L’iconoclasme au XIXe siècle 

Une politique des gestes et des regards (France, 1814-1871)

Iconoclasm in the 19th century: a politics of gestures and looks (France, 1814-1871)

DOI : 10.56698/rhc.747

Résumés

Cet article propose une réflexion sur les attaques contre les images et les signes visuels dans un siècle postrévolutionnaire, de la Restauration à la Commune. L’iconoclasme est, au XIXe siècle, massivement politique. Il s’inscrit dans des formes de citoyenneté et un régime visuel singuliers, alors que les images et les signes politiques se disséminent très largement dans l’espace social. L’article esquisse une anthropologie des gestes d’iconoclasme politique, des violences qui les accompagnent, mais aussi des formes de retenue et de conciliation, ainsi que des regards qui les rendent possibles. Il dégage les grandes scansions iconoclastes du siècle, et met au jour en particulier un iconoclasme contre-révolutionnaire, largement oublié. Enfin, il propose une grammaire de l’iconoclasme politique au XIXe siècle, autour de trois régimes principaux : régime de souveraineté, régime de réparation et régime d’effraction.

This article proposes a reflection on the attacks against images and visual signs in a post-revolutionary century, from the Restoration to the Commune of 1871. Iconoclasm was, in the 19th century, massively political. It is inscribed in singular forms of citizenship and a specific visual regime, while political images and signs are widely disseminated in social space. The article outlines an anthropology of political iconoclasm, the violence that accompanies it, but also the forms of restraint and conciliation. It identifies the main iconoclastic scansions of the century, and brings to light in particular a counter-revolutionary iconoclasm, largely forgotten. Finally, it proposes a grammar of political iconoclasm in the nineteenth century, based on three main regimes: sovereignty, reparation and protest.

Index

Mots-clés

iconoclasme, histoire visuelle, souveraineté, XIXe siècle

Keywords

iconoclasm, visual history, sovereignty, 19th century

Plan

Texte

L’iconoclasme est traditionnellement associé à une crise radicale des images religieuses, une mise en cause du principe d’incarnation iconique ou de représentation du divin1. On peut aussi entendre ce terme de manière beaucoup plus large comme la destruction ou l’altération d’images et de signes visuels, de quelque nature qu’ils soient, sacrée ou profane. Le retour contemporain ou la visibilité croissante de cet iconoclasme diffus suscite de nouvelles interrogations. Au cœur des sociétés démocratiques se sont multipliées les controverses autour de certains « monuments sensibles », jusque-là peu regardés, et devenus intolérables pour certains groupes : les effigies de Cecil Rhodes en Afrique du Sud en 2015, les monuments confédérés aux États-Unis, plus généralement les statues et monuments coloniaux et esclavagistes un peu partout dans le monde. Au moment où j’écris ces lignes, deux statues de l’abolitionniste Victor Schœlcher viennent d’être abattues en Martinique, le 22 mai 2020, en tant qu’elles renverraient à un insupportable paternalisme colonial, via le schœlcherisme. Tous ces gestes ont en commun de s’attaquer à des images singulières, jugées en situation intolérables par la blessure qu’elles infligent à l’œil regardeur. Ils se veulent aussi des interpellations spectaculaires, des actes de résistance à des pouvoirs ou des systèmes de domination contestés.

L’iconoclasme ainsi entendu renvoie à une histoire des espaces publics partagés, et à une histoire des comportements sociaux face aux blessures infligées par des signes ou des images jugés offensants dans l’espace public. De ce point de vue, le XIXe siècle est un observatoire passionnant, matriciel, des conflits suscités par des signes visuels conflictuels, au-delà de la querelle religieuse des images2. Les iconoclastes « modernes » s’attaquent moins aux images dans leur principe qu’à leurs référents, et par-delà les référents, aux effets de domination produits par ces images. L’instabilité politique propre au XIXe siècle produit des conjonctures fluides – révolutions et restaurations – où se déchaîne à des degrés divers un tel iconoclasme. La citoyenneté, en particulier dans le premier XIXe siècle, prend des formes multiples qui pour certaines d’entre elles favorisent l’iconoclasme. À la citoyenneté électorale et délibérative s’ajoute une citoyenneté agonistique, où les corps se défient et où les signes visuels deviennent des instruments dans l’affirmation de rapports de force virils3. C’est aussi un moment où la croyance dans la puissance performative des images demeure très forte. Pour toutes ces raisons, le XIXe siècle a vu se multiplier des gestes iconoclastes, à bas bruit, enfouis pour la plupart dans l’oubli.

Doit-on vraiment les désigner par ce terme d’iconoclasme ? L’historien pourrait évidemment être tenté par celui de « vandalisme », inventé par l’abbé Grégoire en 1794, rapidement voué à un succès international4. Le terme ressurgit, de fait, au cours du XIXe siècle, pour mieux dénoncer des faits de destruction aveugle, indifférents à la valeur du patrimoine. Du vandalisme à l’ensauvagement, il n’y a alors qu’un pas. Le terme empêche de penser les gestes dans leur intentionnalité et les réduit à une haine de l’art qui leur est pourtant le plus souvent étrangère. L’iconoclasme, par son origine religieuse, rend mieux compte des conflits de sacralité qui entourent les images conflictuelles, y compris politiques. Il traduit la puissance attribuée aux images effacées ou brisées, dotées d’une vitalité fictive. Il possède aussi ses limites : il présuppose une fausse continuité avec l’histoire longue des iconoclasmes depuis Byzance, et néglige les formes d’hésitation, de bricolage ou de compromis entre conservation et destruction. Pour cette dernière raison, il est parfois opportun de recourir au concept d’iconoclash forgé par Bruno Latour, pour désigner ces moments où « l’on ne sait pas, [où] l’on hésite, [où] l’on est troublé par une action dont il est impossible de savoir, sans indice supplémentaire, si elle des destructrice ou constructive »5.

Le régime visuel de l’iconoclasme au XIXe siècle

Au XIXe siècle, l’iconoclasme est massivement politique, moins varié dans ses cibles que sous la Révolution, moment de régénération graduelle de l’espace et du temps6. Il vise moins des signes de distinction sociale ou des signes religieux qu’un bric-à-brac de signes politiques, mutilés, détruits, attaqués au cours des grandes crises du siècle, de la Restauration à la Commune. Il accompagne les grandes ruptures politiques, révolutions et dé-révolutions. L’iconoclasme est aussi l’envers d’une véritable politique des images qui a vu se diffuser trois grandes familles de signes politiques au cours du siècle. Les marqueurs de souveraineté, en premier lieu : portraits de souverains, bustes et tableaux, timbres, cachets, enseignes de marchands brevetés sont démultipliés et disséminés dans l’espace, à mesure que se développe l’État administratif et que s’accélère la reproductibilité technique des images. En second lieu les sémaphores civiques : ils marquent et divisent le territoire civique autour de signes antagoniques – certains monuments commémoratifs, en particulier des monuments expiatoires de la Révolution construits sous la Restauration, des croix de mission, des arbres de la liberté re-plantés en 1830-31 ou en 1848, des statues de grands hommes controversés – tel le général Pichegru, républicain passé à la contre-révolution, statufié à Besançon et à Lons-Le-Saunier7. Enfin les signes identitaires, marqueurs d’opinions individuelles : cocardes blanches ou tricolores, bonnets rouges, fleurs de lys ou œillets rouges, ceintures, objets politiques (pipes, tabatières, etc.), animaux emblématiques, sont exhibés avec plus ou moins d’ostentation dans l’espace public, non sans provocations calculées. Chacune des opérations politiques afférentes à ces trois familles de signes : la souveraineté, la maîtrise de l’espace civique et l’affirmation des opinions, donne lieu à d’intenses luttes sociopolitiques qui s’incarnent dans une multitude de gestes iconoclastes. Ces derniers, effacés des histoires dominantes, peuplent en revanche les archives administratives, policières et judiciaires, et certains récits contemporains traversés par une écriture visuelle du temps8.

L’iconoclasme, en ce siècle postrévolutionnaire, s’explique aussi par un régime visuel singulier, indiciaire. Les signes politiques ne sont pas seulement lus à travers leurs référents – le portrait du roi comme présence du roi – mais aussi comme des indices d’une réalité seconde. On y lit, dans des contextes d’incertitude et de fragilité politiques, en 1814-1815 en particulier, l’histoire en train de se faire. Les rumeurs chromatiques abondent dans les premières années de la Restauration, annonçant le rétablissement des trois couleurs – donc le retour de l’empereur – et suscitant des paniques collectives. À Pleaux (Cantal), lorsque le drapeau blanc disparaît du clocher de l’église du village, un citoyen observe en 1816 : « Il paraît qu’il y a quelque chose de nouveau et que le tondu revient, puisque plusieurs communes ont descendu le drapeau blanc ». Cette pensée de l’histoire par signes traverse le premier XIXe siècle, et ne se réduit pas à des perceptions « populaires ». La légitimiste marseillaise Julie Pellizone, au lendemain de la révolution de 1830, consigne dans son journal tous les signes visuels des rapports de force politique dans l’espace de la ville. De même, le bibliothécaire bisontin Charles Weiss note les étapes de la révolution symbolique qui s’opère dans sa ville au printemps 1815, à mesure que les bonapartistes prennent possession de la ville. Le 18 mars, écrit-il, « un marchand de tabac nommé Michaud qui avait fait placer la semaine dernière des fleurs de lys sur son enseigne les a fait effacer cette nuit. C’est le premier signal de ce genre donné dans la ville »9. Par ailleurs, on cherche à lire à travers les signes portés par les uns et par les autres le paysage des opinions individuelles, et à peser « l’état des esprits » en un instant donné. L’unanimité de façade n’en soulève pas moins des doutes. En août 1815, un voyageur anonyme s’adresse au ministre de l’Intérieur, à propos « des départements qu’il a traversés », en direction de l’est de la France : « Les Français s’examinent, ils s’observent entre eux avec une sombre inquiétude ; les rubans blancs, les cocardes blanches s’adoptent plutôt comme une sauvegarde que comme un signe de ralliement ; on tremble de devenir l’objet d’une dénonciation, on ne se communique plus, on se fuit »10. Les archives de police sont pleines de rapports inquiets, voire paranoïaques, soucieux de traquer d’éventuelles conspirations en débusquant des signes séditieux souvent imaginaires.

Ce régime visuel du premier XIXe siècle se caractérise aussi par une forte vitalité attachée aux signes et aux images, surtout au sein des classes populaires. Maurice Agulhon parlait à ce propos d’un « expressionnisme populaire », perceptible notamment dans l’attachement aux Mariannes personnifiées dans le Midi rouge de 1848-184911. Il désignait par là une manière de prendre au sérieux les signes, voire de les traiter comme des personnes. Les sources abondent en traces de cette « présence réelle » du référent dans l’image. A Marseille, au début de la première puis de la seconde Restauration, des bustes du roi Louis XVIII sont promenés, processionnés, touchés, embrassés comme si le roi était présent dans la ville. De même, à la fin de la Deuxième République, des arbres de la liberté menacés d’être abattus sont enterrés comme des personnes dans les pays « rouges ». Des fragments de leur écorce ont été conservés comme des reliques profanes : un ancien quarante-huitard d’Aubignan (Vaucluse) est inhumé en 1870 avec un morceau d’arbre de la liberté dans son cercueil12. La présence sensible du référent se traduit aussi dans des rites d’interpellation. Les iconoclastes s’adressent fréquemment aux effigies qu’ils abattent. Dans un cabaret de Tanus (Tarn) en 1817, un vétéran napoléonien s’écrie ainsi, avant de s’attaquer au buste du duc d’Angoulême : « Bois bois bougre de couillon, je veux te guillotiner ». Puis il s’empare du buste de la duchesse d’Angoulême avec ces mots offensifs : « entre là, putain, pour t’en faire autant quand il me plaira »13.

Violence et gestualité iconoclastes

En ce siècle postrévolutionnaire, l’iconoclasme est travaillé par le souvenir traumatique du « vandalisme révolutionnaire ». Le mot de « vandalisme » créé par Grégoire en 1794 n’a sans doute pas « tué la chose », mais il a en tout cas discrédité les atteintes indiscriminées aux monuments d’art. Le refoulement du vandalisme façonne de l’intérieur les gestes des iconoclastes du XIXe siècle, le plus souvent négociés et chirurgicaux. Ils s’attaquent aux signes plutôt qu’aux monuments. Un démocrate lyonnais, pendant la Révolution de 1848, en pleine querelle relative à la statue équestre de Louis XIV place Bellecour, récuse explicitement tout vandalisme sur un monument lié au patrimoine local et national : « Je suis républicain et démocrate, mais je ne suis pas un vandale, et ma main se dessècherait plutôt que de coopérer à la destruction d’une propriété nationale »14. L’iconoclasme postrévolutionnaire intègre la sacralisation de la propriété – fût-elle nationale – et la conscience patrimoniale montante. Il ne porte pas non plus atteinte à l’intégrité des restes humains. Les profanations des tombeaux royaux de Saint-Denis, en 1793, ne se répètent pas lors des révolutions du XIXe siècle, de même que le tombeau de Napoléon est préservé au moment même où la colonne Vendôme est impitoyablement déboulonnée en mai 1871.

Lors de la célèbre occupation des Tuileries en février 1848, se mettent en place des milices citoyennes pour mettre un terme aux premiers pillages observés15. Des placards manuscrits sont apposés, avec cette inscription : « peine de mort pour les voleurs ». Le mot d’ordre « respect aux monuments » se diffuse – des monuments entendus comme une propriété collective de la nation souveraine. Au cours du « saccage rituel »16 qui s’ensuit, et après des discussions entre insurgés, seules sont détruites les images les plus intolérables, « blessures » pour l’œil citoyen en révolution. Sont ainsi visés les portraits à l’effigie de Louis-Philippe, mais les portraits de son fils aîné Ferdinand, jugé plus démocrate, sont épargnés. Les tableaux à l’effigie des maréchaux, dans la salle éponyme, sont eux aussi laissés intacts, à l’exception significative de Bugeaud (déjà !), en tant que « boucher de la rue Transnonain » en 1834, et de Soult, ordonnateur de la répression des canuts lyonnais en novembre 1831. L’iconoclasme devient une opération de justice punitive éclairée par des arguments mis en partage.

L’observation des scènes iconoclastes, en situation, montre une grande variété des gestes. La plupart d’entre eux demeurent chirurgicaux, délégués à des spécialistes, ouvriers serruriers, maçons, menuisiers. Les autorités leur confient ainsi l’enlèvement soigneux des fleurs de lys après l’épisode iconoclaste de 1831. À Marseille, porte d’Aix, la municipalité fait effacer les dauphins et fleurs de lys qui ornaient alors l’arc de triomphe dédié au duc d’Angoulême et à la campagne d’Espagne de 182317. Même en pleine effervescence révolutionnaire, sur les barricades des Trois Glorieuses, ce sont des serruriers qui enlèvent avec précaution les enseignes commerciales porteuses d’emblèmes bourboniens. Bien des destructions sont aussi évitées par des bricolages symboliques. Plutôt que de détruire une image ou une statue, on lui ajoute un signe qui en modifie le sens. En 1830 comme en 1848, les statues des rois d’Ancien Régime, ré-érigées sous la Restauration, sont affublées de drapeaux tricolores ou rouges (en 1848), et ainsi « révolutionnées ». Des crucifix sont voilés en 1831 pendant la crise iconoclaste évoquée plus haut. En 1871, dans l’Hôtel-Dieu dirigé par le communard Paget, ils sont dissimulés par des bouquets de lilas, en bonne intelligence avec les religieuses encore présentes18.

Ces accommodements n’excluent pas d’autres modalités proprement destructrices voire profanatrices. Un iconoclasme carnavalesque, véritable défouloir collectif, connaît ses derniers feux dans la première moitié du siècle, et tout particulièrement sous la Restauration. Des mannequins à l’effigie de despotes détestés, tantôt Louis XVIII, tantôt Napoléon, sont processionnés en 1814-1815, tournés en dérision, abattus ou brûlés, comme des Caramentrans le mercredi des Cendres. Selon la conjoncture politique du moment, ces rites coutumiers détournés relèvent de la « soupape de sécurité » et ne provoquent guère d’effets politiques, ou, au contraire, risquent de faire vaciller la souveraineté et sont alors lourdement punis. À Vielverge (Côte d’Or), dans le contexte du débarquement de Napoléon à Golfe-Juan, le 16 mars 1815, deux gardes forestiers passent une corde au cou d’un mannequin à l’effigie de Louis XVIII, accompagnant ce geste « du cri séditieux de Vive l’empereur, répété en chorus par les gens assemblés au cabaret »19. Les accusés sont condamnés à six et huit ans de bannissement pour provocation « à s’armer contre l’autorité royale ». La capacité des objets – un simple mannequin bricolé – à produire des effets sociaux et des émotions collectives est ici prise très au sérieux.

L’iconoclasme peut aussi devenir un rite d’institution ou de souveraineté. Lorsque les communards décident, le 12 avril 1871, d’abattre la colonne Vendôme, ils ne précisent pas les modalités du déboulonnage mais en justifient simplement le principe, au nom du « droit international » et de la « fraternité »20. Mais dans le contexte de guerre civile et de montée des violences, ils décident de faire de ce déboulonnage un spectacle civique et politique, à l’adresse des Parisiens eux-mêmes, mais plus encore du gouvernement de Versailles et de l’Europe entière. Le 16 mai, l’opération d’abattage de la colonne devient une fête publique, même si elle est de fait déléguée à un ingénieur et à une équipe d’ouvriers. Le peuple parisien est bien présent pour assister à la chute du « tyran » en effigie, le « jean-foutre Bonaparte ». Le piédestal devenu vide est vite envahi de simples citoyens, et orné de drapeaux rouges. La statue impériale, écrasée au sol, est la cible de coups de pied et de crachats spontanés. Certains témoins s’emparent de reliques profanes, tel ce morceau de boulon qui « vissait le César », conservé précieusement par le communard Maxime Vuillaume21. La place est rebaptisée place Internationale, destinée selon Le Réveil du Peuple de Delescluze à voir « l’avènement des États-Unis d’Europe »22. Le rituel iconoclaste est démultiplié à distance par la circulation d’images – gravures pour l’essentiel – qui donnent une résonance internationale à l’événement, notamment par la presse illustrée. Son efficacité, et sa capacité à façonner un nouvel espace urbain libéré de l’haussmannisation, peuvent être mises en doute. Reste que certains ont pu se laisser bercer par l’illusion d’une puissance d’agir. Un témoin du déboulonnage a ainsi pu s’exclamer : « Un gouvernement qui a le toupet de foutre en bas Napoléon, ça doit être un gouvernement fort ! »23.

Révolutions et contre-révolutions iconoclastes

Le régime qui a le plus usé de l’iconoclasme en guise de rite d’institution n’a cependant pas été la Commune. C’est la Restauration, après l’expérience des Cent-Jours, qui a pensé nécessaire une opération massive d’épuration des traces de la Révolution et de l’Empire. Du gouvernement central aux maires de village en passant par les préfets et sous-préfets, s’est mise en place une traque systématique des signes de la « parenthèse » révolutionnaire (1789-1814) : effigies napoléoniennes, aigles, drapeaux et cocardes tricolores, bonnets phrygiens, arbres de la liberté, etc. Les autorités n’ont pas hésité le cas échéant à procéder à des visites domiciliaires, attentatoires à la sacrosainte propriété privée. Au sein de ce répertoire de signes, les symboles révolutionnaires suscitaient le plus d’inquiétudes, perçus comme des signaux de guerre civile et d’espérance messianique, d’autant plus dangereux pour l’ordre public. Certains arbres de la liberté étaient ainsi rattachés aux « crimes de la révolution », et donc chargés d’une blessure morale : dans un village de l’Aisne, le fils d’une victime de la « Terreur » voit dans l’arbre de la liberté local le signe « qui a causé son malheur » privé et l’abat triomphalement en 1814.

Mais l’iconoclasme contre-révolutionnaire de la Restauration n’est pas un simple effacement des signes, ni même une damnatio memoriae24. Il se donne à voir dans des rites d’expiation du passé, des milliers d’autodafés, en présence des autorités civiles et militaires, sur des places publiques ou dans des hôtels de préfectures ou de sous-préfectures. Le mieux documenté d’entre eux s’est déroulé à Orléans, place du Martroi, le 22 février 1816. Le jour de l’installation de la cour royale, un cortège composé de magistrats en robe rouge, du bourreau, du préfet, du maire, de fonctionnaires civils et militaires, d’officiers de la garde nationale, se rend sur cette place occupée par la guillotine pendant la Révolution (et aujourd’hui dominée par la statue de Jeanne d’Arc). Des centaines de cachets à l’aigle ou à la République, de drapeaux et cocardes tricolores, de boutons à l’aigle, des bustes à l’effigie de Napoléon ou de Marie-Louise et du roi de Rome, des bonnets phrygiens ainsi qu’un tableau en pied de Bonaparte premier consul, par Gérard, sont amassés au centre de la place. Ce dernier tableau est lacéré à coups de sabre, puis appendu à un mât, à l’envers, selon l’usage des exécutions en effigie sous l’Ancien Régime. Le feu est mis au bûcher, aux cris de « Vive le Roi, vivent les Bourbons ! mort à Bonaparte l’anthropophage, le mangeur d’hommes, et à sa famille maudite ! »25.

L’iconoclasme suit ainsi au XIXe siècle une courbe souvent contre-intuitive. Les moments de contre- ou de dé-révolution sont aussi les plus iconoclastes : outre la Restauration doit être mentionnée la fin de la Deuxième République, à partir de 1849-1850 lorsque sont pourchassés sur tout le territoire les signes des « rouges », en écho à une immense peur sociale26. Vêtements, accessoires, bonnets rouges sont impitoyablement traqués et détruits, de même que les arbres de la liberté pourtant plantés dans la ferveur « unanimiste » du printemps 1848, désormais réduits à des emblèmes d’anarchie et de désordre égalitaire.

Plus généralement, la radicalité révolutionnaire et l’intensité de l’iconoclasme renvoient à deux réalités distinctes. La Révolution orléaniste de 1830 a détruit plus d’emblèmes que la révolution républicaine de 1848. La « douce » révolution de septembre 1870 a été plus iconoclaste que les tout débuts de la Commune. Il ne faudrait pour autant pas croire aux vertus cathartiques de l’iconoclasme : ce dernier ne régule nullement les violences physiques, il peut aussi les accompagner ou les accélérer, comme dans les dernières semaines de la Commune. En revanche, l’iconoclasme peut servir de petite monnaie à des pouvoirs inquiets, heureux de conjurer les désordres sociaux à petits coups de marteaux… On peut lire ainsi le zèle des autorités orléanistes, en 1831, à enlever les fleurs de lys du décor urbain après les troubles de l’église Saint-Germain-L’Auxerrois, dans un contexte de fort mécontentement ouvrier. L’un des iconoclastes n’avait-il pas ainsi justifié son geste : « Rien ne va, ni le travail, ni le gouvernement. […] Nous n’avons pas de journaux ; nous n’écrivons pas ; nous n’allons pas chez le roi ; nous employons ces moyens de faire connaître que nous voudrions qu’il en fût autrement : ce sont là mes avertissements »27 ? On comprend mieux, dès lors, la volonté de maintenir un monopole étatique de la violence symbolique.

Une grammaire de l’iconoclasme

A partir d’une enquête attentive aux actions situées, il est possible d’esquisser une grammaire de l’iconoclasme au XIXe siècle, qui tienne compte en particulier des logiques d’action et du rapport au temps. Trois régimes d’action iconoclastes peuvent être distingués (cf. tableau ci-dessous).

Grammaire de l’iconoclasme au XIXe siècle

Régime de souveraineté

Régime de réparation

Régime d’effraction

Logique d’action

Acte de souveraineté

Justice punitive

Épuration

Réparation d’une mémoire blessée

Prise de parole

Dissidence

Cibles

Signes de souveraineté

Spectre large, mis en discussion

Spectre large

Puissance attribuée à l’image ou au signe

Très forte

Forte

Faible

Acteurs

Foules

Autorités / citoyens

Individus isolés

Modalité du regard

Coup d’œil

Scrutation, vigilance civique

Focalisation

Temporalité

Conjoncture fluide

Régénération

Présent immédiat

Un régime de souveraineté, en premier lieu. Il correspond à des conjonctures fluides, où la souveraineté paraît disponible, et où la puissance attribuée aux signes devient maximale. Le 28 juillet 1830, au moment même où sont érigées des barricades, marquant ainsi l’espace insurrectionnel, le temps est fracturé par un coup de force visuel. Les signes liés à la souveraineté bourbonienne disparaissent de l’espace public. Fleurs de lys, drapeaux blancs, bustes de Charles X sont détruits par des insurgés, tandis que sont fabriqués dans l’urgence des drapeaux tricolores – contre le vœu des élites libérales dont le mot d’ordre était « Aucun signe, aucun drapeau », par peur d’une révolution populaire. Au cours de ces mêmes Trois Glorieuses, Walter Benjamin l’a bien souligné, les insurgés ont tiré sur les horloges28. De même en 1848 l’horloge du pavillon central des Tuileries est démontée, et ses marteaux utilisés comme bélier pour forcer les portes du pouvoir. S’ensuit une scène d’épuration des signes jugés intolérables à l’intérieur du palais des Tuileries. La prise de souveraineté s’opère donc, dans l’urgence, par des actes iconoclastes qui brisent le temps officiel et linéaire du pouvoir. La scène iconoclaste se répète en 1870, lorsque, le 4 septembre, l’espace public est épuré des aigles napoléoniennes, des monogrammes « N » et des effigies impériales. L’épuration s’opère au rythme de la marche de la foule vers les lieux de pouvoir, des Tuileries vers l’Hôtel de ville en passant par la rue de Rivoli. De manière analogue, en province, les gestes iconoclastes s’insinuent dans des moments d’incertitude, lorsque circulent des nouvelles d’une situation anomique dans la capitale. Ils s’inscrivent dans la lutte confuse pour la maîtrise du pouvoir local et national. Des individus et des groupes mus par l’espoir d’un soulèvement victorieux agissent par et sur les images. Ainsi à Bordeaux, le 30 juillet 1830, lorsque la malle-poste annonce qu’une insurrection est en cours dans Paris, une foule insurrectionnelle envahit l’hôtel de préfecture, procède à un saccage rituel et détruit l’effigie de Charles X. A Besançon, le 1er août, des groupes arrachent les drapeaux blancs des édifices publics et déboulonnent la statue de Pichegru, associée à la Contre-Révolution. Des scènes analogues se reproduisent en 1848 et en 1870, jusque dans de petites communes, notamment en Ariège en 1870.

Les iconoclastes disparaissent en général de l’avant-scène publique, une fois leurs gestes perpétrés. Ils ne sont pas armés pour la lutte des places et des pouvoirs, mais ils se reconnaissent néanmoins comme membres du souverain, et demandent à être reconnus comme tels. L’iconoclasme participe au « protagonisme révolutionnaire » repéré par Haïm Burstin pour la Révolution française, qui mêle la participation à l’histoire collective et un désir de reconnaissance civique. Ainsi des ouvriers auteurs du bûcher du trône de Louis-Philippe en 1848 écrivent-ils à la Commission des récompenses nationales pour voir leur geste publiquement honoré. Delozanne, ouvrier mécanicien, s’adresse ainsi à Louis Blanc et « l’ouvrier » Albert, et rapporte avec minutie les faits, l’heure, les preuves matérielles de son geste, cite un compagnon d’armes, et demande reconnaissance. Le comité d’enquête le recommande pour un « signe honorifique »29.

Le deuxième régime relève de la réparation. Il intervient dans le temps de l’après, une fois opéré le transfert de souveraineté. Sont alors discutés les cadres du nouvel espace public partagé. Dans le cycle des révolutions du XIXe siècle, la régénération visuelle est moins ambitieuse que sous la Révolution française. Mais une arène de discussion, dans la presse, par voie de pétition ou de délibération municipale, prend forme autour de signes jugés blessants. Le plus souvent la blessure morale provoquée par l’image est liée au passé proche, celui du régime déchu. La temporalité plus longue de l’histoire, en amont de la Révolution, est en général épargnée. Des discussions surgissent néanmoins autour des statues royales ré-érigées sous la Restauration. Il en est ainsi de la statue de Louis XIV place Bellecour à Lyon en 1848, surnommée le « cheval de bronze »30. Des démocrates dénoncent une « insolente image » du « tyran le plus orgueilleux » que certains envisagent de remplacer par un lion détruisant les signes de la monarchie. La statue est un temps menacée par la municipalité provisoire ; des groupes s’assemblent autour de la statue pour la protéger, s’opposant à d’autres groupes qui souhaitent au contraire la détruire. Des cours d’histoire en plein air opposent de simples citoyens, à un moment de très grande conflictualité sociale dans la ville. La municipalité sursoit à sa décision, s’en remettant au pouvoir central pour abaisser les tensions. La statue résistera à la Révolution. Mais un contre-monument est érigé dans le même temps, une statue incarnant le Peuple souverain, sous les traits d’un ouvrier en armes, bras nus, surnommée « l’Homme du peuple ». Cette dernière ne survivra pas au retour à l’ordre postérieur à 1848, puis au rétablissement de l’Empire.

Les signes relatifs à la mémoire révolutionnaire (celle des années 1790) sont encore affectés d’une forte charge conflictuelle. Ils sont, nous l’avons dit, impitoyablement détruits sous la Deuxième Restauration. Symétriquement, les monuments expiatoires de la Révolution, érigés sous la Restauration, sont très fortement contestés après la révolution de 1830 : ils rappellent la division de la Cité avec elle-même, mettent en accusation une partie du peuple souverain, et transmettent la culpabilité de génération en génération. Au cas par cas, une négociation s’opère entre les autorités centrales (ici orléanistes), les autorités locales et les citoyens engagés dans l’arène publique de discussion. Certains de ces monuments sont détruits – ainsi la chapelle expiatoire, inachevée, d’Orange, d’autres conservés au nom de la religion des morts.

Le troisième régime relève de l’effraction. Il rassemble des gestes isolés de contestation des pouvoirs à travers des signes et des images, dans des conjonctures où le transfert de souveraineté n’est pas même espéré. Un cri séditieux incarné dans l’ordre du visuel, en somme. Ces gestes abondent en particulier sous la Restauration et la monarchie de Juillet. Sous la Restauration, une campagne iconoclaste est ainsi orchestrée contre Charles X, visant son effigie monétaire31. Dans une dizaine de départements, entre 1826 et 1828, des pièces de monnaie sont massivement travesties : une calotte sombre est surimposée au visage du roi, parfois est ajouté un rabat ou un éteignoir. Le roi-jésuite est démasqué dans son effigie même et le complot du « parti prêtre » ainsi dévoilé par des gestes iconoclastes concertés. L’analogie avec la caricature est évidente, mais trouve ses limites dans le support visé : c’est l’effigie souveraine qui est directement visée sur un support monétaire, en un geste de profanation assumé et dont les auteurs restent sans nom.

Ces régimes d’iconoclasme sont liés à un moment politique et à un régime de visualité qui se transforment à la fin du XIXe siècle. Une certaine manière d’animer et de faire vivre les images et les signes tend à décliner. Les conflits, persistants, autour des monuments publics, se règlent davantage par la plume que par le marteau, à l’âge de la « statuomanie » républicaine. Surtout, les répertoires d’action collective se modifient, l’écrit occupe une place nouvelle dans les formes de politisation populaire, y compris par le graffiti. La citoyenneté agonistique, celle des rixes, des défis, provocations ou bravades, s’estompe au profit d’une citoyenneté électorale. L’iconoclasme, ne disparaît certes pas, ainsi que l’attestent les « attentats » des camelots du roi contre les statues « dreyfusardes », en 1909-1910. Mais il cesse d’occuper une position aussi centrale qu’à l’âge des révolutions et contre-révolutions du XIXe siècle.

1 Alain Besançon, L’image interdite. Histoire intellectuelle de l’iconoclasme, Paris, Fayard, 1994 ; sur l’iconoclasme protestant, nous renvoyons à l’

2 Pour approfondir l’ensemble des réflexions qui suivent, nous nous permettons de renvoyer à notre dernier ouvrage, L’œil blessé. Politiques de l’

3 Anne-Marie Sohn, « Sois un homme ! » La construction de la masculinité au XIXe siècle, Paris, Seuil, 2009.

4 Jean Erhard (dir.), Révolution française et « vandalisme révolutionnaire », Clermont-Ferrand, Universitas, 1992.

5 Bruno Latour, « Iconoclash. Au-delà de la guerre des images », Traduit de l’anglais par Aude Tincelin, paru en anglais sous le titre “What is

6 Parmi les ouvrages récents sur le sujet : Richard Clay, Iconoclasm in Revolutionary Paris. The Transformation of Signs, Oxford, Voltaire Foundation

7 Sur les statues de grands hommes en France, voir le dernier ouvrage de Jacqueline Lalouette, Un peuple de statues. La célébration sculptée des

8 Emmanuel Fureix, L’œil blessé…, op. cit., p. 79 et suiv.

9 Ibid., p. 36.

10 Bulletin de police du 24 août 1815, AN F7 3786.

11 Maurice Agulhon, Marianne au combat. L’imagerie et la symbolique républicaines de 1789 à 1880, Paris, Flammarion, 1979, p. 179.

12 Archives de la préfecture de police, DB 364.

13 Cité par Joël Cornette, Un révolutionnaire ordinaire. Benoît Lacombe, négociant (1759-1819), Seyssel, Champ Vallon, 1986, p. 115.

14 Le Peuple souverain, 12 mai 1848.

15 Emmanuel Fureix, L’œil blessé…, op. cit., p. 212-229.

16 Concept forgé par Carlo Ginzburg à propos des pillages liés à la mort des papes à Rome à l’époque moderne, « Saccheggi rituali. Premesse a una

17 Julie Pellizone, Souvenirs. Journal d’une Marseillaise, tome 3, 1824-1836, Aix-en-Provence, Indigo, 2012, p. 187.

18 Martial Senisse, Les carnets d’un fédéré, 1871, Paris, Éditions Saint-Just, 1965, p. 128.

19 Minutes du greffe de la cour royale de Dijon, 18 mai 1816. AN BB21 252.

20 Décret du 12 avril 1871.

21 Maxime Vuillaume, Mes cahiers rouges. Souvenirs de la Commune, Paris, La Découverte, 2011, p. 272.

22 Éditorial du Réveil du peuple, 18 mai 1871.

23 Un ami de Maxime Vuillaume, concierge au ministère de la Justice. Cf. Maxime Vuillaume, Mes cahiers rouges…, op. cit., p. 209.

24 La damnatio ou abolitio memoriae désigne une procédure de condamnation de la mémoire d’un individu, par des actes normatifs.

25 Cf. Denis Lottin, Recherches historiques sur la ville d’Orléans, 3ème partie, tome 1, Orléans, imprimerie d’Alexandre Jacob, 1842, p. 394.

26 Pour plus de détails, cf. Emmanuel Fureix, L’œil blessé…, op. cit., p. 293-300.

27 D’après le discours de Baude à la Chambre des députés le 18 février 1831 (reproduit dans Le Journal des débats politiques et littéraires, 19

28 Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXe siècle. Le livre des passages, Paris, Le Cerf, 1989, p. 478.

29 Archives de la préfecture de police, AA384.

30 Cf. Emmanuel Fureix, L’œil blessé…, op. cit., p. 258-262.

31 Ibid., p. 194-197.

Notes

1 Alain Besançon, L’image interdite. Histoire intellectuelle de l’iconoclasme, Paris, Fayard, 1994 ; sur l’iconoclasme protestant, nous renvoyons à l’ouvrage majeur d’Olivier Christin, Une révolution symbolique : l’iconoclasme huguenot et la reconstruction catholique, Paris, Éditions de Minuit, 1991.

2 Pour approfondir l’ensemble des réflexions qui suivent, nous nous permettons de renvoyer à notre dernier ouvrage, L’œil blessé. Politiques de l’iconoclasme après la Révolution française, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2019.

3 Anne-Marie Sohn, « Sois un homme ! » La construction de la masculinité au XIXe siècle, Paris, Seuil, 2009.

4 Jean Erhard (dir.), Révolution française et « vandalisme révolutionnaire », Clermont-Ferrand, Universitas, 1992.

5 Bruno Latour, « Iconoclash. Au-delà de la guerre des images », Traduit de l’anglais par Aude Tincelin, paru en anglais sous le titre “What is Iconoclash? or Is there a world beyond the image wars ?” in Bruno Latour and Peter Weibel, Iconoclash, Beyond the Image-Wars in Science, Religion and Art, Cambridge, MIT Press, 2002.

6 Parmi les ouvrages récents sur le sujet : Richard Clay, Iconoclasm in Revolutionary Paris. The Transformation of Signs, Oxford, Voltaire Foundation, 2012 ; Emmanuel Fureix (dir.), Iconoclasme et révolutions, de 1789 à nos jours, Ceyzérieux, Champ Vallon, 2014.

7 Sur les statues de grands hommes en France, voir le dernier ouvrage de Jacqueline Lalouette, Un peuple de statues. La célébration sculptée des grands hommes (France, 1801-2018), Paris, Mare et Martin, 2018.

8 Emmanuel Fureix, L’œil blessé…, op. cit., p. 79 et suiv.

9 Ibid., p. 36.

10 Bulletin de police du 24 août 1815, AN F7 3786.

11 Maurice Agulhon, Marianne au combat. L’imagerie et la symbolique républicaines de 1789 à 1880, Paris, Flammarion, 1979, p. 179.

12 Archives de la préfecture de police, DB 364.

13 Cité par Joël Cornette, Un révolutionnaire ordinaire. Benoît Lacombe, négociant (1759-1819), Seyssel, Champ Vallon, 1986, p. 115.

14 Le Peuple souverain, 12 mai 1848.

15 Emmanuel Fureix, L’œil blessé…, op. cit., p. 212-229.

16 Concept forgé par Carlo Ginzburg à propos des pillages liés à la mort des papes à Rome à l’époque moderne, « Saccheggi rituali. Premesse a una ricerca in corso », Quaderni storici, 1987, n°65, p. 615-636.

17 Julie Pellizone, Souvenirs. Journal d’une Marseillaise, tome 3, 1824-1836, Aix-en-Provence, Indigo, 2012, p. 187.

18 Martial Senisse, Les carnets d’un fédéré, 1871, Paris, Éditions Saint-Just, 1965, p. 128.

19 Minutes du greffe de la cour royale de Dijon, 18 mai 1816. AN BB21 252.

20 Décret du 12 avril 1871.

21 Maxime Vuillaume, Mes cahiers rouges. Souvenirs de la Commune, Paris, La Découverte, 2011, p. 272.

22 Éditorial du Réveil du peuple, 18 mai 1871.

23 Un ami de Maxime Vuillaume, concierge au ministère de la Justice. Cf. Maxime Vuillaume, Mes cahiers rouges…, op. cit., p. 209.

24 La damnatio ou abolitio memoriae désigne une procédure de condamnation de la mémoire d’un individu, par des actes normatifs.

25 Cf. Denis Lottin, Recherches historiques sur la ville d’Orléans, 3ème partie, tome 1, Orléans, imprimerie d’Alexandre Jacob, 1842, p. 394.

26 Pour plus de détails, cf. Emmanuel Fureix, L’œil blessé…, op. cit., p. 293-300.

27 D’après le discours de Baude à la Chambre des députés le 18 février 1831 (reproduit dans Le Journal des débats politiques et littéraires, 19 février 1831).

28 Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXe siècle. Le livre des passages, Paris, Le Cerf, 1989, p. 478.

29 Archives de la préfecture de police, AA384.

30 Cf. Emmanuel Fureix, L’œil blessé…, op. cit., p. 258-262.

31 Ibid., p. 194-197.

Citer cet article

Référence électronique

Emmanuel Fureix, « L’iconoclasme au XIXe siècle  », Revue d’histoire culturelle [En ligne],  | 2021, mis en ligne le 15 septembre 2021, consulté le 29 mars 2024. URL : http://revues.mshparisnord.fr/rhc/index.php?id=747

Auteur

Emmanuel Fureix

Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-Est Créteil