Les murs peints de Marcoule 

L’imaginaire de la radioprotection au temps des pionniers du nucléaire 

The painted walls of Marcoule-The imaginary of radiation protection at the time of the nuclear pioneers".

DOI : 10.56698/rhc.3217

Abstract

The Radiation Protection Service (Service de Protection contre les Radiations, SPR) was created in 1955 in the Marcoule nuclear center, operated by the Atomic Energy Commission (Commissariat à l’Énergie Atomique, CEA). In response to the needs to train workers in a booming industry, the SPR developed an educational program on radioactive risk. Jacques Castan, a draftsman recruited by the SPR in 1957, is responsible for illustrating this program. Among his creations, a mural painting made in the stairwell of the radiation protection building stands out. By depicting the activities of the department, the images contribute to the education of nuclear workers and reassure the viewer that the risks are under control. At the same time as it educates, the painting contributes to the definition and promotion of radiation protection. By translating the imaginary meanings of radiation protectionists, it provides a visual identity for a profession that is becoming institutionalized at the dawn of the nuclear industry.

Index

Mots-clés

Radioprotection, industrie nucléaire, risque radioactif, imaginaire, éducation, identité.

Keywords

Radiation protection, nuclear industry, radioactive risk, imaginary, education, identity.

Outline

Text

Les premiers réacteurs nucléaires français de dimension industrielle sont construits dans le centre de Marcoule, créé par le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) en 1955. La radioprotection du personnel est assurée par le Service de Protection contre les Radiations (SPR), qui élabore un programme d’éducation en matière de risque radioactif. La mise en œuvre de ce programme bénéficie des talents artistiques de Jacques Castan, un dessinateur-projeteur du SPR, dont les créations ont saisi l’imaginaire des radioprotectionnistes.

Jacques Castan est né le 22 mars 1929 à Avignon. Il dessine dès sa jeunesse et commence sa carrière comme dessinateur projeteur dans un cabinet d’architecte. En 1949, il part à Paris et devient dessinateur dans un bureau d’études d’une entreprise du Bâtiment Travaux Publics. Il fonde une famille et entend parler, en 1957, de la campagne de recrutement menée par le centre de Marcoule, qui embauche massivement de nouveaux agents. L’une des offres propose un poste de dessinateur au SPR, accompagné d’un logement de fonction. Saisissant l’opportunité de se rapprocher de sa terre natale, Castan postule et il est embauché à Marcoule en septembre 1957. Il commence par travailler sur les projets de fosses à déchets de la zone nord de Marcoule. Jean Rodier, chef du SPR depuis novembre 1958, remarque ses qualités artistiques et lui propose en 1959 d’illustrer les consignes de sécurité du centre1.

Entre 1959 et 1968, Castan réalise quatre-vingt-sept affiches préventives2. Celles-ci invitent le travailleur à respecter les consignes de sécurité et à maintenir une vigilance constante dans les installations nucléaires. L’artiste recourt à des procédés humoristiques et des analogies frappantes, puisant son inspiration dans l’histoire des arts, la religion, le conte merveilleux, l’imaginaire médiéval, l’ésotérisme, la science-fiction, la culture pop ou le roman national. Il livre un monde peuplé de créatures fantastiques, de figures anthropomorphes et de personnages insolites. Dans le même esprit que les affiches, Castan illustre également plusieurs plaquettes sur les consignes de radioprotection, destinées au personnel de Marcoule. En 1960, il réalise pour le grand public la bande dessinée Sophie et Bruno au pays de l’atome3. L’œuvre, éditée en 1963 à 15 000 exemplaires, évoque la visite de Marcoule par deux enfants, Sophie et son frère Bruno, guidés par Timoléon, un professeur loufoque. En 1962, Castan exécute une peinture murale dans la cage d’escalier du bâtiment 40, où se situent les locaux du SPR. Divisée en trois parties, cette peinture représente les activités menées par les radioprotectionnistes de Marcoule. En 1966, Castan crée un jeu de l’oie sur la radioprotection. Pour illustrer les cases de ce jeu de société, le dessinateur reproduit les personnages de sa bande dessinée et des images tirées de ses affiches ou encore de ses plaquettes. Distribué au personnel du centre, le jeu de l’oie constitue un objet médiateur entre les travailleurs et leur famille.

L’histoire de Marcoule a déjà fait l’objet de plusieurs travaux de recherche. En 2005, Denis Mazzucchetti publie une monographie relatant les grandes étapes de l’évolution du centre et les défis, aussi bien techniques qu’industriels, relevés depuis sa fondation4. L’auteur évoque le SPR et met à l’honneur le travail de Castan, en reproduisant plusieurs de ses créations. La monographie de Mazzucchetti, éditée pour célébrer le cinquantième anniversaire de Marcoule, est très instructive, mais l’ouvrage de référence sur l’histoire de la nucléarisation de la France reste Le rayonnement de la France de Gabrielle Hecht5. L’historienne étudie les régimes technopolitiques à l’œuvre dans la conception et le déploiement du programme nucléaire français. Elle montre que les décisions prises par les acteurs de la filière doivent s’appréhender comme une lutte pour définir la francité dans le contexte de l’après-guerre. En croisant histoire politique et culturelle, elle décrypte ainsi le spectacle de la technique auquel renvoient le centre de Marcoule exploité par le CEA et la centrale nucléaire de Chinon opérée par EDF, symboles de la modernisation de la France.

Dans son enquête, Gabrielle Hecht porte un regard critique sur le programme éducatif du SPR. Pour elle, les radioprotectionnistes auraient recours à des méthodes infantilisantes car, « Dans l’esprit des agents du SPR, on ne pouvait pas faire confiance aux ouvriers quant au fait de prendre les questions de sécurité au sérieux »6. Nos travaux de recherche sur le SPR et les affiches de Castan nous conduisent cependant à proposer une autre interprétation7. D’une part, les créations de Castan s’inscrivent dans un contexte d’évolution des méthodes de prévention des risques, les campagnes de sécurité abandonnant en effet, au tournant des années cinquante, les images brutales pour recourir à d’autres types d’approche, comme l’humour8. D’autre part, l’artiste, loin de chercher à infantiliser les opérateurs, vise plutôt à les responsabiliser en faisant appel à leur capacité à interpréter finement les affiches, dont les éléments visuels font écho à leur pratique professionnelle9. L’interdépendance du texte et de l’image conduit le spectateur à circuler dans l’espace de l’affiche, dont les ressorts iconographiques renvoient aux imaginaires du SPR10. L’artiste se pose en intercesseur entre le mode d’action concret des travailleurs et les risques invisibles auxquels ils sont confrontés, révélant ainsi une connaissance profonde sur leur univers technicien11.

Les images de Castan témoignent de l’âge d’or du nucléaire et plongent le spectateur dans le monde saisissant de la « mystique de Marcoule »12. Parmi ses créations, la peinture murale se distingue par sa monumentalité et sa fonction décorative. Mais cette peinture pourrait-elle également présenter une visée éducative, à l’instar des autres réalisations de Castan ? L’hypothèse défendue dans cet article est double. Elle propose d’une part de considérer la peinture comme une partie intégrante du programme du SPR, et d’autre part de relier la fonction éducative de l’œuvre à sa fonction identitaire, au sens où les images de Castan contribuent à valoriser le métier de radioprotectionniste. Cette fonction identitaire semble d’autant plus opérer que l’artiste appartient lui-même au SPR. Le statut professionnel de Castan détermine en outre le principal intérêt historique de sa peinture murale. Le fait de réaliser une œuvre d’art dans une installation industrielle n’a en effet rien d’exceptionnel. En 1960, Robert Lesbounit exécute dans une salle de contrôle de la raffinerie de Donges une fresque en mosaïque relatant l’épopée du chevalier Antar. En 1991, Jean-Marie Pierret peint une fresque monumentale représentant le Verseau sur l’une des tours de refroidissement de la centrale nucléaire de Cruas. Mais Lesbounit et Pierret, pour ne citer que leur exemple, n’appartiennent pas au monde industriel qui sollicite leur talent artistique. Au contraire, Castan est un agent du service de radioprotection de Marcoule. Pour réaliser ses créations, il s’immerge dans l’activité du centre, échange quotidiennement avec ses collègues, observe le travail dans les installations, où il circule librement. Sur le terrain, il s’imprègne du discours des ingénieurs, capte les réalités techniques et tente de traduire le sens profond du métier de radioprotectionniste.

Cet article propose dès lors d’analyser les fonctions de la peinture murale de Castan, en lien avec l’imaginaire de la radioprotection saisi par l’artiste. En suivant Cornélius Castoriadis, « La société doit définir son identité, son articulation, le monde, ses rapports à lui et aux objets qu’il contient, ses besoins et désirs. Sans la réponse à ces questions, sans ces définitions, il n’y a pas de monde humain, pas de société et de culture, car tout resterait chaos indifférencié. Le rôle des significations imaginaires est de fournir une réponse à ces questions »13. Appliqué à notre objet d’étude, l’imaginaire du SPR renvoie à un ensemble de significations permettant aux radioprotectionnistes de définir leur identité et ce qui fait sens dans leur monde, où cohabitent des humains, des objets techniques et des particules radioactives. Mais pour saisir cet imaginaire, encore faut-il aller à la rencontre des œuvres, matérielles ou immatérielles, qu’il contribue à créer et à travers lesquelles il se manifeste. En cela, la peinture murale de Castan constitue une formidable opportunité de découvrir les significations imaginaires des radioprotectionnistes. Pour décrypter ces significations, nous proposons de recourir aux travaux de René Girard sur le sacré, en mesure selon nous d’éclairer le rapport qu’entretiennent les radioprotectionnistes avec le risque radioactif et la violence qu’il sous-tend14.

Pour conduire notre étude, nous avons utilisé comme support iconographique trois photographies de la peinture murale fournies par Laurent Blaszczyk, ancien responsable du service Communication de Marcoule, qui a organisé en 2005 dans ce centre nucléaire une rétrospective sur l’œuvre de Castan15. En suivant une approche historienne de l’image16, nous avons replacé la peinture murale dans son contexte de production, en commençant par examiner les archives du SPR conservées à Marcoule. L’étude des organigrammes nous a renseignés sur l’organisation du centre nucléaire et de son service de radioprotection. Les rapports mensuels et annuels d’activité du SPR nous ont apporté de précieuses informations sur l’évolution du service, les groupes qui le composent, la gestion des déchets radioactifs et l’édification du bâtiment abritant la peinture murale. Les procès-verbaux des réunions du Conseil de la Commission Hygiène et Sécurité nous ont fourni des précisions sur l’accueil des nouveaux travailleurs de Marcoule. Le Bulletin d’informations scientifiques et techniques (BIST) consacré au SPR nous a renseignés sur la doctrine, le programme éducatif et les activités des radioprotectionnistes. Sur le plan iconographique, nous avons examiné les différentes créations de Castan, afin de resituer sa peinture murale dans l’ensemble de son œuvre. Les articles publiés par Laurent Blaszczyk lors de la rétrospective Castan ont été très utiles pour approfondir nos connaissances sur son travail d’illustration. Celles-ci ont été complétées par un entretien avec Françoise et Anita Castan, respectivement la fille et l’épouse de l’artiste. Enfin, les échanges réguliers avec le personnel de Marcoule, et en particulier Frédérick Lamare, l’archiviste du centre, et Marc Lafhid, l’adjoint au chef du SPR, ont été fondamentaux pour enrichir notre connaissance du SPR et nourrir nos réflexions.

La première partie de cet article présente ainsi le contexte d’exécution de la peinture murale, qui correspond à la période de rationalisation de la radioprotection en milieu industriel. La deuxième partie interprète le contenu iconique et la symbolique de cette peinture, en lien avec son contexte de création. La troisième partie précise enfin les fonctions de l’œuvre, en les reliant à l’imaginaire de la radioprotection.

1. Le contexte de création de la peinture murale

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France, hantée par un sentiment de déclin, recherche, à travers la prouesse technique, le moyen de regagner son prestige17. Le programme nucléaire va dès lors incarner, dans les années suivantes, le rayonnement de la France, jusqu’à devenir le symbole de son identité. Le 18 octobre 1945, Charles de Gaulle fonde le CEA, chargé de développer les applications issues des sciences nucléaires. « ZOE », la première pile à eau lourde française, diverge le 15 décembre 1948. Le Plan Gaillard, approuvé par l’Assemblée nationale le 24 juillet 1952, finance la construction de nouvelles piles appartenant à deux technologies différentes, les unes à eau lourde, les autres à Uranium Naturel Graphite Gaz (UNGG)18. Le CEA choisit en décembre 1952 le site de Marcoule, situé dans le Gard, pour édifier son premier centre de dimension industrielle et accueillir les premières piles UNGG, à finalité plutonigène et électrogène19. L’ouverture de Marcoule confronte toutefois le CEA a des problèmes inédits en matière de sécurité. Il s’agit de protéger les travailleurs, majoritairement inexpérimentés, de quantités croissantes de matières radioactives. Cette mission, déterminante pour garantir l’avenir de la filière, est confiée au service de radioprotection du centre.

1.1. La rationalisation de la radioprotection

Le Groupe de Protection contre les Radiations (GPR) est créé à Marcoule en 1955. Il devient la Section de Protection contre les Radiations en 1957, puis le Service de Protection contre les Radiations (SPR) en 1959. Marcoule est alors organisé en trois ensembles : les ensembles industriels de production, les services administratifs et généraux et les services techniques auquel appartient le SPR, directement placés sous l’autorité du directeur du centre20. La radioprotection est donc confiée à un organisme indépendant des services d’exploitation, pour décharger les équipes d’une lourde tâche et éviter que l’impératif de production ne l’emporte sur la sécurité21.

S’il n’invente pas la radioprotection, le SPR se charge de la rationaliser et de l’industrialiser22. Il définit les zones de travail selon leur dangerosité (zone réglementée, non-réglementée et interdite), mesure la radioactivité dans les installations et distribue des équipements de protection et des détecteurs individuels au personnel. Il contrôle la radioactivité atmosphérique autour du centre, le rejet des effluents radioactifs dans le Rhône et la pollution radioactive de la faune et de la flore. Le SPR s’occupe également du conditionnement des déchets radioactifs solides, ainsi que de la décontamination du matériel et du linge. Dès 1956, le service est conscient du besoin de capitaliser son retour d’expérience et d’en produire une synthèse, finalisée en 1965 sous la forme d’un recueil intitulé Consignes générales de radioprotection23. Ce manuel, diffusé dans les centres du CEA, permet de standardiser les pratiques et de définir une culture commune pour sécuriser la filière nucléaire naissante.

Pour assurer la sécurité dans les ensembles industriels, la bonne conception des installations doit être doublée par une étroite collaboration entre l’humain et la technique24. Le SPR estime que la prévention psychologique, visant à éliminer les causes d’accidents liées au comportement humain, doit compléter la prévention technique du personnel. En même temps, le SPR souligne que le grand public manifeste une certaine curiosité, mêlée de crainte, concernant l’énergie nucléaire25. Pour le service, cette peur proviendrait d’abord du choc causé par la bombe atomique. Elle serait d’autre part entretenue par les experts, qui ont tendance à maintenir la population dans l’ignorance. La peur du nucléaire serait enfin amplifiée par des articles à sensation, qui insistent sur la nocivité des radiations sans évoquer les moyens de s’en protéger. Pour lutter contre cette peur, le SPR propose de réaliser un programme d’information générale destiné au grand public, afin de lui montrer que le risque radioactif est maîtrisé26. Le service organise ainsi des visites guidées de Marcoule, participe à des projets de films pédagogiques tels que Déchets en boîte (1965), ou à des expositions comme la Quinzaine Nucléaire de Montpellier, qui accueille entre le 24 mars et le 8 avril 1962 plus de 25 000 visiteurs27.

À l’échelle du personnel de Marcoule, le SPR conçoit un programme éducatif spécialisé. Pour les radioprotectionnistes, la plupart des nouveaux travailleurs n’évalue pas correctement le risque radioactif. Certains sont trop craintifs, d’autres prennent des risques inconsidérés. Les conférences, organisées par cycle, doivent dès lors démontrer aux premiers que la peur n’est pas un bon moyen de se protéger, et aux seconds l’importance des consignes à suivre. Elles expliquent les risques liés à la manipulation des radioéléments et la manière de s’en protéger. Les consignes sont illustrées par des diapositives et des films techniques. Un bureau d’accueil est également mis en place pour les nouveaux travailleurs28. Ces derniers reçoivent des plaquettes leur permettant de se familiariser avec les principes et les règlements de la radioprotection, ainsi que des explications sur l’utilisation des dosimètres, des tenues de protection et des masques respiratoires.

1.2. Une œuvre d’art dans le bâtiment de la radioprotection

Comme nous l'avons précisé, Castan est chargé d’illustrer ce programme d’éducation à partir de 1959. En suivant notre hypothèse, sa peinture murale s’inscrit, au même titre que ses autres créations, dans le programme du SPR. Avant d’examiner le contenu de la peinture et d’interpréter les images qui la composent, revenons sur la genèse de ce projet artistique.

Les bureaux des radioprotectionnistes sont d’abord installés au rez-de-chaussée de la pile G129. La construction d’un bâtiment s’impose toutefois rapidement pour accueillir le groupe, alors en pleine expansion30. Les travaux débutent en août 1956. L’emplacement du bâtiment est prévu à environ 70 mètres de la route de G131. En attendant la fin des travaux, les radioprotectionnistes s’installent dans l’ancienne ferme Pavier32. Le chantier est achevé en juillet 1958 et le SPR peut dès lors s’installer dans le bâtiment 40 de Marcoule33. En 1962, Rodier propose à Castan de réaliser une peinture sur les murs de la cage d’escalier du bâtiment. L’artiste s’empare du projet et exécute une œuvre monumentale qu’il divise en trois parties. La mauvaise qualité des enduits conduit toutefois à un désastre. Au bout de deux ou trois ans, les plâtres s’effritent. La peinture tombe en lambeaux et la décision est prise de la recouvrir avec un habillage de contre-plaqué.

En 2005, à l’occasion du cinquantième anniversaire de Marcoule, Laurent Blaszczyk, organise une rétrospective des créations de Castan. En appui de l’exposition, il rédige une série d’articles sur l’artiste. L’un d’eux est consacré à la peinture murale disparue34. En 2017, notre équipe de chercheurs prend connaissance de l’article de Laurent Blaszczyk sur la peinture de Castan. Intrigués par cette œuvre, nous décidons de contacter l’ancien responsable du service Communication de Marcoule. Ce dernier nous transmet trois photographies de la peinture prises peu avant la pose de l’habillage35. Nous communiquons ces images à Frédérick Lamare, qui les montre à son tour à Marc Lahfid. D’emblée, l’archiviste de Marcoule et l’adjoint au chef du SPR saisissent l’intérêt artistique et patrimonial de l’œuvre. Ils évoquent le sujet auprès de la direction du centre, qui décide d’étudier la possibilité de la restaurer. Le 12 mars 2018, Frédérick Lamare et Marc Lahfid procèdent, en présence d’une restauratrice, à un repérage dans le bâtiment 40. Ils constatent que la pose des panneaux a été soignée et que des trous d’aération réguliers ont été pratiqués sur le bord des tasseaux fixés aux murs. Les panneaux sont retirés en avril, pour constater, à la stupeur générale, que les peintures ont été intégralement grattées. Les photographies prises dans l’escalier constituent donc les derniers vestiges de l’œuvre de Castan, que la suite propose d’analyser.

2. Peindre les activités quotidiennes des radioprotectionnistes

Les trois parties de la peinture murale ont été exécutées dans un lieu propice à la contemplation, la cage d’escalier étant un lieu de passage emprunté au quotidien par les agents de Marcoule. La première partie a été peinte sur le mur ouest du rez-de-chaussée, la suivante sur le mur est du premier étage et la dernière sur le mur ouest du même étage. L’œuvre, organisée comme un parcours initiatique, mène le spectateur d’une installation à l’autre, pour aboutir à l’extérieur du centre, loin des espaces confinés et obscurs. Castan esthétise le travail des radioprotectionnistes. Les corps monumentaux dépeints par l’artiste se déploient sur des fonds aux couleurs mates, qu’il dépose en aplats réguliers. Les arcs dynamiques, ainsi que les références artistiques mobilisées par Castan, renvoient aux recherches des avant-gardes modernes de la première moitié du XXe siècle. Les effets chromatiques, conjugués au jeu des lignes et des formes, contribuent à créer un environnement animé d’une énergie commune pour célébrer tout à la fois la vie et la technique.

2.1. Recueillir et analyser les prélèvements

Au rez-de-chaussée, dans l’obscurité d’un laboratoire d’analyse, une technicienne prépare des échantillons pour évaluer les niveaux de radioactivité (cf. fig. 1). Au premier plan sont disposés un bécher, des éprouvettes, un ballon et un microscope. La femme, aux yeux rieurs, tient dans sa main un ballon dont la forme rappelle son ventre fécond. Son sein gauche, symbole de fertilité, a également été dessiné par Castan, qui associe d’emblée l’énergie nucléaire au thème de la vie. L’arrière-plan est composé de rectangles rouges, blancs et noirs de différentes dimensions, à la manière des représentations abstraites de Piet Mondrian – en particulier celles que l’artiste peint sur les murs de son atelier parisien dans les années vingt36.

Le parcours conduit ensuite le spectateur à l’extérieur du bâtiment 40. Au milieu d’un verger, un homme réalise des prélèvements sur un arbuste, dont les feuilles ont la forme de son œil. L’action renvoie à l’activité de surveillance du milieu naturel par le SPR, qui effectue des contrôles sur les végétaux (spontanés et cultivés), les sédiments du Rhône, la nappe phréatique, la faune et la production laitière37. La position du technicien attire le regard. Il est agenouillé, les mains levées, comme s’il était en adoration. À l’arrière-plan, la combinaison des formes géométriques suscite un effet de perspective. Les deux formes noires qui se juxtaposent, l’une verticale et l’autre horizontale, ressemblent à des murs délimitant l’espace du verger. Le jeu de contrastes neutralise toutefois cet effet de perspective, puisque les deux arbres du premier plan sont partiellement dissimulés par la forme horizontale de l’arrière-plan, alors qu’ils devraient logiquement se trouver devant cette forme. Castan semble figurer ici deux niveaux de réalité se superposant sur un même plan d’existence. Le regard du spectateur circulerait en cela dans un « entre-deux », représentation imaginaire du monde de Marcoule, peuplé de particules invisibles.

Un puits se détache de la forme noire située au centre de la peinture. Sa présence évoque les opérations de prélèvement effectuées par le SPR dans les nappes phréatiques. En même temps, le puits rappelle l’implantation rurale de Marcoule au milieu des vignes. Il symbolise la coexistence d’un monde ancien et d’un monde nouveau, inscrivant l’aventure atomique dans une histoire humaine et technique de longue durée.

Dans l’alignement du puits, de l’arbuste et de la tête du technicien, se dresse à l’arrière-plan la pile G1 et sa cheminée, tel un édifice religieux et son clocher. Cette analogie fait écho aux discours des journalistes, qui associent dans les années soixante les réacteurs de Marcoule à des cathédrales, dont la contemplation renverrait à une expérience transcendantale reliant la modernité à la tradition38. Au premier plan à droite, deux hommes remplissent des récipients avec de l’eau. Celle-ci provient du puits, comme l’indique la longue corde enroulée dans la main gantée. À gauche des personnages, apparaissent un bassin vide et deux bouteilles. La première partie de la peinture s’achève sur cet espace entièrement artificialisé, qui succède au paysage végétal précédent, comme pour figurer l’avènement d’un nouvel âge industriel.

2.2. Traquer la radioactivité 

Le parcours pictural se poursuit au premier étage de la cage d’escalier. Depuis une salle de contrôle, un homme assis désigne du doigt un écran en même temps qu’il prolonge l’espace vers les étages supérieurs (cf. fig. 2). Il tient dans sa main une règle à calcul et montre à un autre agent des données issues d’un tableau de contrôle des rayonnements, équipé d’un appareil enregistreur et de tiroirs électroniques. Le personnage interprète l’amplitude de la courbe, dont le pic indique une montée de contamination ou d’irradiation.

Au centre, une technicienne lit le numéro inscrit sur un film dosimètre39 et le reporte sur la liste nominative des agents. Les films dosimètres sont distribués au personnel de Marcoule à partir de 1955. Ils sont d’abord développés dans le centre de Saclay, avant que le SPR ne mette en service son propre laboratoire de dosimétrie en 195840. Le film situé dans la main de la technicienne ressemble toutefois à s’y méprendre à une carte à jouer. Cette analogie, en renvoyant à l’iconographie de la cartomancie, associe le film à un objet frontière entre le monde visible et invisible. À droite du personnage, deux autres techniciennes regardent des films au microscope pour quantifier les doses reçues par les travailleurs. Peintes seulement à partir de la taille, elles se fondent littéralement dans le décor. À l’arrière-plan, la répétition des formes géométriques suscite un effet de continuité avec la première partie de l’œuvre.

La suite donne à voir une zone d’entreposage de fûts de déchets radioactifs, surmontée par un crochet et un pont de levage. Un radioprotectionniste est peint de dos. Muni de sa babyline41, il observe l’amoncellement. Or, l’image suscite l’étonnement. L’agent a pour tâche de mesurer le niveau d’exposition des fûts avec sa babyline. Mais au lieu d’agir, le personnage regarde42. Comme nous l'a enseigné Daniel Arasse, qui apporte toute son attention aux détails insolites d’une œuvre pour en saisir le sens43, cherchons à comprendre pourquoi le radioprotectionniste adopte ici une attitude contemplative. Un indice se trouve dans Sophie et Bruno au pays de l’atome, la bande dessinée réalisée par Castan. Au cours de la visite de Marcoule, les enfants interrogent Timoléon sur l’empilement de fûts qu’ils aperçoivent depuis le bâtiment 40. L’éducateur précise que les déchets les plus radioactifs sont enfermés dans un tombeau en béton, tandis que les autres sont stockés et encombrent le centre. Comme solution, Sophie propose de jeter les fûts en mer. Timoléon répond que cette solution est étudiée et qu’elle est déjà adoptée à l’étranger. Castan fait référence à une polémique qui a marqué le SPR. Ce dernier étudie le problème de l’immersion des fûts de déchets à partir de mai 196044. Le procédé de conditionnement devient opérationnel dans les mois suivants et des essais sont effectués en Méditerranée. Le projet suscite toutefois une vive réaction dans l’opinion publique, conduisant le Gouvernement à le suspendre45. Cette décision est contestée par les experts du nucléaire. Selon Bertrand Goldschmidt46, la campagne de protestation contre l’immersion des fûts est fondée sur des considérations plus émotionnelles que scientifiques47. Pour Rodier, l’abandon du projet révèle les conséquences néfastes de l’ignorance du public en matière d’énergie nucléaire48. Dans les rangs du SPR, la décision du Gouvernement suscite amertume et frustration. Aussi, se pourrait-il que l’agent figuré par Castan puisse méditer cette affaire ? Regarderait-il avec dépit les fûts s’accumuler inutilement sur le site ? Selon cette interprétation, l’image renverrait à un sentiment d’échec invitant le SPR à maintenir ses efforts en matière d’éducation.

2.3. Célébrer la vie et la technique

Le spectateur quitte la zone d’entreposage pour se rendre dans une installation (cf. fig. 3). Dans la pénombre, un agent travaille en boîte à gants pour manipuler des radioéléments. Le confinement complet de la matière permet ici d’éviter tout risque d’exposition. La paroi protectrice peinte par Castan vient s’insérer dans les éléments du décor. L’artiste adopte un style privilégiant les courbes, qu’il prolonge dans la partie suivante, située à l’extérieur de Marcoule. La représentation rappelle la plénitude de La joie de vivre (1905-1906) ou de La danse (1909-1910) d’Henri Matisse. Castan cherche ici à renverser l’image morbide du nucléaire, liée aux bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, pour susciter à la place un sentiment de vitalité et d’apaisement. Ce sentiment renvoie à la vision de l’art entretenue par Matisse, qui rêvait d’un art de tranquillité, jouant le rôle de calmant cérébral pour tous les travailleurs49. En même temps, l’arrière-plan peint par Castan s’inspire des compositions abstraites de Robert et Sonia Delaunay. Le contraste des couleurs crée une vibration dans l’œil du spectateur, phénomène que les Delaunay associent à la représentation d’une société moderne en mouvement50. Castan partage avec le couple d’artistes la même fascination pour l’innovation technique. Les Delaunay, sollicités en 1936 par les architectes Mallet-Stevens et Aublet, décorent le Palais de l’air et le Palais du chemin de fer51. Robert Delaunay conçoit une série de peintures murales monumentales, qui regroupent en une même synthèse picturale couleurs et modernité. Toute proportion gardée, les créations de Castan et du couple Delaunay se rejoignent ainsi pour célébrer la technique et l’avènement d’un monde gouverné par le progrès industriel.

Pour Castan, cette célébration s’inscrit dans un rapport d’harmonie avec la nature, comme le souligne la dernière partie de la peinture murale. Sur les bords du Rhône, deux hommes en maillots de bain s’activent, profitant des dernières lueurs d’une journée estivale pour pêcher parmi les oiseaux. Les personnages font référence aux activités du groupe de surveillance extérieure du SPR, qui prélève des poissons dans le fleuve52. Travail et détente finissent ici par se confondre. L’artiste éloigne le spectateur du monde de l’industrie nucléaire pour le plonger dans une scène de loisir surprenante tant elle s’oppose à la mystique de Marcoule.

Tout à droite de la composition, se distingue une station météorologique. Construite en 195853, cette structure renvoie aux activités de surveillance atmosphérique du SPR54. Au-dessus de la station, qui apparaît telle une tour de guet sur les berges du Rhône, des oiseaux ont pris leur envol. Dessinés très simplement, leur forme renforce l’impression de carte postale et de vacances. La peinture s’achève sur ce paysage irradié de couleurs, renvoyant à la douceur de vivre méridionale.

3. Fonctions de la peinture murale et imaginaire de la radioprotection

La peinture de Castan vise d’abord à décorer la cage d’escalier du bâtiment 40. En cela, elle s’inscrit pleinement dans la conception architecturale de Marcoule, guidée par un esthétisme raffiné. Une grande attention a en effet été accordée à l’édification du premier centre industriel du CEA, qu’il s’agisse de la conception des bassins et des jardins, de la proportion et de la disposition des édifices, ou du choix des couleurs et du mobilier55. Marcoule a été imaginé et construit comme un site à la gloire d’une filière naissante, offrant à ses pionniers le spectacle d’une ingénierie triomphante. Pourtant, si la peinture ne peut se penser indépendamment du programme d’aménagement du centre, sa visée décorative ne constitue pas sa seule fonction. Au-delà de sa beauté formelle, l’œuvre s’inscrit dans le programme éducatif du SPR et participe, sur le plan visuel, à la définition de l’identité du métier de radioprotectionniste.

3.1. éduquer les travailleurs et définir l’identité professionnelle des radioprotectionnistes

La peinture présente une fonction éducative, qui agit à deux niveaux. D’une part, l’œuvre contribue à la formation des recrues du SPR, en expliquant de manière simple et directe en quoi consiste la radioprotection. Cette fonction s’étend également aux autres travailleurs de Marcoule. Le bureau de retrait des masques étant situé au premier étage du bâtiment 40, tous les travailleurs du centre – les employés du CEA comme ceux des entreprises extérieures – sont en effet amenés à emprunter l’escalier et à contempler l’œuvre de Castan. D’autre part, la peinture murale apaise le spectateur en lui montrant l’efficacité des moyens de protection contre les radiations. Elle rassure le nouvel agent, et de manière hypothétique sa famille et les riverains de Marcoule lors de journées portes-ouvertes56. Par sa sérénité, la peinture fait du nucléaire une industrie socialement désirable. Les images donnent à voir le bilan positif des actions de prévention menées par le SPR. Les résultats du service, valorisés dans ses rapports publics, tendent à montrer que le travail dans l’industrie nucléaire n’est pas plus dangereux qu’ailleurs, et que les conditions de sécurité sont réunies pour développer la filière à grande échelle.

En même temps qu’elle éduque, la peinture donne de la visibilité à un métier qui consiste à prévenir le risque radioactif. En un coup d’œil, elle montre les activités des radioprotectionnistes. Elle représente les laboratoires et les agents qui réalisent les prélèvements, préparent les échantillons, développent les films dosimètres, contrôlent les taux de radioactivité, manipulent les radioéléments. Elle valorise, sublime le travail effectué par le SPR, dont la mission est de sécuriser un secteur industriel en plein essor. La corrélation entre les fonctions identitaire et éducative de la peinture s’impose davantage dans l’hypothèse de visites publiques du bâtiment 40. La possibilité de montrer l’œuvre à des personnes extérieures participerait ainsi à la valorisation du travail des radioprotectionnistes, en contribuant à la médiatisation d’un métier mal connu du public et au renforcement d’une identité professionnelle en train de s’élaborer.

3.2. L’imaginaire de la radioprotection

En montrant les activités du SPR, la peinture murale figure en creux la présence invisible du risque radioactif. Dans les créations de Castan, la radioactivité est tantôt répulsive, tantôt attractive, et sa menace doit être contenue sans jamais parvenir à l’éradiquer. Cette ambiguïté renvoie à la définition du sacré de René Girard, à savoir « tout ce qui maîtrise l’homme d’autant plus sûrement que l’homme se croit plus capable de le maîtriser »57. En cela, il ne faut pas trop se rapprocher du sacré car il déchaîne la violence ; il ne faut pas non plus trop s’en éloigner, car il est au fondement des institutions qui protègent de la violence58. L’action du SPR s’appréhende ainsi comme une lutte, évoquée en termes cynégétiques par Maurice Gervais de Rouville, le directeur de Marcoule : « Le risque existe partout dans cette chasse où la présence du gibier perfidement subtil n’est perceptible aux sens du chasseur que par le truchement de son “chien d’arrêt” électronique »59. La conception de moyens de protection implique dès lors pour le SPR de concevoir un ensemble de représentations de son action sur des particules terrifiantes, l’enjeu pour le collectif étant de parvenir à croire en sa propre puissance et en l’efficacité des objets techniques, intermédiaires dans les relations violentes avec la radioactivité.

En observateur avisé, Castan a saisi cet enjeu et l’a traduit à travers des détails qu’il a subtilement intégrés dans sa peinture. Tel un shaman, le technicien agenouillé devant l’arbuste se présente dans la première partie de l’œuvre comme un médiateur entre les esprits invisibles, maîtres de la nature, et le monde rationnalisé des radioprotectionnistes. En matière d’objet technique, l’analogie entre film dosimètre et carte à jouer conduit dans la deuxième partie de la peinture à associer la dosimétrie à un art divinatoire. Compte tenu, à cette époque, du manque de recul sur la performance des films, l’injonction du SPR à leur faire confiance réclame en effet une dose de croyance. La peinture murale de Castan témoigne en cela de l’importance, pour les agents du SPR, de croire et de faire croire en l’efficacité de leur action face à un risque invisible et encore largement méconnu. Cette croyance, que l’artiste a su capter et incorporer dans son œuvre, constitue une signification imaginaire essentielle pour les radioprotectionnistes, car c’est sur elle que repose tout l’édifice de la radioprotection.

Conclusion

La peinture de Castan peut paraître bien modeste comparée à des créations telles que la fresque du Verseau exécutée par Jean-Marie Pierret. Œuvre gigantesque exposée à la vue de tous, le Verseau est devenu un marqueur incontournable du paysage ardéchois. La portée de la peinture de Castan, du fait de sa visibilité réduite, est tout autre. Pour autant, elle présente un intérêt historique indéniable. Par son emplacement et sa configuration, l’œuvre de Castan fait entrer le spectateur dans l’intimité du SPR, l’invitant à découvrir les activités effectuées au quotidien par les agents du service. En reliant modernité et tradition, elle exprime l’effervescence d’une époque pionnière, marquée par l’émergence d’un nouveau secteur industriel. S’inspirant de Mondrian, de Matisse et des Delaunay, Castan compose une œuvre spectaculaire, qui exalte la prouesse technique et l’art de vivre méridional, pour lesquelles l’artiste témoignait une passion commune. En plus d’embellir les murs du bâtiment du SPR, la peinture présente également deux fonctions supplémentaires, l’une éducative et l’autre identitaire, qui sont indissociables l’une de l’autre. La composition de Castan contribue à la formation des travailleurs en matière de protection contre les radiations, en leur montrant « comment l’homme, qui a su libérer des forces nouvelles, sait aussi s’en protéger efficacement »60. En cela, sa peinture, sur fond d’imaginaire de maîtrise, apaise les craintes suscitées par la radioactivité. L’œuvre, en montrant que la protection de l’homme et de l’environnement est assurée, contribue aussi à la définition et à la valorisation du métier de radioprotectionniste. En inscrivant la technè des agents du SPR et en traduisant les significations imaginaires qui les animent, elle apporte une identité visuelle à une profession qui s’institutionnalise à l’aube de l’industrie nucléaire. Loin d’être purement illustrative, la peinture murale participe en conséquence pleinement de l’effort de rationalisation de la radioprotection mené par le SPR.

Hormis son apport à l’histoire culturelle du nucléaire, la peinture murale de Castan, ainsi que l’ensemble de ses créations sur la radioprotection, présentent également un intérêt en matière de médiation culturelle des sciences et des techniques. Les créations de Castan sont conservées par la cellule archives du CEA Marcoule, qui se charge de valoriser l’œuvre de l’artiste auprès du public. Deux expositions d’affiches ont déjà été organisées en dehors des murs de Marcoule, la première à Blois en 201861, et la seconde à Rennes en 202262. La médiation culturelle de l’œuvre de Castan peut ainsi conduire le public à s’interroger sur la manière dont les images de l’industrie nucléaire peuvent participer à l’élaboration d’une culture ordinaire des sciences et des techniques en société. Michel Letté définit cette culture comme « l’ensemble des médiations informelles par lesquelles les liens entre sciences, techniques et société se donnent à voir au travers des représentations populaires, du quotidien et du vécu »63. Mais il est également possible d’inverser la question, en invitant cette fois le public à évaluer la contribution de la culture ordinaire à la création des images du nucléaire. Il serait dans ce cas pertinent d’examiner comment Castan mobilise la culture ordinaire des années soixante pour illustrer les consignes préventives du SPR, représenter les activités du service, les installations industrielles et les objets techniques, et traduire l’imaginaire des radioprotectionnistes.

Figure 1 : peinture de l’escalier principal du bâtiment 40 (CEA Marcoule), rez-de-chaussée, mur ouest. © CEA / J. CASTAN.

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Figure 2 : peinture de l’escalier principal du bâtiment 40 (CEA Marcoule), premier étage, mur est. © CEA / J. CASTAN.

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Figure 3 : peinture de l’escalier principal du bâtiment 40 (CEA Marcoule), premier étage, mur ouest. © CEA / J. CASTAN.

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1 En 1968, Castan cesse de dessiner pour le SPR et devient animateur dans le service Formation de Marcoule. En 1971, il supervise la mise en place du

2 Ces affiches sont d’abord exposées dans le centre de Marcoule, avant d’être diffusées dans les autres centre du CEA.

3 Jacques Castan, Sophie et Bruno au pays de l’atome, Paris, Fleurus, 1963, 40 p.

4 Denis Mazzucchetti, De divergences en convergences : les cinquante premières années de Marcoule, 1955-2005, Paris, Romain Pages Éditeur, CEA, COGEMA

5 Gabrielle Hecht, Le rayonnement de la France. Énergie nucléaire et identité nationale après la Seconde Guerre mondiale, Paris, Éditions de La

6 Gabrielle Hecht, Le rayonnement de la France. op. cit., p. 196.

7 Ces travaux s’inscrivent dans le cadre d’un programme de recherche, mené depuis 2014 par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs de Mines Paris

8 Nadia Blétry, « Ceci n’est pas un risque. Les affiches de prévention des risques professionnels et sanitaires en France au XXe siècle », in

9 Aurélien Portelli, Frédérick Lamare, Sébastien Travadel, Franck Guarnieri, « Educating nuclear workers through images: the work of Jacques Castan

10 Sébastien Travadel, Claire Parizel, Aurélien Portelli et Franck Guarnieri, « Doctrine de la radioprotection à l’aube de l’industrie nucléaire :

11 Sébastien Travadel, Aurélien Portelli, Claire Parizel, Franck Guarnieri, « Les figures de l’infime. La radioprotection en images », in Techniques &

12 Maurice Gervais de Rouville, « Le centre de production de plutonium de Marcoule », in Énergie Nucléaire, n° 4, vol. 5, 1964.

13 Cornélius Castoriadis, L’institution imaginaire de la société, Paris, Le Seuil, 1975, 497 p., p. 205.

14 René Girard, La violence et le sacré, Paris, Arthème Fayard/Pluriel, 2010, 486 p., p. 51.

15 Le recours à ces photographies est explicité dans la première partie de cette étude.

16 Annie Duprat, Images et Histoire. Outils et méthodes d’analyse des documents iconographiques, Paris, Éditions Belin, 2007, 223 p.

17 Gabrielle Hecht, Le rayonnement de la France, op. cit.

18 Boris Dänzer-Kantof, Félix Torres, L’énergie de la France. De Zoé à l’EPR, l’histoire du programme nucléaire, Paris, François Bourin, 2013, 703 p.

19 Denis Mazzucchetti, De divergences en convergences, op. cit.

20 Minute du chef de centre, « Organisation intérieure du Centre de Production de Plutonium de Marcoule - Nouvel organigramme », 15 mars 1957. VRH

21 Jean Rodier, J.-P. Chassany, H. Peyresblanques, R. Estournel, R. Court, « Expérience en matière de radioprotection tirée de 8 ans de fonctionnement

22 Le premier Service de Protection contre les Radiations (SPR) du CEA est créé en novembre 1951 à Fontenay-aux-Roses. Il assure la protection du

23 Frédérick Lamare, Franck Guarnieri, Aurélien Portelli, « Normaliser la protection des travailleurs du nucléaire dans les années soixante », in

24 Jean Rodier, « Éléments de sécurité tirés de six années d’exploitation de l’usine de traitement de combustibles irradiés du Centre de Marcoule »

25 Jean Rodier, Jacques Castan, Claude Guerin, « Information et éducation en matière de radioprotection », in Bulletin d’informations scientifiques et

26 L’enjeu est d’autant plus important que les travailleurs de la filière sont eux-mêmes recrutés parmi le grand public.

27 « La Quinzaine des sciences nucléaires de Montpellier », in Bulletin d’informations scientifiques et techniques, n° 60, avril 1962, 118 p., p. I.

28 Procès-verbal de la réunion de la Commission Hygiène et Sécurité du 19 mai 1964. VRH 2011-10-3178.

29 G1 diverge à Marcoule le 7 janvier 1956. La pile, refroidie à l’air à la pression atmosphérique, possède une puissance thermique de 46 mégawatts.

30 Rapport d’activité du GPR, 7 février 1957. VRH 2009-043-154.

31 Rapport d’activité du GPR, 20 août 1956. VRH 2009-043-147.

32 Rapport d’activité du GPR, 29 juin 1957. VRH 2009-043-157-9.

33 Rapport d’activité de la Section des Travaux Immobiliers, juillet 1958. VRH 2009-043-171.

34 Laurent Blaszczyk, « Rétrospective Jacques Castan : Les fresques du SPR », in Arevacom, 2005, 1 p.

35 La date exacte à laquelle les photographies ont été prises reste inconnue.

36 Susanne Deicher, Mondrian. Construction sur le vide, Cologne, Taschen, 2005, 95 p.

37 N. Marichal, « Le contrôle de la pollution radioactive du milieu », in Bulletin d’informations scientifiques et techniques, CEA Marcoule, 1962, 162

38 Gabrielle Hecht, Le rayonnement de la France, op. cit.

39 Dosimètre passif recouvert d’émulsions sensibles aux particules radioactives. Une fois développé, la mesure du noircissement indique les doses d’

40 René Tabardel, « Activité du laboratoire de dosimétrie », in Bulletin d’informations scientifiques et techniques, CEA Marcoule, 1962, 162 p., p. 29

41 La babyline est un appareil portatif permettant de mesurer le niveau d’irradiation.

42 L’agent situé dans la partie gauche de la peinture observe le moniteur, les bras dans le dos. Comme le radioprotectionniste muni de sa babyline, il

43 Daniel Arasse, On n’y voit rien. Descriptions, Paris, Denoël, 2005, 167 p.

44 Rapport d’activité du SPR, 31 mai 1960. VRH 2009-043-192.

45 Jean-Pierre Queneudec, « Le rejet à la mer des déchets radioactifs », in Annuaire français de droit international, vol. 11, n° 11, 1965, p. 750-782

46 Chimiste de renommée internationale, il a participé au projet Manhattan et à la création du CEA.

47 Bertrand Goldschmidt, L’aventure atomique, Paris, Fayard, 1962, 290 p.

48 Jean Rodier, SPR : Rapport annuel d’activité, CEA Marcoule, 1960, 161 p. VRH 2009-043-282.

49 Gilles Néret, Henri Matisse, Cologne, Taschen, 2001, 256 p.

50 Hajo Düchting, Delaunay. Le triomphe de la couleur, Cologne, Taschen, 1994, 96 p.

51 Pavillons de l’Exposition internationale des Arts et des Techniques organisée à Paris en 1937.

52 Rapport d’activité du SPR, 30 novembre 1960. VRH 2009-043-198.

53 Rapport d’activité du STI, août-septembre 1958. VRH 2009-043-172.

54 R. Estournel et F. Gallissian, « Contrôle de la radioactivité atmosphérique autour du Centre de Marcoule », in Bulletin d’informations

55 Denis Mazzucchetti, De divergences en convergences, op. cit.

56 Les archives de Marcoule mentionnent l’organisation, dans les années soixante, de visites destinées au public. En revanche, les sources ne

57 René Girard, La violence et le sacré, op. cit., p. 51.

58 Jean-Pierre Dupuy, La marque du sacré, Paris, Flammarion, Collection Champs essais, 2010, 280 p.

59 Maurice Gervais de Rouville, « Éditorial », in Bulletin d’informations scientifiques et techniques, CEA Marcoule, 1962, 162 p., p. 1-4. VRH

60 Jean Rodier, Jacques Castan, Claude Guerin, « Information et éducation en matière de radioprotection », op. cit.

61 « Prévenir les risques nucléaires : la puissance de l’affiche », 21e Rendez-vous de l’histoire, Espace Quinière de Blois, 8-12 octobre 2018 (

62 « Quelques-uns riaient, d’autres pleuraient, la plupart restaient silencieux », Galerie Art & Essai, campus Villejean de l’université de Rennes 2,

63 Michel Letté, « La culture ordinaire, une heuristique des STS pour former à la médiation culturelle des sciences et techniques en société », Tréma

Notes

1 En 1968, Castan cesse de dessiner pour le SPR et devient animateur dans le service Formation de Marcoule. En 1971, il supervise la mise en place du système informatique du centre et prend la direction du service Formation en 1974. Il prend sa retraite en 1991 et meurt en 2014.

2 Ces affiches sont d’abord exposées dans le centre de Marcoule, avant d’être diffusées dans les autres centre du CEA.

3 Jacques Castan, Sophie et Bruno au pays de l’atome, Paris, Fleurus, 1963, 40 p.

4 Denis Mazzucchetti, De divergences en convergences : les cinquante premières années de Marcoule, 1955-2005, Paris, Romain Pages Éditeur, CEA, COGEMA, 2005, 175 p.

5 Gabrielle Hecht, Le rayonnement de la France. Énergie nucléaire et identité nationale après la Seconde Guerre mondiale, Paris, Éditions de La Découverte, 2004, 385 p. Le livre a d’abord été publié en anglais en 1998 aux MIT Press sous le titre The Radiance of France. Nuclear Power and National Identity after World War II.

6 Gabrielle Hecht, Le rayonnement de la France. op. cit., p. 196.

7 Ces travaux s’inscrivent dans le cadre d’un programme de recherche, mené depuis 2014 par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs de Mines Paris - PSL, sur l’histoire de la radioprotection et des représentations du risque radioactif.

8 Nadia Blétry, « Ceci n’est pas un risque. Les affiches de prévention des risques professionnels et sanitaires en France au XXe siècle », in Catherine Omnès, Laure Pitti, Cultures du risque au travail et pratiques de prévention. La France au regard des pays voisins, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009, p. 155‑72.

9 Aurélien Portelli, Frédérick Lamare, Sébastien Travadel, Franck Guarnieri, « Educating nuclear workers through images: the work of Jacques Castan, illustrator of radiation protection in the 1960’s », in Reiman Teemu, Le Coze Jean-Christophe (dir.). Visualising Safety, an exploration. Drawings, pictures, images, videos and movies, Springer [à paraître].

10 Sébastien Travadel, Claire Parizel, Aurélien Portelli et Franck Guarnieri, « Doctrine de la radioprotection à l’aube de l’industrie nucléaire : récit en images », in Cahiers de Narratologie [En ligne], n° 32, 2017, DOI : https://doi.org/10.4000/narratologie.7772

11 Sébastien Travadel, Aurélien Portelli, Claire Parizel, Franck Guarnieri, « Les figures de l’infime. La radioprotection en images », in Techniques & Culture, n° 68, 2017, p. 110-129.

12 Maurice Gervais de Rouville, « Le centre de production de plutonium de Marcoule », in Énergie Nucléaire, n° 4, vol. 5, 1964.

13 Cornélius Castoriadis, L’institution imaginaire de la société, Paris, Le Seuil, 1975, 497 p., p. 205.

14 René Girard, La violence et le sacré, Paris, Arthème Fayard/Pluriel, 2010, 486 p., p. 51.

15 Le recours à ces photographies est explicité dans la première partie de cette étude.

16 Annie Duprat, Images et Histoire. Outils et méthodes d’analyse des documents iconographiques, Paris, Éditions Belin, 2007, 223 p.

17 Gabrielle Hecht, Le rayonnement de la France, op. cit.

18 Boris Dänzer-Kantof, Félix Torres, L’énergie de la France. De Zoé à l’EPR, l’histoire du programme nucléaire, Paris, François Bourin, 2013, 703 p.

19 Denis Mazzucchetti, De divergences en convergences, op. cit.

20 Minute du chef de centre, « Organisation intérieure du Centre de Production de Plutonium de Marcoule - Nouvel organigramme », 15 mars 1957. VRH 2009-43.

21 Jean Rodier, J.-P. Chassany, H. Peyresblanques, R. Estournel, R. Court, « Expérience en matière de radioprotection tirée de 8 ans de fonctionnement d’un centre de production du plutonium », in Proceedings of the First International Congress of Radiation Protection, Amsterdam, Elsevier, 1968, p. 975-983.

22 Le premier Service de Protection contre les Radiations (SPR) du CEA est créé en novembre 1951 à Fontenay-aux-Roses. Il assure la protection du personnel des mines d’uranium, des piles, des accélérateurs, des ateliers, des laboratoires de chimie et de métallurgie. Ce SPR publie en janvier 1953 un Règlement général sur la Protection contre les Radiations. Il pose les bases d’un zonage des installations du CEA, impose l’utilisation de tenues de protection en zone contaminée et demande de respecter les limites d’exposition annuelle. En 1956, le SPR est divisé en deux services : le Service d’Hygiène Atomique et de Radiopathologie (SHARP), et le Service de Contrôle des Radiations et de Génie Radioactif (SCRGR), dont le chef définit les fondements théoriques de la radioprotection au CEA (cf. Francis Duhamel, « Les problèmes de radioprotection et leur enveloppe », in Bulletin d’Informations Scientifiques et Techniques, n° 39, avril 1960, p. 2-10).

23 Frédérick Lamare, Franck Guarnieri, Aurélien Portelli, « Normaliser la protection des travailleurs du nucléaire dans les années soixante », in Revue Générale Nucléaire, n° 4, juillet-août 2018, p. 58-59.

24 Jean Rodier, « Éléments de sécurité tirés de six années d’exploitation de l’usine de traitement de combustibles irradiés du Centre de Marcoule », Rapport du Commissariat à l’Énergie Atomique, décembre 1964, 10 p.

25 Jean Rodier, Jacques Castan, Claude Guerin, « Information et éducation en matière de radioprotection », in Bulletin d’informations scientifiques et techniques, CEA Marcoule, 1962, 162 p., p. 120-129. VRH 2009-043-282.

26 L’enjeu est d’autant plus important que les travailleurs de la filière sont eux-mêmes recrutés parmi le grand public.

27 « La Quinzaine des sciences nucléaires de Montpellier », in Bulletin d’informations scientifiques et techniques, n° 60, avril 1962, 118 p., p. I.

28 Procès-verbal de la réunion de la Commission Hygiène et Sécurité du 19 mai 1964. VRH 2011-10-3178.

29 G1 diverge à Marcoule le 7 janvier 1956. La pile, refroidie à l’air à la pression atmosphérique, possède une puissance thermique de 46 mégawatts. Le 28 septembre 1956, le réacteur commence à produire de l’électricité. Il est exploité jusqu’en 1968.

30 Rapport d’activité du GPR, 7 février 1957. VRH 2009-043-154.

31 Rapport d’activité du GPR, 20 août 1956. VRH 2009-043-147.

32 Rapport d’activité du GPR, 29 juin 1957. VRH 2009-043-157-9.

33 Rapport d’activité de la Section des Travaux Immobiliers, juillet 1958. VRH 2009-043-171.

34 Laurent Blaszczyk, « Rétrospective Jacques Castan : Les fresques du SPR », in Arevacom, 2005, 1 p.

35 La date exacte à laquelle les photographies ont été prises reste inconnue.

36 Susanne Deicher, Mondrian. Construction sur le vide, Cologne, Taschen, 2005, 95 p.

37 N. Marichal, « Le contrôle de la pollution radioactive du milieu », in Bulletin d’informations scientifiques et techniques, CEA Marcoule, 1962, 162 p., p. 84-95. VRH 2009-043-282.

38 Gabrielle Hecht, Le rayonnement de la France, op. cit.

39 Dosimètre passif recouvert d’émulsions sensibles aux particules radioactives. Une fois développé, la mesure du noircissement indique les doses d’irradiation reçues par l’agent. Au plan individuel, le film dosimètre est indispensable car il détermine les rythmes de travail et les contraintes opérationnelles pour limiter l’irradiation des agents.

40 René Tabardel, « Activité du laboratoire de dosimétrie », in Bulletin d’informations scientifiques et techniques, CEA Marcoule, 1962, 162 p., p. 29-37. VRH 2009-043-282.

41 La babyline est un appareil portatif permettant de mesurer le niveau d’irradiation.

42 L’agent situé dans la partie gauche de la peinture observe le moniteur, les bras dans le dos. Comme le radioprotectionniste muni de sa babyline, il regarde. Mais le rôle que Castan attribue à l’agent se résume à l’observation de l’écran. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que le personnage soit seulement représenté en train de contempler, et non d’agir.

43 Daniel Arasse, On n’y voit rien. Descriptions, Paris, Denoël, 2005, 167 p.

44 Rapport d’activité du SPR, 31 mai 1960. VRH 2009-043-192.

45 Jean-Pierre Queneudec, « Le rejet à la mer des déchets radioactifs », in Annuaire français de droit international, vol. 11, n° 11, 1965, p. 750-782.

46 Chimiste de renommée internationale, il a participé au projet Manhattan et à la création du CEA.

47 Bertrand Goldschmidt, L’aventure atomique, Paris, Fayard, 1962, 290 p.

48 Jean Rodier, SPR : Rapport annuel d’activité, CEA Marcoule, 1960, 161 p. VRH 2009-043-282.

49 Gilles Néret, Henri Matisse, Cologne, Taschen, 2001, 256 p.

50 Hajo Düchting, Delaunay. Le triomphe de la couleur, Cologne, Taschen, 1994, 96 p.

51 Pavillons de l’Exposition internationale des Arts et des Techniques organisée à Paris en 1937.

52 Rapport d’activité du SPR, 30 novembre 1960. VRH 2009-043-198.

53 Rapport d’activité du STI, août-septembre 1958. VRH 2009-043-172.

54 R. Estournel et F. Gallissian, « Contrôle de la radioactivité atmosphérique autour du Centre de Marcoule », in Bulletin d’informations scientifiques et techniques, CEA Marcoule, 1962, 162 p., p. 58-71. VRH 2009-043-282.

55 Denis Mazzucchetti, De divergences en convergences, op. cit.

56 Les archives de Marcoule mentionnent l’organisation, dans les années soixante, de visites destinées au public. En revanche, les sources ne précisent pas si ces visites incluent le bâtiment du SPR. Nous faisons toutefois cette hypothèse, comme le suggère la bande dessinée de Castan, dans laquelle Sophie et Bruno sont amenés à visiter le bâtiment 40.

57 René Girard, La violence et le sacré, op. cit., p. 51.

58 Jean-Pierre Dupuy, La marque du sacré, Paris, Flammarion, Collection Champs essais, 2010, 280 p.

59 Maurice Gervais de Rouville, « Éditorial », in Bulletin d’informations scientifiques et techniques, CEA Marcoule, 1962, 162 p., p. 1-4. VRH 2009-043-282.

60 Jean Rodier, Jacques Castan, Claude Guerin, « Information et éducation en matière de radioprotection », op. cit.

61 « Prévenir les risques nucléaires : la puissance de l’affiche », 21e Rendez-vous de l’histoire, Espace Quinière de Blois, 8-12 octobre 2018 (commissaires de l’exposition : Frédérick Lamare et Aurélien Portelli).

62 « Quelques-uns riaient, d’autres pleuraient, la plupart restaient silencieux », Galerie Art & Essai, campus Villejean de l’université de Rennes 2, 7 octobre-16 décembre 2022 (commissaire de l’exposition : Bruno Elisabeth).

63 Michel Letté, « La culture ordinaire, une heuristique des STS pour former à la médiation culturelle des sciences et techniques en société », Tréma, n° 48, 2018, 22 p. p. 3.

Illustrations

References

Electronic reference

Aurélien Portelli, «  Les murs peints de Marcoule  », Revue d’histoire culturelle [Online],  | 2022, Online since , connection on 12 octobre 2024. URL : http://revues.mshparisnord.fr/rhc/index.php?id=3217

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Aurélien Portelli

Aurélien Portelli est enseignant-chercheur au Centre de recherche sur les Risques et les Crises (CRC) de Mines Paris - PSL. Ses travaux de recherche portent sur les représentations des risques et des crises dans l’industrie. Il étudie en particulier l’imaginaire de la radioprotection et des situations extrêmes en contexte industriel. aurelien.portelli@minesparis.psl.eu

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