La crise socio-sanitaire aux Antilles. Entre défiance généralisée et exacerbation des affirmations identitaires

DOI : 10.56698/chcp.1053

Résumés

La pandémie mondiale de maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) a incontestablement agi aux Antilles comme le révélateur et le catalyseur de malaises profonds. Sur une toile de fond où plusieurs crises et scandales se télescopent, elle a plongé la Guadeloupe et la Martinique dans une situation de crise aux dimensions et aux prolongements multiples. Au-delà des enjeux lui préexistant, elle a contribué à relancer une interrogation récurrente sur le rapport à l’État et à la République, et à exacerber des affirmations identitaires qui tendent désormais à s’imposer comme une forme privilégiée d’expression politique.

The Socio-Health Crisis in the French Antilles. Between General Mistrust and Exacerbation of Identity Affirmations”

In the French Antilles, the global pandemic related to Covid-19 has, undoubtedly, worked as an eye-opener and a catalyst of more profound malaises. Against a backdrop of numerous prior crises or scandals, Guadeloupe and Martinique has then undergone a deepening, multi-faceted crisis situation. Unfolding upon pre-existing issues, it has been the driving force in rekindling the questioning around the relationship with the French state and the Republic, as well as exacerbating identity affirmations which are emerging as privileged forms of political expression.

Index

Mots-clés

Antilles françaises, coronavirus, État, mobilisations sociales, république

Keywords

French Antilles, coronavirus, state, social mobilizations, republic

Plan

Texte

La pandémie mondiale de maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) a incontestablement agi aux Antilles comme le révélateur et le catalyseur de malaises profonds. En effet, elle se déploie sur une toile de fond où plusieurs crises ou scandales se télescopent. À commencer par l’impuissance des pouvoirs publics confrontés à leur propre indécision et à une dilution des responsabilités face aux effets délétères pour les populations insulaires, notamment sur le plan sanitaire, d’échouements massifs d’algues sargasses depuis 2011. S’y ajoutent le scandale de l’empoisonnement des terres par le chlordécone et la gestion pour le moins problématique de ses conséquences par les autorités dans un contexte d’éco-anxiété  croissante ; sans oublier la décrédibilisation du personnel politique, sinon frappé de mutité, du moins devenu inaudible dans l’espace public au plus fort des tensions.

Cette situation a précipité la Guadeloupe et la Martinique dans une crise aux dimensions et aux prolongements multiples, dégageant un terrain propice à la réactivation de représentations associées aux hiérarchies socio-raciales héritées de l’esclavage et à des revendications identitaires couplées à un activisme politique intense.

S’il est vrai que cette crise semble avoir atteint son acmé à la fin de l’année 2021, sous la forme d’une explosion sociale teintée de violence dans les deux îles, elle plonge ses racines dans un passé lointain. Au-delà des enjeux et des interrogations du moment, qu’elle a amplifiés, elle a contribué à relancer un questionnement récurrent sur le rapport à l’État et à la République, et à exacerber des affirmations identitaires qui tendent désormais à s’imposer comme une forme privilégiée d’expression politique.

Un rapport à l’État et à la République devenu problématique

Sans entrer dans les détails, il convient de rappeler que la départementalisation, en 1946, des « quatre vieilles » colonies – la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion – est l’aboutissement d’un long processus historique asservi à une logique d’assimilation, mais irrégulier, discontinu et sélectif dans la mise en œuvre des principes affirmés. Dès lors, cette départementalisation est loin d’avoir totalement réglé la question coloniale. En particulier, elle semble avoir échoué à évacuer la tension inhérente à la dialectique distance/proximité qui gouverne les rapports entre ces territoires périphériques et la République. Pire encore : inscrite dès le départ au cœur de la problématique de la départementalisation et jamais apaisée depuis, cette tension tend à s’exacerber aujourd’hui au gré des logiques centripètes et centrifuges qui sous-tendent les comportements des acteurs. Elle se manifeste autour d’une interrogation restée centrale : comment concilier le principe de l’universalité, qui répond à une aspiration exprimée localement tout en incarnant l’idéal républicain d’accès aux droits, et la prise en compte des multiples particularismes historiques, économiques, sociaux, politiques et culturels ?

Cette tension permanente confère d’emblée une dimension politico-institutionnelle à la crise socio-sanitaire liée à la pandémie. La question, à forte charge symbolique, de l’adaptation aux sociétés insulaires des normes et des dispositifs de lutte contre les effets de cette dernière se pose dès le départ. Elle restera présente en filigrane dans l’ensemble des processus décisionnels, émergeant d’une « zone grise » et d’un flou plus ou moins entretenu, non seulement dans la répartition des compétences, mais aussi dans la définition des rôles et fonctions des différents acteurs, locaux et centraux, concernés par la gestion de la crise. D’un côté, l’exclusion des collectivités territoriales de la politique sanitaire est symbolisée par l’action des agences régionales de santé, chargées de décliner localement les règles édictées au niveau national « en tenant compte des spécificités de chaque région1 ». De l’autre, ces collectivités territoriales prennent des initiatives, pas toujours coordonnées à l’échelle des territoires, pour aider les populations à faire face aux multiples conséquences de la pandémie. Cela rend leur positionnement difficile, entre l’invisibilité parfois jouée par les maires en dépit de leur action sur le terrain et les tentatives de retrait de la scène ou d’imposition d’une stratégie territorialisée de sortie de crise2. À l’heure où l’appel à une différenciation territoriale, repris en chœur aux niveaux local et central, tend à être érigé en théorie normative de l’action publique, il en résulte paradoxalement une politisation par le haut de la crise sanitaire, du double point de vue de son cadrage et de sa gestion, qui a pour corollaire le reproche adressé à l’État d’une forme de verticalité de son intervention, plus que jamais indifférente aux spécificités locales.

Il faut dire que la crise socio-sanitaire confirme une évolution significative de la perception de l’État et du rapport qui le lie aux sociétés antillaises. Longtemps perçu comme une sorte de souverain thaumaturge, dispensateur de liberté et d’égalité, dans le prolongement de l’abolition de l’esclavage et dans le cadre du processus continu de départementalisation, il est identifié aujourd’hui à un corps étranger. Frappé d’une sorte d’altérité radicale, l’État semble servi par des acteurs peu informés des réalités antillaises. À cet égard, force est d’admettre que sa communication liée à la gestion de la crise socio-sanitaire, largement calquée sur celle conduite dans l’Hexagone, a confirmé cette représentation : elle s’est peu souciée, au moins dans un premier temps, du contexte local et de l’implication des acteurs de proximité tels que les professionnels de santé ou les élus3. Ce faisant, elle a de toute évidence nourri l’impression de verticalité donnée par l’État, dont la posture serait parfois surplombante, et invisibilisé de ce fait les processus de concertation précédant l’annonce des décisions prises par l’autorité préfectorale. De manière significative, les inflexions destinées à réorienter cette communication pour l’axer sur les préoccupations de la population, la multiplication d’opérations visant à « aller vers », comme les tournées de « vaccibus » et les prises de position publiques de certains élus, ont fini par produire leurs effets4. Toutefois, elles sont intervenues bien trop tard, le terrain étant occupé depuis longtemps par les opposants à la vaccination.

Sans doute, ce changement de la façon dont est perçu l’État s’explique-t-il pour partie par l’évolution de la sociographie du personnel politique français, aujourd’hui quelque peu détaché des outre-mer, et par la montée des affirmations identitaires qui structurent désormais les représentations et les comportements politiques aux Antilles. Par ailleurs, il ne remet pas en question le rapport pour le moins ambivalent à l’État, toujours appréhendé localement comme le premier et le dernier recours, y compris par les élus locaux, en temps normal comme en période de crise. À vrai dire, cette évolution est complétée et renforcée par un autre phénomène qui, s’il est loin d’être propre aux Antilles françaises, revêt ici une acuité particulière : on constate une défiance généralisée à l’égard des institutions, étatiques et décentralisées, et une démonétisation de la parole officielle, qu’elle émane des décideurs ou des autorités scientifiques. Le télescopage de cette situation avec deux autres faits potentiellement conflictuels – la gestion (ou la non-gestion) des conséquences des échouements de sargasses et le scandale de l’empoisonnement des terres par le chlordécone, qui évoque pour certains activistes un « passé qui ne passe pas » – a incontestablement constitué une circonstance aggravante. Cette conjoncture particulière, à laquelle viennent encore s’ajouter la défaillance des autorités vis-à-vis du problème de l’accès à l’eau en Guadeloupe et les carences préexistantes, illustrées par la dégradation des systèmes de santé insulaires, a favorisé le rejet de la vaccination, « alimenté par un mélange complexe entre attachement à la pharmacopée traditionnelle et perméabilité aux fake news circulant sur les réseaux sociaux5 ».

Cette transformation de la perception de l’État est semblable à celle que l’on observe à propos de la République. En un mot, les valeurs qu’incarne cette dernière semblent avoir perdu de leur poids aux Antilles, du fait de la persistance des inégalités sociales héritées du passé colonial. Ces inégalités ont pour conséquence une désaffiliation sociale de grande ampleur. Elles entrent en résonance avec une histoire chaotique de la citoyenneté, qui donne une indéniable consistance à la formule d’Aimé Césaire faisant référence, en son temps, à des « citoyens entièrement à part ». Sources de fréquents conflits dotés d’une charge identitaire et socio-raciale, elles entretiennent, en outre, un climat propice aux explosions sociales et où prospère un activisme parfois débridé, dont la crise socio-sanitaire constitue une illustration exemplaire.

Une exacerbation des affirmations identitaires, forme privilégiée d’expression politique

La montée des affirmations identitaires est connue de longue date comme un phénomène majeur aux Antilles françaises. Plus ou moins articulée à des revendications politiques6, elle semble avoir trouvé dans la crise socio-sanitaire un terrain de prédilection. De ce point de vue, deux remarques s’imposent : d’une part, cette crise débouche sur une tentative de politisation par le bas de l’enjeu sanitaire investissant le champ politico-identitaire, selon des modalités variables d’une île à l’autre ; d’autre part, ce processus est sous-tendu par la formation de coalitions hétéroclites qui bousculent le fonctionnement routinier des institutions.

Concernant le premier point, la politisation par le bas semble une réponse à celle conduite par le haut, par l’État. Elle entend notamment concurrencer le monopole de l’expertise que ce dernier détiendrait en partant du champ politico-identitaire. Ainsi, en Guadeloupe, un mouvement structuré autour de plusieurs associations qui valorisent des savoir-faire médicinaux traditionnels et des plantes guadeloupéennes tente de s’imposer comme un acteur central du jeu. Il présente une molécule issue d’une plante locale, l’herbe à pic, déjà commercialisée avec un énorme succès sous la forme d’un complément alimentaire, comme apte, in vitro, à stopper la réplication du virus SARS-CoV-2, selon le brevet déposé7. À la Martinique, des groupes plus ou moins organisés mettent en scène une opposition symbolique entre les vaccinodromes, qui proposeraient un produit dont les effets sur l’organisme humain seraient d’autant plus dangereux qu’ils sont mal connus, aux « atoumodromes » présentés comme des espaces de valorisation et de commercialisation de plantes médicinales issues de la pharmacopée locale, tel l’Atoumo (Alpinia zerumbet), réputé efficace contre de nombreux maux, en particulier la grippe. Dans les deux cas, la coexistence bien connue aux Antilles du recours à la médecine conventionnelle et de l’usage de plantes traditionnelles, souvent de façon complémentaire, est ainsi remise en cause au nom de la supériorité présumée de celles-ci sur celle-là. La concurrence des savoirs, la perte de centralité de la connaissance scientifique, le bouleversement des hiérarchies établies ainsi que l’éclatement de l’offre informationnelle associée à la multiplication des producteurs d’information font dès lors la part belle aux réseaux sociaux et à divers groupes d’activistes. Par l’effet amplificateur des enfermements algorithmiques, ces réseaux ont largement contribué à démonétiser une parole officielle frappée d’altérité ou émanant d’élus écartelés entre plusieurs systèmes de référence. À raison du relativisme absolu qui prévaut actuellement dans les différents champs de connaissances, ces réseaux ont participé à la production de discours alternatifs rencontrant une audience certaine, notamment dans le cadre des mobilisations numériques, caractérisées par l’horizontalité. Au point de persuader certains que les « barrières identitaires » étaient la seule parade possible face à la pandémie. Des groupes d’activistes, faiblement organisés et structurés, mais jouissant d’une forte visibilité ont pu ainsi renforcer leur audience. Occupant un terrain laissé vacant par un personnel politique devenu largement inaudible et en mal de positionnement8, ces mouvements opèrent une double jonction : d’une part, avec des revendications sociales classiques, que nourrit la persistance des frustrations économiques et sociales héritées de la plantation et, d’autre part, avec celles portées par la mouvance décoloniale. Certaines composantes de cette mouvance s’expriment en effet, avec une force croissante, à travers des protestations mémorielles ponctuées de crises et de mobilisations collectives qui recourent, à des degrés divers, à des répertoires d’action violents.

De manière plus générale, ces formes d’expression politique viennent confirmer le constat établi dès les années 1990-2000, d’un surinvestissement des mouvements politiques institutionnalisés, en particulier indépendantistes, dans le champ politique et identitaire. Une posture qui leur a permis, à cette époque, de compenser l’échec programmé de toute revendication d’indépendance et d’occulter un nationalisme culturellement triomphant, mais politiquement défait9. Ce nationalisme politiquement défaillant est désormais suppléé, voire supplanté par un syndicalisme aux orientations fortement anticolonialistes, mais susceptible d’être concurrencé à son tour par des coalitions hétéroclites s’exprimant en marge de la sphère politique officielle et d’une scène électorale largement désertée par les citoyens. En témoignent les résultats des élections en 2021 et 2022, marqués par un abstentionnisme particulièrement important aussi bien en Guadeloupe qu’à la Martinique.

En Guadeloupe, on assiste au développement d’une forte emprise de l’UGTG (Union générale des travailleurs de Guadeloupe) sur le jeu syndical et politique à travers un projet qui valorise la langue et la culture guadeloupéennes et, sur les deux îles, à la formation des coalitions que l’on vient d’évoquer, fonctionnant parfois sur le mode de l’horizontalité, en marge ou en complément des organisations syndicales, qui peinent le plus souvent à les contrôler. Les syndicats – après avoir été investis, pour certains d’entre eux10, par les militants issus des mouvements indépendantistes et révolutionnaires à partir des années 1980, alors que l’horizon de l’indépendance s’éloignait11 – doivent compter aujourd’hui avec ces coalitions, qui peuvent les déborder à tout moment. Parfois enfermées dans une rhétorique dénonciatrice en adéquation avec leur capacité à agréger des profils très variés et des motivations très diverses, elles ont en effet largement occupé le terrain, en amont de la crise socio-sanitaire et durant celle-ci, notamment à la fin de l’année 2021. Elles ont ainsi rendu leur action aussi visible, sinon plus, que le bras de fer des syndicalistes avec les représentants des autorités (police, préfets, agences régionales de santé, et même ministre des Outre-mer). En particulier, elles ont réussi à mobiliser sur les barrages routiers une population précaire ou désœuvrée, victime d’un chômage endémique et parfois tentée par la délinquance, qui a fait exploser sur la scène publique sa colère, dont les motifs s’étendent bien au-delà de l’enjeu du vaccin et du passe sanitaire.

Preuve de l’affaiblissement de l’ensemble des structures de représentation, y compris des syndicats, l’émergence sur les scènes antillaises de ces coalitions et d’entrepreneurs de protestation ne signifie pas pour autant la fin des mouvements sociaux classiques. La composante identitaire de ces mobilisations reste, dans tous les cas, étroitement associée à des revendications économiques et sociales traditionnelles, mais sur le plan politique, les coalitions qui se font et se défont au gré des circonstances ne semblent pas, aujourd’hui, annoncer leur propre dépassement. Dans ces conditions, seule une action vigoureuse de l’État, coconstruite avec l’ensemble des acteurs locaux, permettant de réaliser pleinement l’idéal républicain et de répondre à des problématiques que soixante-quinze ans de départementalisation sont loin d’avoir épuisées, pourrait permettre de sortir de l’impasse actuelle.

1 Art. L. 1431-2 du Code de la santé publique.

2 À la Martinique, une commission ad hoc des élus locaux a été mise en place sous l’égide de la CTM (Collectivité territoriale de Martinique) en avril

3 ARNAUD Jean-Michel et KAROUCHI Roger, « Rapport d’information fait au nom de la mission d’information destinée à évaluer les effets des mesures

4 Ibid.

5 LARCHER Silyane, « La tentation du fascisme en postcolonie ? Sur la victoire de Le Pen aux Antilles », AOC, 27 mai 2022.

6 Dont celle de l’autonomie, opportunément mise en avant par le ministre de l’Outre-mer dans une allocution télévisée, le 26 novembre 2021, dans un

7 MULOT Stéphanie, « Sur le refus de la vaccination contre le Covid-19 en Guadeloupe », AOC, 3 novembre 2021.

8 La motion adoptée par l’Assemblé de Martinique le 27 juillet 2021 en témoigne largement. Au contenu très équivoque, balançant entre soutien à la

9 GIRAUD Michel, « Revendication identitaire et “cadre national” », Pouvoirs, vol. 2, n° 113, 2005, p. 89-100 ; DANIEL Justin, « L’espace politique

10 La Confédération générale du travail de Martinique (CGTM), la Centrale syndicale des travailleurs martiniquais (CSTM) et l’Union générale des

11 ODIN Pierre, Pwofitasyon. Luttes syndicales et anticolonialisme en Guadeloupe et en Martinique, Paris, La Découverte, 2019.

Notes

1 Art. L. 1431-2 du Code de la santé publique.

2 À la Martinique, une commission ad hoc des élus locaux a été mise en place sous l’égide de la CTM (Collectivité territoriale de Martinique) en avril 2020, et le thème d’une stratégie locale ou martiniquaise sera repris par l’ancien et le nouveau président du Conseil exécutif (PCE).

3 ARNAUD Jean-Michel et KAROUCHI Roger, « Rapport d’information fait au nom de la mission d’information destinée à évaluer les effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions d’activités (1) relatif aux enseignements de la quatrième vague épidémique outre-mer en matière sanitaire et économique », déposé le 18 novembre 2021, Sénat, session ordinaire 2021-2022, p. 24. Disponible en ligne sur le site du Sénat, URL : https://www.senat.fr/notice-rapport/2021/r21-177-notice.html.

4 Ibid.

5 LARCHER Silyane, « La tentation du fascisme en postcolonie ? Sur la victoire de Le Pen aux Antilles », AOC, 27 mai 2022.

6 Dont celle de l’autonomie, opportunément mise en avant par le ministre de l’Outre-mer dans une allocution télévisée, le 26 novembre 2021, dans un contexte de violence née du refus de l’obligation vaccinale exprimé par des soignants et des pompiers et de revendications sociales plus larges, et dans le souci de prendre à revers les élus de la Guadeloupe, sachant que cette question est historiquement sensible aux Antilles.

7 MULOT Stéphanie, « Sur le refus de la vaccination contre le Covid-19 en Guadeloupe », AOC, 3 novembre 2021.

8 La motion adoptée par l’Assemblé de Martinique le 27 juillet 2021 en témoigne largement. Au contenu très équivoque, balançant entre soutien à la vaccination pour tous et rejet de la vaccination obligatoire pour le personnel soignant, elle n’a pas été adoptée à la seule initiative des élus, longtemps silencieux, mais en réponse à une sollicitation des personnels soignants opposés au passe sanitaire et à la vaccination obligatoire. De même, le comportement de certains signataires, présents dans des manifestations aux cortèges hétéroclites a sans doute ajouté à la confusion.

9 GIRAUD Michel, « Revendication identitaire et “cadre national” », Pouvoirs, vol. 2, n° 113, 2005, p. 89-100 ; DANIEL Justin, « L’espace politique aux Antilles françaises », Ethnologie française, vol. 32, n° 4, 2002, p. 589-600.

10 La Confédération générale du travail de Martinique (CGTM), la Centrale syndicale des travailleurs martiniquais (CSTM) et l’Union générale des travailleurs de la Martinique (UGTM) à la Martinique.

11 ODIN Pierre, Pwofitasyon. Luttes syndicales et anticolonialisme en Guadeloupe et en Martinique, Paris, La Découverte, 2019.

Citer cet article

Référence électronique

Justin Daniel, « La crise socio-sanitaire aux Antilles. Entre défiance généralisée et exacerbation des affirmations identitaires », Condition humaine / Conditions politiques [En ligne], 5 | 2023, mis en ligne le 20 avril 2023, consulté le 27 avril 2024. URL : http://revues.mshparisnord.fr/chcp/index.php?id=1053

Auteur

Justin Daniel

Justin Daniel est professeur de science politique à l’Université des Antilles. Ancien directeur du LC2S (Laboratoire caribéen de sciences sociales, UMR CNRS 8053), il mène des recherches sur le fonctionnement de l’État, la construction identitaire et les politiques publiques de développement durable dans les territoires français d’outre-mer et dans la Caraïbe. Il a récemment coordonné, avec Carine David, 75 ans de départementalisation outre-mer. Bilan et perspectives : de l’uniformité à la différenciation (Paris, L’Harmattan, 2021, coll. « Grale »).

Justin Daniel is a Professor of Political Science at Université des Antilles. Former director of LC2S (Laboratoire caribéen de sciences sociales, UMR CNRS 8053), he conducts research on the functioning of the state, the construction of identity and public policies for sustainable development in French overseas territories and the Caribbean. He recently co-edited, along with Carine David, 75 ans de départementalisation outre-mer. Bilan et perspectives : de l’uniformité à la différenciation (Paris, L’Harmattan, 2021, coll. « Grale »).