Benjamin et Baudelaire https://revues.mshparisnord.fr:443/filigrane/index.php?id=139 C’est moins dans l’ordre de la représentation que dans la facture même du vers -en l’occurrence dans ses failles- que se marque aux yeux de Benjamin le geste baudelairien, confronté à un phénomène qui n’a pas fini de délivrer ses effets historiques : « l’entrée de l’humanité dans les grandes villes » (formule de Brecht qui voyait là également la source de son théâtre). On sait que sous l’emprise de la rue, dans le chaos de la modernité, Baudelaire perd son auréole, en termes benjaminiens son aura. D’où aussi la comparaison de son écriture avec une « fantasque escrime », réponse héroïque aux chocs en tous genres qui menacent de faire trébucher le poète et l’oblige à improviser de prompts rétablissements. Baudelaire apparaît alors comme un de ces héros de la modernité tirant de l’aliénation menaçante une nouvelle productivité. Benjamin en esquisse la portée et en suggère les limites. In Benjamin’s eyes it is less the representation of a verse than its construction (or in this case, its faults) that marks the Baudelairian gesture, compared with a phenomenon that is still making felt its historical effects: “the entry of humanity into metropolitan areas,” to quote Brecht, who saw in cities the roots of his theater. We know that in the milieu of the streets, in the chaos of modernity Baudelaire lost his aureole or, as Benjamin would say, his aura. Hence the comparison of his writing with ‘fantastic swordplay,’ a heroic reaction to the multiple shocks that threatened to bring the poet to his knees and obliged him to improvise quick recoveries. Baudelaire appears as one of those heroes of modernity who manages to wrest new productivity from impending alienation. Benjamin explores the significance of Baudelaire’s actions and suggests their limits. Numéros de la revue La société dans l’écriture musicale fr ven., 27 mai 2011 09:28:57 +0200 ven., 27 mai 2011 09:28:57 +0200 https://revues.mshparisnord.fr:443/filigrane/index.php?id=139 0