid.

57 Histoire littéraire de la Suisse française, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1895, p. 461.

58 Jean-Daniel Candaux, Art. cit., p. 137.

59 Cité par Jean-Daniel Candaux, in Propos töpfferiens, Art. cit., p. 140.

60 Ibid, p. 140.

61 Nouveaux Voyages en zigzag. Cité par Olivier Holbian, « Les voyages en zigzag de Rodolphe Töpffer », Babel Littératures plurielles, 8/2003, p. 57-70.

62 Voir Adrien Pasquali, « Excursion, excursus et excentricité dans le voyage pittoresque fait en 1825 », in Propos töpffériens, op cit., p. 147-158.

63 « Voyage à Gênes », Première journée, p. 316.

64 Daniel Maggetti, Töpffer, op. cit., Skira, 1996.

65 Durier, Charles, « Les caravanes scolaires ». La Revue pédagogique, 1883, no 5, p. 289-299. Voir Julien Fuchs, Le temps des jolies colonies de vacances, P. U. du Septentrion, 2020, p. 20-35.

Illustrations

Nouveaux voyages en zigzag à la Grande-Chartreuse, autour du Mont Blanc, dans les vallées d’Hérens, de Zermatt, au Grimsel, à Gênes et à la Corniche (1843), « Huitième journée », p. 53. « - Que gagnez-vous ? – Quatre sous, cinq sous, quand l’ouvrage va – Et pourtant content ! – Que voulez-vous, il faut prendre patience pour gagner le ciel ». Les leçons de la pauvreté et de la foi.

Nouveaux voyages en zigzag à la Grande-Chartreuse, autour du Mont Blanc, dans les vallées d’Hérens, de Zermatt, au Grimsel, à Gênes et à la Corniche (1843), p. 1. « Vacances 1833, Première journée ». L’ennui de la classe a laissé l’araignée tisser sa toile et les pensionnaires s’assoupir, chapeautés par leurs manuels.

Nouveaux voyages en zigzag à la Grande-Chartreuse, autour du Mont Blanc, dans les vallées d’Hérens, de Zermatt, de Grimsel, à Gênes et à la Corniche (1843), « Quatrième journée », p. 31. « De toutes parts, en effet, une zone de monts entoure comme une inaccessible muraille les pentes boisées (…) En deux uniques endroits, deux torrents se sont pratiqué une issue, dont l’homme a profité pour pénétrer dans la contrée ». Gorges et torrents racontent une histoire d’avant l’humanité.

Nouveaux voyages en zigzag à la Grande-Chartreuse, autour du Mont Blanc, dans les vallées d’Hérens, de Zermatt, de Grimsel, à Gênes et à la Corniche (1843), « Onzième journée », p. 187. « C’est le roussin justement qui, point honteux du tout, mais léger, tortillant, pétaradant, lance des crottes ». Oreilles dressées, l’âne, animal libre, se laisse entraîner par sa spontanéité, et ne craint ni baguette ni maître.

Citer cet article

Référence électronique

André Rauch, « Les temps du Voyage en zigzag de Rodolphe Töpffer », Revue d’histoire culturelle [En ligne],  | 2021, mis en ligne le 10 octobre 2021, consulté le 16 avril 2024. URL : http://revues.mshparisnord.fr/rhc/index.php?id=605

Auteur

André Rauch

Professeur émérite des universités, André Rauch s’est spécialisé dans l’histoire du corps, des masculinités et des passions. Il a notamment publié : Vacances en France de 1830 à nos jours, Histoire du Premier sexe de la Révolution à la nos jours, Luxure, entre péché et jouissance. Son dernier livre : L’envie, une passion tourmentée, édit. Champ Vallon, octobre 2021.

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